14 février 2024 - 07:00
Hausse du compte de taxes à Belœil
La moitié des conseillers se dissocient de la stratégie de communication
Par: Olivier Dénommée
Louise Allie. Photothèque L'Œil Régional

Louise Allie. Photothèque L'Œil Régional

Renée Trudel. Photothèque L'Œil Régional

Renée Trudel. Photothèque L'Œil Régional

Vincent Chabot. Photothèque L'Œil Régional

Vincent Chabot. Photothèque L'Œil Régional

Martin Robert. Photothèque L'Œil Régional

Martin Robert. Photothèque L'Œil Régional

La hausse du compte de taxes résidentielles pour les citoyens de Belœil en 2024 continue de faire des remous, cette fois à l’intérieur même du conseil municipal. Quatre conseillers, issus des formations minoritaires Belœil gagnant et Belœil, c’est nous!, ont fait savoir qu’ils se dissocient complètement de la stratégie de communication de la Ville voulant que la hausse n’est que de 4,8 % en 2024, alors qu’avec l’ajout de deux nouvelles taxes spéciales, elle est plutôt de 10,68 %.
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Rencontrés pour leur permettre de préciser leur position, les quatre élus, Louise Allie et Renée Trudel de Belœil gagnant, de même que Vincent Chabot et Martin Robert de Belœil, c’est nous!, ont confirmé avoir voté en faveur du budget de 54,2 M$ et de la hausse des taxes foncières, qu’ils considéraient nécessaire après le gel théorique du compte de taxes résidentielles en 2023. « Le 0 % de 2023 était une promesse électorale que le parti de la mairesse [Nadine Viau] a tenue, mais ce n’est pas une chose à faire quand on pense à long terme », critique Louise Allie, qui avait d’ailleurs voté contre le précédent budget avec ses trois collègues. Ce choix budgétaire en 2023 a selon eux « creusé un fossé » et a donc rendu le bond de 2024 inévitable. « Mais si on fait la moyenne entre l’année passée et cette année, ce n’est pas si pire comme hausse », relativise Martin Robert. Tous se disent donc à l’aise avec la hausse, malgré la grogne qu’elle a occasionnée, et ils ne regrettent pas d’avoir voté en faveur du dernier budget.

Ils n’ont toutefois pas apprécié les lignes de communication qui ont été utilisées depuis la présentation du budget, qui soutiennent que le taux n’a été augmenté que de 4,8 % pour le budget de fonctionnement, ce qui se situe sous le niveau de l’inflation estimé à 5 %. Le reste de la hausse se cache dans deux nouvelles réserves financières, pour la voirie et les infrastructures récréatives. « On a reçu comme tout le monde notre compte de taxes et on peut facilement voir que les citoyens paient plus que 4,8 % cette année, alors on demande que le discours de la Ville soit cohérent avec ça », soutient Renée Trudel. Martin Robert sent même une certaine « arrogance » face aux citoyens de jouer avec les chiffres de cette façon et déplore le fait que les conseillers n’aient jamais été consultés quant à la stratégie de communication qui serait adoptée pour expliquer et justifier la hausse. « Le tableau explicatif qui a été présenté à la séance du conseil du 22 janvier et publié dans L’Œil Régional du 31 janvier, on ne l’a même pas vu avant les autres citoyens. Il y a beaucoup de choses qu’on apprend nous-mêmes en lisant le journal », lance-t-il. Il précise malgré tout que ce document est « de grande qualité » et il ne remet pas en question les informations qui y sont contenues.

Même si le chiffre officiel de 4,8 % a été utilisé dès le 5 décembre par la mairesse Nadine Viau pour décrire la hausse des taxes, les quatre élus assurent qu’ils n’avaient aucune idée que la Ville garderait le même discours jusqu’à la séance de janvier, alors que L’ŒIL rapportait le 13 décembre que la hausse ressentie serait beaucoup plus élevée. Ils comprennent entièrement la réaction des citoyens venus en séance publique pour dénoncer et ils auraient préféré que la Ville soit honnête dès le début. « On aurait dû s’assumer et dire : la hausse est de 10,68 % et voici pourquoi », insiste Martin Robert. Il avoue même que s’il avait su que la stratégie serait de cacher l’étendue de la hausse, il aurait considéré de voter contre le budget. Les élus notent avec une touche d’humour que même le Journal de Montréal a relayé le chiffre de 4,8 % dans un dossier publié ces dernières semaines, signe que la stratégie de communication de la Ville a fonctionné jusqu’à un certain point.

Sortir du mutisme

Les quatre élus assument les critiques voulant qu’ils ne se soient pas levés plus tôt pour dénoncer le plan de communication sur les taxes. Ils reconnaissent avoir été « peu bavards » autant en décembre qu’en janvier, mais qu’ils se retrouvaient devant le fait accompli et n’avaient pas le temps de préparer une intervention par rapport à la stratégie de communication utilisée par la Ville. « La ligne est très mince pour nous parce qu’on doit d’abord s’exprimer à l’interne lorsqu’il y a des désaccords. C’est pourquoi la population peut avoir l’impression qu’on ne fait rien, alors que ce n’est pas du tout le cas », assure Mme Trudel.

Les conseillers admettent aussi leur malaise de constater que le registre, permettant aux citoyens de manifester leur désaccord face à la réserve financière de 3 ¢ par tranche de 100 $ d’évaluation sur leur propriété, n’a été que très peu publicisé à l’avance. « J’ai été naïf à ce sujet-là. On nous a dit que le greffe ferait le nécessaire pour informer les citoyens de leurs recours, mais l’information ne s’est pas rendue », commente Martin Robert, critiquant le fait qu’aucune annonce n’ait été faite sur la page Facebook de la Ville, ni dans son infolettre, ni dans le journal.

Son collègue Vincent Chabot note aussi la réticence de Mme Viau le 11 décembre de répéter les dates du registre sous l’insistance du citoyen Antoine Courdi. Questionnés sur ce qui aurait dû être fait différemment dans ce dossier, les quatre élus estiment que même s’ils étaient d’accord avec la création des réserves financières, la Ville aurait dû faire preuve de davantage de transparence en informant beaucoup plus tôt et plus clairement les citoyens sur leur possibilité de signer le registre à travers une publicité en évidence dans les pages du journal et à travers les différents canaux de communications de la Ville. Le document préparé juste à temps pour la séance de janvier ressemble plus à un « plan de gestion de crise » qu’à un plan de communication, selon les conseillers.

Des questions pour les infrastructures

Le plan pour les infrastructures récréatives de Belœil a été annoncé en grande pompe ces derniers mois, mais même les élus ne savent essentiellement rien de plus que ce qui a été annoncé publiquement. « Le communiqué pour les infrastructures, on n’était pas au courant qu’il serait envoyé, et encore moins de son contenu. On aurait préféré quelque chose de plus conservateur comme annonce parce qu’on n’a aucune étude ni échéancier sur ce qui va être fait en premier. Il va falloir arriver bientôt avec quelque chose de sérieux et s’entendre sur quoi prioriser. On ne peut pas tout faire en même temps, car c’est énorme! », note Renée Trudel. Au moment de l’entrevue, personne ne pouvait dire avec assurance comment les nouvelles réserves, totalisant 1,8 M$ cette année, seraient utilisées, mais les élus assurent qu’ils feront tout pour s’assurer que les sommes seront utilisées à bon escient. « Avec la venue de Northvolt dans la région et la création d’un nouveau quartier de 4000 portes, ça fait beaucoup de choses auxquelles il faut penser », confirme Vincent Chabot.

Ce dernier s’intéresse notamment au dossier de l’aréna, pour lequel il espère que la Ville obtiendra d’importantes subventions, voire une collaboration avec des intérêts privés pour minimiser l’impact sur le portefeuille des payeurs de taxes, mais aussi à celui du pickleball, un sport en forte croissance qui n’a pourtant encore aucun terrain permanent sur le territoire de Belœil. « On ne veut pas que le dossier des infrastructures s’étire sur 25 ans », espère-t-il. Si l’ensemble des élus semblent plutôt d’accord sur ces projets, d’autres ne font pas nécessairement l’unanimité dans le plan des infrastructures, dont le projet de piscine en eau vive cher à la mairesse, pour lequel les quatre conseillers expriment diverses réserves, notamment sa pertinence et son accessibilité, lui qui sera hautement dépendant de la température, de la météo et de la qualité de l’eau du Richelieu.

Autre source d’inquiétude : personne autour de la table ne sait encore combien de temps les taxes spéciales pour les réserves seront nécessaires. « On ne sait pas combien vont nous coûter les infrastructures ni si on pourra tout réaliser ce qui est sur la liste. Mais on se fait embarquer dans le plan de communication en disant qu’on est tous pour ça. Oui, on est pour le développement des infrastructures, mais il faut le faire de façon intelligente », insiste Louise Allie.

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