Agrégat met principalement de l’avant la peinture, mais aussi une petite section de photographies de même que deux sculptures, donnant des œuvres semi-abstraites. « Ce sont mes trois médiums principaux. Ce sont des univers à part, mais je me plais à me promener d’un univers à l’autre! », confirme l’artiste. Native de Mont-Saint-Hilaire, sa passion pour l’art lui est venue naturellement, ce qui a amené sa mère à l’inscrire à des cours d’art avec Gabrielle Messier, l’assistante d’Ozias Leduc.
Elle a plus tard quitté son patelin et a notamment vécu dans l’Ouest canadien pendant plus d’une vingtaine d’années, mais Mont-Saint-Hilaire faisait toujours partie d’elle et elle est revenue au bercail pour pouvoir « vieillir en français » et à proximité de la nature.
En entrevue, la passion de Yolande Valiquette est contagieuse, elle qui s’émerveille toujours autant de la beauté de la nature, ce « grand maître », et qui se laisse encore guider par ce que ses mains créent de manière intuitive. « La création, je ne sais pas toujours où ça s’en va, surtout en sculpture. Il apparaît quelque chose dans mes mains et je suis souvent la première surprise! Même si je veux faire une chose, il apparaît souvent complètement autre chose et j’accepte d’aller dans cette direction à la place. Je laisse beaucoup de place à l’instant et je ne me mets pas dans un carcan. »
Son art se veut aussi très ludique, notamment lorsqu’elle travaille l’argile, et elle ne se « donne pas d’agenda » au niveau de la création, se laissant guider par ses intuitions. « J’ai gardé pendant des années trois esquisses de personnages au fusain. Ce n’est que 20 ans plus tard que j’ai fait un triptyque à partir de ça, alors que je les avais toujours en tête. Je pense que j’étais simplement rendue là! »
Les œuvres d’Agrégat abordent plus d’une trentaine d’années de créations, avec plusieurs œuvres faisant référence aux maîtres hilairemontais comme Leduc et Borduas, et d’autres mettant de l’avant sa vision artistique de la nature. Plusieurs d’entre elles ont vu le jour alors qu’elle demeurait en Alberta, dans un milieu très rural – il est d’ailleurs possible de les reconnaître par les titres anglais. « Je n’ai pas de problème avec ce que les gens peuvent voir dans mes œuvres, ils peuvent les interpréter comme ils veulent. Même les photos, je ne veux pas que les gens puissent savoir exactement ce qu’ils regardent », précise l’artiste. Elle fait d’ailleurs la distinction entre « regarder » et « voir ». « Il faut apprendre à regarder, mais surtout à voir! Il y a tellement à voir que c’est fascinant. Chaque fois que je retourne sur la montagne, je remarque des choses que je n’avais jamais vues et je prends des photos. Les textures, les couleurs, c’est beau, et on fait partie de ça! », s’émerveille-t-elle.
La directrice générale du Musée des beaux-arts de Mont-Saint-Hilaire, Geneviève Létourneau, note que l’art de Yolande Valiquette est à la fois touchant et parfait pour traiter avec émotion des rapports à la nature de même que les rapports humains. « J’invite les gens à se laisser porter par ce qu’ils voient, à pénétrer dans les œuvres et à vivre une expérience avec elles si elles les touchent », conclut pour sa part Yolande Valiquette, mentionnant que la plupart de ses créations sont en vente si les visiteurs ont un coup de cœur en visitant Agrégat.
L’exposition est présentée à la Maison Paul-Émile-Borduas de Mont-Saint-Hilaire du 21 septembre au 27 octobre.
