28 mai 2024 - 05:00
Rencontres photographiques du Richelieu
La photo à l’honneur partout dans la région
Par: Olivier Dénommée
Le photographe hilairemontais Robert Hébert est le commissaire invité pour l’exposition Absence/présence, l’exposition-phare de la première édition des Rencontres photographiques du Richelieu organisées par le Musée des beaux-arts de Mont-Saint-Hilaire. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

Le photographe hilairemontais Robert Hébert est le commissaire invité pour l’exposition Absence/présence, l’exposition-phare de la première édition des Rencontres photographiques du Richelieu organisées par le Musée des beaux-arts de Mont-Saint-Hilaire. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

Neuf ans après la dernière édition des Rendez-vous photo du Richelieu, une série d’expositions extérieures et d’événements mettant en vedette la photographie dans la région, la formule renaît sous la forme des Rencontres photographiques du Richelieu avec une présentation du Musée des beaux-arts de Mont-Saint-Hilaire (MBAMSH), qui veut en faire un événement biennal accessible et incontournable.

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Le MBAMSH s’est notamment allié à Robert Hébert, spécialiste de la photo lui-même établi à Mont-Saint-Hilaire, pour donner une nouvelle vie à cet événement qui a été présenté de 2011 à 2015. « Le Musée a voulu réactiver ce projet, sous une forme un peu différente, et m’a contacté pour me demander si je pouvais le faire avec lui. Je dirais qu’on s’est bien débrouillés en quelques semaines seulement! » commente Robert Hébert.

Pour sa première édition, les Rencontres photographiques du Richelieu incluent une quinzaine d’expositions à différents endroits dans la Vallée-du-Richelieu, de mai jusqu’à cet automne.

Robert Hébert est aussi le commissaire invité pour l’exposition phare des Rencontres, Absence/présence, un hommage à la photographe montréalaise Lynne Cohen (1944-2014), tenue en ce moment entre les murs du MBAMSH. « Même si ça fait 10 ans qu’elle est décédée, il y a encore un intérêt puissant pour son œuvre. Elle entrait dans l’art conceptuel : il n’y avait jamais personne sur les photos, mais il s’agissait de lieux habités, d’où le titre de l’exposition », affirme Robert Hébert.

Les œuvres significatives de Lynne Cohen sont d’ailleurs mises en relation avec d’autres photos d’artistes qui l’ont, pour la plupart, bien connue ou qui ont une connaissance approfondie de son œuvre et de son approche. « La plupart des gens que j’ai choisis l’ont côtoyée : Lorraine Gilbert a enseigné comme elle à l’Université d’Ottawa, Clara Gutsche a déjà exposé avec elle, Laurence Hervieux-Gosselin a gagné en 2021 le prix Lynne-Cohen du Musée national des beaux-arts du Québec, Geneviève Thibault a fait son mémoire de maîtrise sur Lynne Cohen et Sue Vo-Ho est une admiratrice de Lynne Cohen », énumère le commissaire invité.

Les œuvres de ces cinq artistes – toutes des femmes, un choix assumé de Robert Hébert – entrent en dialogue avec celles de Lynne Cohen et contribuent à ce jeu entre l’absence et la présence dans les différentes photos tout en suscitant la réflexion sur les rapports sociologiques des espaces, un thème qui était cher à Lynne Cohen.

Robert Hébert confirme d’ailleurs avoir eu la « bénédiction » du conjoint de Lynne Cohen pour organiser une telle exposition. « Il était ému de savoir qu’on voulait faire quelque chose 10 ans après sa mort et m’a assuré qu’il voulait venir voir l’exposition. »

C’est aussi dans ce contexte qu’il sera possible de découvrir des projets originaux comme les « Chambres » de Clara Gutsche ou encore « J’habite au 148 », de Geneviève Thibault, qui a cogné à l’improviste à la porte de gens qui demeurent à une adresse 148 pour demander la permission d’entrer pour prendre une photo d’une des pièces.

En plus d’être commissaire de l’exposition Absence/présence, présentée au MBAMSH jusqu’au 16 juin seulement, Robert Hébert y présentera la conférence Les multiples visages de la photographie, le dimanche 9 juin à 10 h 30.

Acquisition dans la collection permanente

Les visiteurs de l’exposition au Musée des beaux-arts de Mont-Saint-Hilaire (MBAMSH) pourront aussi constater que la salle permanente du Musée, qui a longtemps été habitée par des œuvres de Jean-Paul Riopelle, laisse actuellement place à Abstractions portuaires de la Trifluvienne Louise Duval (1939-2015), des œuvres acquises récemment dans sa collection permanente. « La famille de Louise Duval a contacté Robert Hébert pour l’informer de ses dernières volontés, que ses œuvres se retrouvent dans des musées. Robert a pensé à nous », souligne la directrice générale du MBAMSH, Geneviève Létourneau. Les photos retenues contiennent des gros plans sur des bouts de coque de bateau, donnant des résultats abstraits fascinants. Abstractions portuaires ne restera sur place que jusqu’au 8 juin, « mais il n’est pas dit qu’on ne reverra pas dans un avenir rapproché des œuvres de Louise Duval », laisse entendre Mme Létourneau.

Immense talent dans la région

Cette première édition des Rencontres photographiques du Richelieu met de l’avant le talent de plusieurs artistes de la région et tente en même temps de répondre au désir de voir davantage la photo à l’honneur dans le cadre d’expositions.

« Au Musée, on a reçu beaucoup de dossiers intéressants de photographes, mais on savait qu’on ne serait jamais capables d’être bien représentatifs de ce talent avec seulement six expositions par année! On cherchait donc une façon de faire une belle place à ces artistes, mais avec un fil conducteur et c’est là qu’on a demandé à Robert de nous aider, notamment avec une exposition phare qui servirait à faire rayonner les autres en dehors des murs du Musée », soutient Geneviève Létourneau.

En plus d’Absence/présence et d’Abstractions portuaires dans les murs du MBAMSH, il est possible de voir les expositions Chemin faisant de Guy Glorieux (jusqu’au 15 juin et en septembre et octobre, sur le parterre de la Maison Ginette- Grenier à Carignan), Bords de mers de Linda Turgeon (jusqu’au 16 juin, à Pointe-Valaine à Otterburn Park), Sur la route de Luc Roy (jusqu’au 16 juin au parc des Patriotes à Belœil), Le chant du sablier d’André Boucher (jusqu’au 16 juin sur le parterre de la Maison Villebon à Belœil), Abstractions organiques de Julie Cormier (jusqu’au 16 juin à l’intérieur et jusqu’au 2 septembre à l’extérieur de la Maison Paul-Émile- Borduas à Mont-Saint-Hilaire), Un jardin de bleu de Chantal Émond (jusqu’au 2 septembre au parc des Maires à Mont-Saint-Hilaire), L’esprit de Correlieu (jusqu’au 2 septembre au Domaine Ozias-Leduc à Mont-Saint-Hilaire), Nature en friche de Patrick Deslandes (jusqu’au 2 septembre à La Maison autochtone à Mont-Saint-Hilaire), Insectarium de Gilles Arbour (jusqu’au 14 octobre au parc Gilles-Plante à McMasterville), Moi, j’ai vu un garage de Claude Guérin (jusqu’au 14 octobre dans le sentier Roger-Dubuc à McMasterville) et Tchernobyl de Sarah Poirier (du 14 septembre prochain au 5 janvier 2025, au parc des Maires à Mont-Saint-Hilaire).

Fière de ce que son équipe a concocté en quelques semaines à peine, Geneviève Létourneau croit que les Rencontres photographiques du Richelieu continueront de prendre de l’ampleur au fil des prochaines éditions, dont la prochaine devrait avoir lieu en 2026. Elle souligne au passage le côté extrêmement accessible des différentes propositions et invite les gens à suivre le MBAMSH sur ses réseaux sociaux alors que d’autres activités et surprises doivent être annoncées en lien avec les Rencontres photographiques du Richelieu.

De la photo sans appareil

Au parc des Maires, tout juste derrière le Musée des beaux-arts de Mont-Saint-Hilaire, il est possible de découvrir l’exposition Un jardin de bleu, de l’artiste hilairemontaise Chantal Émond. Le projet est remarquable par le fait qu’il est fait sans appareil photographique, elle qui a réalisé une série de photogrammes grâce à la technique du cyanotype de plantes médicinales capturées durant une résidence artistique à Val-David en 2023. Le cyanotype est un procédé photographique inventé en 1842 qui est depuis tombé en désuétude, mais qu’on reconnaît instantanément par sa couleur bleue prédominante, donnant des œuvres d’une beauté insaisissable par les autres procédés photographiques. L’exposition doit se poursuivre jusqu’au 2 septembre.

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