«On savait qu’on était serrés, explique Martine Vallières, directrice générale de la Ville de Belœil. La population voulait que ce projet-là soit le moins coûteux possible. On a [pris une chance], dans le sens qu’on s’est dit que le jeu de la compétition allait peut-être faire en sorte qu’on allait y arriver. Mais on était trop serrés, vraiment. Il y a toujours une marge d’erreur quand on fait nos estimations de coût, c’est environ 10%. Dans un projet de cette envergure, 10% c’est beaucoup.»
Belœil a adopté lundi un nouveau règlement pour la construction d’un centre aquatique à 16,5M$. Puisque le projet est financé à plus de 50% par une subvention, un nouveau registre n’est pas nécessaire.
Martine Vallière explique que la différence de 1,8 M$ entre les deux projets s’explique d’une part par une injection supplémentaire de 1 M$ dans le budget de construction. Le projet comprend également un montant de 400 000$ supplémentaire que la Ville s’était réservé pour des mesures écoénergétiques. La nouvelle injection comprend également 470 000$ en récupération de taxes. La Ville a aussi revu les exigences du devis et du programme fonctionnel et technique de 450 000$.
Pas de piscine à 14,7 M$
Trois consortiums, Groupe Décarel, EBC et Pomerleau, s’étaient qualifiés pour présenter une soumission dans le cadre de ce projet. Une des trois soumissions reçues ne respectait pas les modalités prévues dans le programme fonctionnel et technique. Les deux autres soumissions se chiffraient à 18, 9M$ et 17,2M$. Les trois mêmes entreprises ont jusqu’en août pour déposer une nouvelle soumission.
Selon la directrice générale, trois critères faisaient plus précisément monter la facture du centre aquatique. La Ville avait demandé une acoustique plus élevée que la moyenne en raison de la présence des deux bassins et de cours de groupe en simultané. Les estrades retenues par la Ville, de type mezzanine, s’avèrent également plus dispendieuses.
Finalement, le revêtement en céramique, retenu pour l’ensemble du plancher du complexe, était également dispendieux selon les entrepreneurs. La Ville a décidé de conserver la céramique dans certaines aires comme les vestiaires et les aires de transition, afin d’éviter les problèmes comme le Centre aquatique Desjardins de Saint-Hyacinthe, où le béton est déjà fissuré après quelques années d’utilisation. Belœil a toutefois accepté de revoir le revêtement du sol dans d’autres aires, comme l’entrée.
Pas surpris
En période de référendum, une coalition de citoyens s’opposant au projet avait d’ailleurs mis en doutes le montage financier de la Ville, disant craindre des dépassements de coûts puisque la Ville n’avait aucun plan et devis à présenter. La Ville avait toutefois assuré qu’un dépassement de coût était impossible, étant donné le mode conception-construction retenu.
Membre de la coalition et chef du Parti des citoyens, Rémi Landry n’était guère surpris de cette annonce. Il croit que la Ville aurait dû réaliser d’autres analyses avant de se lancer dans un tel projet. «On avait dit que ça aurait été préférable de faire une évaluation supplémentaire. On trouvait que les deux bassins séparés allaient ajouter énormément aux coûts», dit-il.
M. Landry se dit inquiet que cet ajout de fonds ne soit qu’un début. Il craint notamment que les frais d’exploitation ne s’avèrent plus dispendieux que prévu. «Je ne reproche pas le projet, mais le procédé. Pourquoi ne pas l’avoir dit aux gens? Pourquoi s’engager avec des coûts approximatifs en sachant fort bien que ces coûts-là ne seront pas respectés?»
Ententes revues
En définitive, la piscine devrait coûter 6,9 M$ aux contribuables. L’impact sur le compte de taxes sera nul, a assuré la municipalité. Le nouveau projet comprendra une œuvre d’art, obligatoire en raison de la subvention gouvernementale de 9,5 M$, et un ajout d’équipements d’environ 60 000$. Les ententes avec les autres municipalités seront aussi revues à la baisse.