8 décembre 2021 - 09:04
Équipe de soutien à l’intervention psychosociale
La police appuyée par une travailleuse sociale pour les gens vulnérables
Par: Denis Bélanger

La travailleuse sociale Camylle Côté en compagnie de l’agent Éric Boulianne de la section sociocommunautaire de la Régie de police Richelieu–Saint-Laurent. Photo gracieuseté

La Régie intermunicipale de police Richelieu–Saint-Laurent (RIPRSL) est mieux outillée depuis le printemps pour aider les clientèles vulnérables grâce à la création de l’Équipe de soutien à l’intervention psychosociale (ESIP). Le corps policier compte ainsi sur la présence d’une travailleuse sociale à son poste de Belœil et note déjà des effets positifs.

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S’appliquant sur tout le territoire desservi par la RIPRSL, le projet ESIP est issu d’un partenariat entre la Régie, le Centre intégré de santé et de services sociaux de la Montérégie-Est (CISSSME) et le CISSS de la Montérégie-Centre. Le projet pilote durera jusqu’au 31 mars 2022, mais les responsables espèrent éventuellement obtenir un budget récurrent pour prolonger l’initiative. L’ESIP est composée de l’intervenante Camylle Côté et des agents de la section sociocommunautaire. Ils travaillent en collaboration avec un intervenant de l’accueil psychosocial du CISSS Montérégie-Centre.

« L’intervenante [Camylle Côté] est rattachée au CISSSME, mais son lieu de travail est uniquement à la Régie. Nous avons ajouté un poste pour ce projet », indique Annie Mongrain, chef d’administration des programmes, services psychosociaux, dépendance et crise au CISSSME.

Le projet ESIP vise à aider les personnes vulnérables, soit celles qui vivent entre autres des problématiques de dépendance, d’itinérance, de violence conjugale, de santé mentale, d’isolement ou encore des aînés victimes de maltraitance. La création de cette équipe s’est imposée, notamment en raison de la hausse d’événements incluant un élément de santé mentale en jeu.

« Une fois que les patrouilleurs avaient réglé la situation urgente en première ligne lors de l’intervention, l’équipe sociocommunautaire intervenait pour aider les citoyens en leur offrant du référencement, mais ce n’était pas notre spécialité. Nous mettions énormément d’énergie dans cet aspect, explique le sergent Jean-Luc Tremblay, de la section sociocommunautaire. Maintenant, on travaille en complémentarité et en collaboration avec chacun de nos domaines d’expertise. Nous entrons toujours en deuxième ligne après les patrouilleurs quand c’est requis et la travailleuse sociale peut orienter la personne vers les ressources appropriées pour avoir de l’aide. »

« Nous voulions favoriser une intervention précoce pour éviter que les situations se détériorent », renchérit Mme Mongrain.

Selon les plus récentes données datant du 30 novembre, l’ESIP a effectué environ 250 interventions. Le sergent Tremblay note une diminution de la récurrence des appels pour une même situation. « Ce projet est déjà un succès alors qu’on fait une différence dans la vie des gens. Ça fait en sorte que lorsqu’on prend bien en main la situation avec la référence d’une ressource, les gens savent à qui s’adresser dans le futur. »

Un pas dans la bonne direction

L’Œil Régional a invité le père de Daphné Huard-Boudreault, Éric Boudreault, à commenter la mise sur pied de cette équipe. Rappelons que la fille de M. Boudreault a été assassinée par son ex-petit ami Anthony Pratte-Lops le 22 mars 2017. L’affaire avait attiré beaucoup de critiques à l’endroit de la RIPRSL en raison des circonstances de l’intervention policière. Des agents s’étaient présentés sur les lieux de travail de la victime le matin du drame, car Pratte-Lops refusait de quitter les lieux, mais il n’y avait eu aucune arrestation.

À la suite du drame, Éric Boudreault avait milité notamment pour que des ressources spécialisées puissent épauler les policiers avec les personnes en détresse. M. Boudreault estime que c’est un pas dans la bonne direction.

« Je crois profondément que lors d’une intervention policière, les personnes en situation de vulnérabilité ont besoin d’aide spécialisée dans ce domaine pour les rassurer, les guider et les écouter. Ils seront mieux entourés pour prendre des décisions importantes pour leur protection. »

Le cas de Daphné Huard-Boudreault et les agressions non dénoncées dans la vague #MoiAussi ont aussi amené la Régie à avoir au poste, depuis l’été 2018, une intervenante du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC).

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