Jean-Pierre Charbonneau a été journaliste et chroniqueur pour les journaux Le Devoir et La Presse dans les années 1970. En 1976, il a été élu député une première fois pour le comté de Verchères sous les couleurs du Parti québécois. Il y a représenté les citoyens jusqu’en 1989.
« Quand je suis devenu politicien, disons que je n’avais pas été en contact avec le monde des hebdos. Je n’étais pas attentif à ça. […] Je considérais qu’un journaliste d’un hebdo était aussi important qu’un journaliste d’un quotidien. Faire de la nouvelle nationale ou de la nouvelle régionale, pour moi, c’était du pareil au même. Il n’y avait pas de hiérarchie des journalistes. Pour un député, ça passe d’abord par son ancrage territorial », affirme-t-il.
Pendant sa pause politique, il a participé à différents projets médiatiques, notamment en tant que chroniqueur pour L’Œil Régional en 1990. Quelques années plus tard, il a effectué un retour en politique en se faisant élire comme député dans Borduas en 1994.
« J’aurais eu beaucoup de difficulté à faire ma job de député pendant 25 ans s’il n’y avait pas eu d’hebdo comme L’Œil Régional. La difficulté que j’avais dans ma première vie politique, c’était que le comté allait jusqu’à Contrecoeur, La Présentation, etc. C’était éclaté. Il y avait des coins où il n’y avait pas de journal. C’était plus difficile de maintenir le lien avec les citoyens et avec les groupes communautaires. Tu ne peux pas faire de la politique juste en faisant du porte-à-porte. La vie politique passe par la communication. L’homme et la femme politique a le besoin de savoir ce qui se passe dans son milieu », ajoute-t-il.
Il se rappelle que durant certaines périodes, L’Œil Régional avait diminué son intérêt envers son travail de député puisqu’il avait des responsabilités au niveau national en tant que ministre ou président de l’Assemblée nationale.
« Aujourd’hui, on a un député [Simon Jolin-Barette] qui est ministre aussi. Parfois, on accorde moins d’attention au travail du député local. Certains vont dire qu’ils sont bien couverts par les médias nationaux, mais le travail dans son comté mérite d’être couvert, mais mérite aussi qu’on y apporte un œil critique. Le vieil adage dit qu’on ne voit les politiciens que pendant les élections et on ne les voit plus après. La seule façon d’être vus, c’est par le prisme des médias. Si les médias ne nous couvrent pas, tu es mal barré pour avoir une présence. Tu peux être très actif dans ton comté, mais personne ne le sait. Je ne voyais jamais autant de monde en une semaine dans les événements que de personnes qui lisent le journal » mentionne-t-il.
Une relation respectueuse
Sa relation avec les hebdos était donc très importante. « Quand je suis arrivé ici et qu’il y avait L’Œil régional établi, pour moi c’était un incontournable. Je ne pouvais pas penser être en relation avec la population si je ne travaillais pas avec le journal. Je m’étais dit que je considérais les journalistes comme des professionnels. Et puis, je leur donnais l’heure juste. Je ne m’attendais pas à ce qu’ils soient des agents de presse ou des agents de relations publiques pour moi. À un moment donné, il y a eu des critiques. Mais en général, ils couvraient bien ce que je faisais. »
Il dit avoir toujours eu du respect pour L’Œil Régional considérant l’hebdo comme un « vrai journal » et non comme un feuillet publicitaire, en se référant à d’autres médias régionaux. « Je ne m’attendais pas à ce que les journalistes soient complaisants. J’ai été chanceux, j’ai toujours eu une belle relation. Chaque fois que les journalistes m’appelaient pour des précisions, je leur donnais l’heure juste. C’était bien important. »
Chroniqueur à nouveau
Il a terminé sa carrière politique en 2006. Il a alors eu l’occasion de rédiger à nouveau des chroniques dans le journal régional. Selon lui, c’était une offre qu’il ne pouvait pas refuser. Même s’il a trouvé difficile de maintenir un rythme hebdomadaire, il admet avoir aimé cette responsabilité.
« Ça a permis de continuer ma relation que j’avais avec la population, partager mon expérience et ma lecture des événements nationaux et régionaux. Ce qui était le plus difficile, c’était de trouver un angle régional. Chaque fois que c’était possible, j’essayais de l’accrocher à quelque chose qui se faisait dans le milieu. J’aimais ça. C’est rigoureux. Chaque semaine, il faut que tu produises. Ça me forçait à réfléchir, à trouver un angle pour que les gens lisant un hebdo se sentent interpelés », se souvient-il.
Souhait de renforcer la presse régionale
Pour M. Charbonneau, un hebdo est l’ancrage d’une communauté. Il permet d’entretenir des échanges entre les citoyens et les différents acteurs d’une communauté. « Ce qu’on peut souhaiter pour L’ŒIL, c’est non seulement qu’il perdure dans le temps, mais qu’il maintienne sa capacité d’offrir une salle de rédaction suffisamment importante pour couvrir tout ce qu’il y a à couvrir et éventuellement même se renforcer. »