4 juin 2024 - 05:00
Belœil
La pression monte autour du parc Charles-Larocque
Par: Olivier Dénommée
Paniers du parc Charles-Larocque. Photothèque | L’Œil Régional ©

Paniers du parc Charles-Larocque. Photothèque | L’Œil Régional ©

Plus d’un mois après l’annonce que les paniers du grand terrain de basketball du parc Charles-Larocque ne seraient pas réinstallés cet été, les utilisateurs du parc continuent de demander à la Ville de Belœil de faire marche arrière et de chercher d’autres solutions moins drastiques sans pénaliser les jeunes sportifs du secteur.

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Une pétition avec 1400 signatures a été déposée à la Ville le 13 mai pour lui demander de revenir sur sa décision, de même qu’un compte rendu de la rencontre organisée par le conseiller du district le 29 avril avec des interrogations et des commentaires sur la gestion du dossier par la Ville.

Malgré l’insistance des utilisateurs, la réponse de la mairesse Nadine Viau n’a pas bougé : même sans vote public, les élus se sont positionnés pour ne pas remettre les paniers à cause des incivilités devenues ingérables à ce parc, mais qu’il n’y a pas de bris de service, car les jeunes peuvent toujours se rabattre sur les autres terrains de basketball de Belœil, bien que leur qualité n’ait rien à voir avec celle du parc Charles-Larocque, et les négociations se poursuivent pour installer un terrain à proximité de l’école Polybel dans le futur.

Cette réponse n’a pas satisfait les opposants à la décision, qui considèrent qu’il n’y a jamais eu de « vraie discussion » sur la façon d’améliorer le vivre-ensemble dans le parc avant la rencontre organisée par le conseiller Stéphane Lepage. « M. Lepage a bien fait de nous impliquer, cette rencontre était nécessaire. […] Je pense qu’il est aussi nécessaire d’aller au bout du processus de consultation. Ce serait un signe de respect pour les citoyens de gérer ce dossier-là un petit peu mieux », a commenté Marie-Hélène Aubert, qui a demandé de remettre les paniers en place en attendant une décision finale, sans recevoir de réponse de la part de la mairesse.

Positions divergentes

Le dossier s’est à nouveau imposé à la séance ordinaire du 27 mai. En l’absence de Nadine Viau, le maire suppléant, Karim-André Laz, a défendu « l’approche délicate et équilibrée » du conseil dans ce dossier et maintient qu’il n’y a pas de bris de service en fermant ce terrain. Les deux partis d’opposition ont souligné que les choses auraient pu être faites autrement.

« Je suis mal à l’aise de voir que la Ville ne veut pas installer les paniers. On nous a dit qu’il y avait très peu d’utilisateurs dans le secteur, mais ce n’est pas ce qu’on constate. […] J’aimerais qu’on fasse une étude pour savoir qui l’utilise et voir si on peut mettre en place des mesures », a mentionné Louise Allie. Commentaire partagé par Renée Trudel. « On veut des données probantes pour conforter les élus dans les décisions à prendre », note-t-elle, se disant tout de même sensible aux désagréments subis par les voisins du parc. Vincent Chabot et Martin Robert, de leur côté, ont tous deux demandé à leurs collègues de faire preuve de « cohérence » dans ce dossier, faisant notamment référence au parc canin, un autre sujet chaud à Belœil depuis des années, et au fait que jamais l’avenir du parc Charles-Larocque n’a été soumis à un vote formel. Les quatre considèrent que la fermeture du terrain constitue un bris de service puisqu’aucun autre terrain extérieur ne permet de jouer adéquatement au basketball en équipe sur le territoire de Belœil.

En entrevue, Louise Allie a été surprise de constater une telle résistance des utilisateurs, ce qui ne correspondait pas du tout aux informations qui ont été partagées aux conseillers. « Et une pétition avec autant de signatures, je n’ai jamais vu ça en 15 ans! » Elle croit qu’il existe des pistes de solution qui n’ont pas encore été explorées, comme de relever les paniers après une certaine heure ou encore d’installer des clôtures pour limiter l’accès en dehors des heures permises. « Quand ce mandat-ci a commencé, il y a eu une rencontre avec les citoyens avec Mme Viau et Pierre Verret (le conseiller du district, décédé depuis). À cette époque, il y a eu une lettre qui proposait des mesures d’atténuation, incluant de changer les panneaux, de retirer les filets et d’installer des monticules. On a voulu mettre en place quelques mesures, mais rendu aux monticules, les gens se sont plaints et ça a arrêté avant que ça soit fait », déplore Renée Trudel. Selon elle, une firme est engagée chaque année pour surveiller les parcs, mais « rien d’extraordinaire » n’a été observé dans le parc Charles-Larocque. « Dans les documents reçus, rien ne parlait d’une recrudescence d’achalandage et d’adultes problématiques. On avait l’impression que les jeunes du coin n’y allaient pas, alors qu’à la rencontre avec le conseiller au parc, les gens de Belœil étaient nombreux à demander son maintien. »

Mme Trudel trouve aussi bien dommage de pénaliser les utilisateurs du terrain de basketball sans même savoir si l’option d’en aménager un à proximité de la Polybel va se réaliser. « À ce stade-ci, on n’a aucune idée si on aura la subvention pour le nouveau terrain ni si l’école en voudra. […] Un revirement est encore possible, mais on est minoritaires au sein du conseil. » Enfin, elle critique le « manque de professionnalisme » dans la gestion du dossier du parc Charles-Larocque. « Ça a été géré cavalièrement par la mairesse dans son mot d’introduction [de la séance du 22 avril], alors que le travail a été bâclé et qu’on n’a pas laissé la chance aux employés de finir le travail sur les mesures d’atténuation. On s’est battus pour avoir une firme de surveillance des parcs et pour obtenir des rapports qui donnent l’heure juste, tout ça pour en arriver à ça. »

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