17 avril 2024 - 05:00
La sculpture déboulonnée
Par: L'Oeil Régional
André Michel et la sculpture. Photothèque | L’Œil Régional ©

André Michel et la sculpture. Photothèque | L’Œil Régional ©

J’aimerais revenir sur quelques points qui ont été soulevés dans l’article au sujet de la sculpture de M. André Michel enlevée du terrain utilisé par la Maison amérindienne.
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M. Michel n’a peut-être pas le statut d’un Alfred Pellan dans l’histoire de l’art du Québec, mais, il faut le reconnaître, le lien qu’il entretient avec la ville de Mont-Saint-Hilaire en est un très important. Il a su se positionner sur l’échiquier de la culture de la ville de façon incontestable. Le Musée des beaux-arts et La Maison amérindienne ne seraient sans doute pas là s’il n’avait déployé des efforts gigantesques pour surmonter tous les obstacles et convaincre les acteurs du milieu politique municipal de l’importance de ces projets. Ce sont des réalisations significatives qui, concrètement, peuvent donner une sorte de droit moral à la Ville d’oser mettre le mot art dans son slogan « Une ville de nature, d’art et de patrimoine ». Il mérite le respect. Et dans le cas qui nous occupe justement, il a reçu l’appui d’acteurs importants du milieu des Arts et d’autres artistes actifs du milieu.

Un point irritant, cependant, est la récupération opportuniste de M. Richard Ruest, président de La Maison amérindienne, qui fait de la situation une grossière illustration du pouvoir politique dénoncé par les autochtones. Il détourne le propos de l’œuvre démesurément, pour son profit. L’utilisation du terme « œuvre magistrale » en parlant de la sculpture de M. Michel est ici utilisé abusivement pour justifier une position qui ne concerne pas la qualité de l’œuvre. Non pas que l’œuvre ne saurait éventuellement être à la hauteur de ce terme, mais son utilisation ici est plutôt stratégique. Ce n’est pas à M. Ruest de déterminer si c’est une « œuvre magistrale ». Laissons aux critiques et aux historiens d’art le soin de déterminer si c’est le cas. Ici, cela fait douter de l’intention réelle derrière. La Maison amérindienne occupe une place importante dans notre communauté et a gagné le respect de ses citoyens par la qualité de ses actions et de ses communications. Il me semble préférable que cela reste ainsi.

Une des premières choses qu’on enseigne aux sculpteurs lors de leurs formations est de déterminer et de connaître autant que possible à l’avance les conditions de déplacements et d’installation d’une œuvre, surtout si elle est d’un grand format. Que s’est-il passé réellement pour que ça devienne si difficile à s’entendre?

Bien sûr, M. Michel est un citoyen comme les autres et il y a une réglementation. Mais il y a moyen de travailler avec l’artiste pour trouver un terrain d’entente qui soit respectable pour tout le monde. La Ville doit avoir une vision plus large de la culture et de l’art, pour respecter à tout le moins son slogan municipal qu’elle utilise d’ailleurs abondamment. Il y a beaucoup à faire, monsieur le maire. Pourtant, vous semblez balayer rapidement l’opinion des artistes et des acteurs du milieu artistique pour proclamer que la Ville assume très bien son statut de ville de culture. Alors là, vous êtes complètement dans le champ, monsieur le maire. Vous devriez être plus attentif et essayer de comprendre les artistes et l’art avant de proclamer que vous faites un boulot solide à ce niveau-là. Que savez-vous réellement du milieu des arts et de sa réalité?

Je vous trouve un brin « statufié », en fait.

 

Christian Parent, artiste et enseignant en arts visuels
Mont-Saint-Hilaire

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