18 juin 2024 - 05:00
La surpopulation du cerf menace la montagne
Par: Denis Bélanger
Des cerfs de Virginie se promènent sur la Réserve naturelle Gault. Photo: Alex Tran

Des cerfs de Virginie se promènent sur la Réserve naturelle Gault. Photo: Alex Tran

La surpopulation du cerf de Virginie au mont Saint-Hilaire met la montagne en danger, selon le maire de Marc-André Guertin qui estime que des actions devront être prises pour éviter que la situation n’empire.

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« Nous retrouvons sur la montagne 3 à 4 fois trop de cerfs de ce qui doit être prévu. Nous sommes en pourparlers à cet effet avec notre partenaire Connexion Nature et le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs », a déclaré M. Guertin lors de la séance ordinaire du conseil municipal du mois de juin. « Je ne souhaite pas que nous vivions le même psychodrame que Longueuil. »

Propriétaire de la Réserve Gault, l’Université McGill corrobore les dires du maire de Mont-Saint-Hilaire. « Bien que nous ne soyons pas en mesure de fournir des données précises sur les cerfs qui circulent à proximité de la Réserve naturelle Gault, nos recherches, des relevés aériens et d’autres méthodes de surveillance indiquent une hausse préoccupante sur cette population – des informations qui s’apparentent aux données consignées dans les secteurs avoisinants », répond par voie électronique l’institution d’enseignement.

Plusieurs facteurs expliquent la surpopulation, dont les hivers plus cléments d’après le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs. « L’accès limité aux territoires de chasse et à la rareté de prédateurs dans ces milieux peuvent aussi être en cause », ajoute la porte-parole Caroline Cloutier. Quand les conditions sont propices, les femelles donnent même naissance à deux faons par année, d’après McGill.

Les cerfs de Virginie font du ravage par le broutage. « Ils vont manger les repousses au printemps, ce qui va nuire à la régénération de l’espèce. En plus, les cerfs ne mangent pas certaines espèces exotiques envahissantes comme le nerprun », explique Geneviève Poirier Ghys, de Connexion Nature.

Pour contrer le phénomène, plusieurs exclos ont été installés sur le territoire. Ces installations ont pour but de garder à l’extérieur l’animal d’un secteur précis. Les représentants de la Réserve Gault en ont construit 48 pour notamment protéger le trille blanc. Cette espèce végétale peut prendre jusqu’à 17 ans de maturité pour produire sa première fleur.

De son côté, Marc-André Guertin fait remarquer que plusieurs pomiculteurs ont aussi muni leurs terrains d’exclos. « Des exclos sont également installés le long du sentier du piémont pour des fins éducatives ainsi que dans des secteurs écologiquement fragiles. »

Des dommages matériels

La surpopulation dans la région du cerf de Virginie se fait ressentir sur les statistiques des accidents de la route. Selon les données de la Société d’assurance automobile du Québec, 101 collisions avec un cerf de Virginie sont survenues sur tout le territoire de la MRC de La Vallée-du-Richelieu en 2023. Il s’agit d’accidents ayant fait l’objet d’un rapport de police et dont les dommages sont évalués à plus de 2000 $.

C’est à Mont-Saint-Hilaire qu’est survenu le plus grand nombre de collisions avec ce cervidé l’an dernier, soit 34. La Régie intermunicipale de police Richelieu–Saint-Laurent (RIPRSL) a déjà relevé deux accidents de la route impliquant un cerf de Virginie en 2024. En moyenne, c’est plus d’une vingtaine de collisions qui surviennent annuellement à Mont-Saint-Hilaire. Depuis six ans, le plus haut total (40) est survenu en 2022.

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