« Ça se passait moins d’une semaine après l’élection du 7 novembre. Nous avons eu droit à une journée intense de débreffage pour nous retrouver en fin d’après-midi en cellule de crise pour régler un vieux dossier dont nous n’étions pas responsables. Nous devions adopter un cadre réglementaire en moins de 300 jours. Nous avons vite réalisé qu’une municipalité n’est pas une entreprise qui démarre », raconte M. Guertin.
Ce dernier a vite été l’objet de critiques de certains citoyens quand il a clairement fait connaître son intention de ne pas acheter les terrains vacants de la zone A-16. Par la suite, il a eu droit à toutes sortes de remarques, dont celle d’être un despote. « Ces critiques ont évidemment affecté davantage ma famille. Elle sait quelle personne je suis et elle ne partage aucunement l’avis de ce que certains véhiculaient. J’ai dû protéger et défendre ma famille. Heureusement que j’ai une bonne pratique sportive et méditative. »
De nombreux autres drames se sont déroulés par la suite. L’été dernier, il a même dû gérer en pleines vacances une menace de mort. « Non, ma vie n’était pas en danger, mais c’était quand même inquiétant, car la menace n’était pas dirigée cette fois seulement envers le directeur général. »
Marc-André Guertin assure d’ailleurs qu’il ne passe pas une semaine sans qu’il y ait un drame humain vécu à l’intérieur de la municipalité. « Nous avons dû ouvrir notamment des lieux d’accueil d’urgence en raison d’incendies. De plus, les membres du conseil et moi avons été éprouvés dans nos vies personnelles, notamment en raison de la maladie. Je suis moi-même aidant naturel, comme d’autres membres du conseil. J’ai eu des membres de ma famille qui ont été hospitalisés sur de longues périodes. Les membres du conseil ont dû à un certain moment prendre une pause. »
L’élu assure toutefois qu’il n’a jamais songé une seconde à quitter son poste avant la fin de son mandat. « Moi, quand je m’embarque dans quelque chose, j’y vais jusqu’au bout. » Marc-André Guertin refuse toutefois d’indiquer s’il sollicitera un deuxième mandat. « On nous pose la question depuis quelques mois. On veut tous se garder un moment pour prendre du recul par rapport à cet enjeu. »
Travail d’équipe et délégation
Malgré tous les obstacles, Marc-André Guertin réussit à ressentir souvent du plaisir dans sa fonction. Son modèle de gestion se caractérise notamment par un travail d’équipe et de délégation de certaines responsabilités. « Je ne siège pas à toutes les régies. Gaston Meilleur est sur celle de la sécurité incendie et Isabelle Thibault sur celle des eaux. Ils ont plus de compétences que moi en la matière. »
Pas question non plus pour lui d’avoir une mainmise sur tout et d’être fermé aux idées des autres. « Nous faisons vraiment conseil. Quand j’amène une idée, qui dans ma tête est ficelée, et bien elle en ressort toujours enrichie au terme de nos rencontres. Chacun apporte sa couleur. »
Le maire de Mont-Saint-Hilaire se distingue aussi par le fait de faire confiance au personnel de la Municipalité. Il dit vouloir éviter notamment de faire de l’ingérence pour ne pas se retrouver dans de fâcheuses situations. « Il y a eu un jugement de la Commission municipale du Québec qui a condamné une élue de la région pour être intervenue directement dans le dossier d’un citoyen. Cette situation nous rappelle nos obligations éthiques. »
M. Guertin assure que les employés municipaux n’ont toutefois pas carte blanche. « Quand nous déléguons un pouvoir, nous demandons une reddition de compte. […] De plus, ça ne veut pas dire que, si des gens viennent nous voir pour nous parler de certaines situations, nous allons tourner le dos. Nous allons prendre le temps de faire le tour du sujet pour nous assurer de donner une réponse intelligible au citoyen. »
Dans un souci de vouloir bien accompagner le citoyen, la Ville devrait bientôt mettre en place un bureau d’initiative citoyenne. Cette mesure avait été annoncée au dernier budget, en 2022, mais son application a été retardée en raison de plusieurs facteurs. « Ça s’en vient. Le citoyen pourra composer un numéro direct où un employé pourra le guider pour ses différents besoins, car il y a certains mécanismes municipaux qui sont compliqués. »
Réalisations
À mi-mandat, le maire Marc-André Guertin peut déjà énumérer une série de réalisations dont il est fier. En excluant le dossier du Manoir (voir autre texte en page 13), il cite en tête de liste la zone A-16. « Nous avons réussi à dénouer une impasse qui durait depuis des années, et ce, dans un court laps de temps. En dépit des poursuites, nous avons pu nous entendre avec les propriétaires pour acheter les boisés. En les protégeant à perpétuité, nous avons pu mettre un baume sur ce que les gens craignaient, soit de voir se développer les terrains vacants du chemin de la Montagne. »
M. Guertin est aussi fier des nombreuses acquisitions des lots maintenant voués à la conservation. « En 2022, c’est 35 hectares d’acquisitions. En 2023, c’est 27 hectares d’acquisitions et 8 hectares en servitude. On se retrouve maintenant avec environ 45 % du territoire qui fait l’objet de mesures de conservation. »
Le maire tient aussi à souligner le processus de planification stratégique dont les résultats ont été présentés au public cet automne. « C’était important pour le conseil. Ç’a porté fruit et amené notamment à la mise sur pied de nos commissions et de renouvellement d’ententes. »
Le dernier item sur la liste d’honneur du maire est l’adoption récente du plan climat. « Nous en sommes bien fiers, avec aussi la politique de décarbonation dont le plan d’action suivra prochainement. Ce ne sera pas un plan tablette, il sera mis en action et nous réaliserons vite que Mont-Saint-Hilaire est déjà championne dans plusieurs choses, et ce, de manière positive. »