2 décembre 2020 - 18:55
Noyade à la Marina du Richelieu
La victime utilisait de l’équipement de plongée inadéquat
Par: Denis Bélanger

Le lieu de l’accident sur la rivière Richelieu. Photo gracieuseté

Stéphane Parent. Photo Facebook

Une organisation déficiente du travail est notamment à l’origine de la noyade de Stéphane Parent, le 6 avril, copropriétaire de la Marina du Richelieu. L’homme de 48 ans s’était fait retirer sa ligne de sécurité alors qu’il flottait encore dans la rivière Richelieu. Quelques secondes plus tard, M. Parent coulait soudainement dans l’eau sans pouvoir revenir à la surface.

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Les détails de la noyade ont été dévoilés dans le rapport d’enquête de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) rendu public la semaine dernière.
M. Parent s’affairait à installer les quais pour préparer la saison estivale. Il devait notamment aller sous l’eau pour récupérer un câble d’acier. M. Parent effectuait la plongée à proximité de la barge, à laquelle il était relié par une ligne de sécurité et dans laquelle prenait place son collègue.

À un certain moment, M. Parent est remonté à la surface, essoufflé et emmêlé dans sa ligne de sécurité et son boyau d’alimentation en air. Son masque a été retiré, puis son collègue l’a aidé à se défaire des équipements auxquels il était emmêlé. C’est à la suite de cette manœuvre que M. Parent s’est retrouvé détaché de sa ligne de sécurité. Soudainement, il a coulé dans l’eau, sans jamais pouvoir remonter. Son décès avait été constaté à l’hôpital.

Deux hypothèses
Deux hypothèses peuvent expliquer que le travailleur a coulé dans l’eau après avoir refait surface. La première, moins probable selon le rapport, est reliée aux fuites présentes sur le gilet de stabilisation. Le gilet, une fois gonflé, maintient tout juste à flot le travailleur. Mais la vitesse à laquelle le gilet perd de l’air (fuites mineures) n’explique pas que le travailleur ait coulé si rapidement dans l’eau.

La deuxième hypothèse est reliée au fait que le travailleur relâche un peu d’air dans son gilet de stabilisation une fois en surface. Le gilet étant gonflé au maximum, il exerce une pression sur le travailleur en comprimant sa cage thoracique. Or, le travailleur est essoufflé et cherche à reprendre son souffle. Il est possible que pour diminuer la pression du gilet sur lui, il ait retiré un peu d’air du gilet. La quantité d’air retiré ne permet plus au gilet de maintenir le travailleur en surface. Notons que le plongeur portait sur lui un lest de 25,3 kg, qui comprend notamment des poids dans sa veste et des haltères attachés à ses chevilles.
Dans les deux cas, il est possible que le plongeur ait été surpris par sa descente soudaine et rapide, ne lui permettant pas de réagir à temps. Il est probable que le travailleur ait souffert d’hyperventilation lorsqu’il a remonté en surface.

Plusieurs correctifs à apporter
Dans son rapport d’enquête, la CNESST a remarqué des lacunes dans les équipements utilisés, la méthode de travail et la formation du travailleur. À la suite d’une expertise, la CNESST a interdit l’utilisation du masque de plongée et du boyau d’alimentation en air puisqu’ils sont inadéquats pour la plongée en contexte professionnel. « L’assemblage du masque et du détenteur (mécanisme permettant la respiration) rend la respiration difficile et expose le travailleur à un danger d’hyperventilation », peut-on lire dans le rapport rédigé par les inspecteurs Luc Lefebvre et Claudia Bernard.

Les travaux du 6 avril ont contrevenu à plusieurs règles. À la suite du tragique événement, la CNESST a d’ailleurs interdit à l’employeur d’exécuter les travaux jusqu’à la mise en place d’une méthode sécuritaire. Les travaux ont été effectués en mai par une firme spécialisée. L’organisme rappelle que ce type de travaux nécessite une équipe de trois plongeurs dotée d’une formation en plongée professionnelle.

« De plus, un plan de plongée doit être élaboré avant le début des travaux et doit comprendre notamment les mesures à prendre en situation d’urgence comme celle dans laquelle s’est retrouvé le travailleur. À titre d’exemple, un plongeur de soutien, prêt à plonger, aurait été en mesure d’intervenir rapidement lorsque le travailleur a coulé dans l’eau », précisent les inspecteurs de la CNESST.

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