15 juillet 2024 - 05:00
Vote au conseil municipal de Belœil
La Ville confirme la décision de démolir la maison du Bedeau
Par: Olivier Dénommée
L’état lamentable de la maison du Bedeau, située au 1005, rue Richelieu, a convaincu l’ensemble des élus de Belœil qu’il n’y avait plus rien à faire pour la sauver, l’amenant à voter à majorité pour sa démolition complète afin qu’elle soit reconstruite à l’identique par la suite. Photothèque | L’Œil Régional ©

L’état lamentable de la maison du Bedeau, située au 1005, rue Richelieu, a convaincu l’ensemble des élus de Belœil qu’il n’y avait plus rien à faire pour la sauver, l’amenant à voter à majorité pour sa démolition complète afin qu’elle soit reconstruite à l’identique par la suite. Photothèque | L’Œil Régional ©

Cela n’aura pris que quatre semaines après le vote du comité de préservation du patrimoine bâti (CPPB) pour que le conseil municipal de Belœil confirme sa décision d’accepter la démolition complète du 1005, rue Richelieu, plus connu sous le nom de la maison du Bedeau.
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Lors du vote du CPPB tenu le 10 juin, les avis des quatre élus sur le comité étaient très partagés, ce qui laissait entrevoir des débats tendus au conseil à la suite de l’appel de la décision fait par les opposants, mais de nouvelles informations parvenues plus récemment ont convaincu l’ensemble des élus qu’il n’y avait plus rien à faire pour sauver la maison. En séance publique, la mairesse Nadine Viau a expliqué que les propriétaires de la bâtisse avaient obtenu un permis pour réaliser des travaux à l’intérieur, ce qui leur a permis d’ouvrir les murs, exposant « l’état lamentable du bâtiment », chose qui n’avait pas été constatée dans le carnet de santé commandé par la Ville ce printemps, qui parlait alors d’une maison « généralement en bonne condition ».

Cela mène le conseil à prendre une « décision douloureuse » d’entériner l’autorisation de démolition, une décision qui a rendu la conseillère du district, Julie Lavoie, émotive. Elle a d’ailleurs demandé le vote par principe sur cette question. « Je suis conseillère du Vieux-Belœil, je ne peux pas voter pour la démolition d’un bâtiment patrimonial, mais je ne suis pas contre le développement économique et contre les jeunes entrepreneurs qui veulent faire quelque chose de positif dans le Vieux-Belœil. […] Je veux affirmer mon souhait de faire mieux pour la prochaine fois. Je suis obligée de me rendre compte qu’on n’a pas encore ce qu’il faut pour protéger le patrimoine dans le Vieux-Belœil », a-t-elle déclaré, résignée. La décision d’approuver la démolition a été prise à cinq voix pour et une seule contre, comme il manquait deux élus à la séance du 8 juillet.

Ce vote est en quelque sorte un constat d’échec de la part des élus de Belœil, qui ont, depuis deux ans, tenté sans succès de citer le 1005 Richelieu et émis un avis de détérioration pour tenter de le préserver. Plusieurs organisations spécialisées en histoire et en patrimoine bâti militaient aussi pour sauver la maison du Bedeau de la démolition. Membre du conseil local du patrimoine et fervent défenseur du patrimoine à Belœil, le citoyen Pierre Chassé s’est avoué déçu de cette décision et estime qu’il aurait été nécessaire d’inviter des spécialistes en restauration de bâtiments patrimoniaux pour avoir l’heure juste avant de prendre une telle décision.

À la MRC?

Cette décision du conseil municipal ne veut toutefois pas dire que le dossier est clos, comme il reste encore le « pouvoir de désaveu » par la MRC, qui pourrait en théorie être utilisé pour empêcher la démolition. Les propriétaires de la maison du Bedeau ne souhaitent donc pas crier victoire trop vite, mais espèrent que la MRC en viendra aux mêmes conclusions que la Ville de Belœil.

Rappelons que le projet des propriétaires, un groupe de huit entrepreneurs qui est aussi à la tête du restaurant voisin Janick, est de démolir la maison du Bedeau pour pouvoir la reconstruire à l’identique, au millimètre près, à l’aide d’une technologie de nuage de points afin d’en préserver l’allure et le symbole. Un agrandissement est aussi prévu, un peu en retrait, pour continuer de bien mettre en valeur son architecture unique, et la maison doit à terme accueillir un tout nouveau restaurant. C’est, pour les propriétaires, une façon de permettre à la population de se réapproprier l’endroit tout en stimulant le développement économique du secteur.

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