Mme Giguère a initié un club d’auteurs à l’automne 2023 et les rencontres se tenaient dans un parc. « Je faisais un essai. Je trouvais ça difficile d’amener les enfants à écrire seuls chez eux. Ils ont besoin de sentir qu’ils font partie d’une communauté pour se motiver à faire quelque chose. »
Les rencontres dans les parcs ne pouvaient plus être possibles avec l’arrivée de l’hiver. Isabelle Giguère a sollicité les scouts qui ont accepté de lui donner accès gratuitement à la Maison scoute dès janvier 2024. Par la suite, le local est tombé sous la responsabilité de la Ville de Saint-Basile-le-Grand.
Cette dernière a accepté de prêter le local pour une période d’un an, le temps de faire la promotion de l’activité et de voir si d’autres familles grandbasiloises se joindraient au projet. La Municipalité a constaté que seulement deux enfants du groupe, soit ceux de Mme Giguère, demeuraient à Saint-Basile-le-Grand. En effet, les autres participants venaient de Montréal, de Magog ainsi que des villes voisines.
« Nous avons aussi une politique pour encadrer les organismes communautaires qui doivent remplir des conditions pour avoir accès à certaines choses, dont le fait d’être un organisme officiellement accrédité. La Ville se doit d’être équitable et de respecter le cadre de référence établi. Par ailleurs, il faut savoir que même les écoles qui utilisent des locaux de la Ville paient les frais reliés à la location. Ce n’est pas à une ville non plus de tenir des classes, ce rôle appartient plutôt [au centre de services scolaire] », a commenté le maire de Saint-Basile-le-Grand, Yves Lessard.
Énorme déception
Isabelle Giguère se dit grandement déçue de la décision de la Ville, qui a refusé de fléchir malgré des interventions à deux séances ordinaires du conseil municipal. « Le groupe a pris de l’ampleur. Des fois, c’était 30 personnes que nous avions. Et maintenant, c’est plus qu’un club d’auteurs. Les élèves sont en train de monter une pièce de théâtre. Nous avons reçu aussi la visite de scientifiques de l’Université de McGill. Ces activités apportent beaucoup aux jeunes. Nous avons formé le groupe Nouvelles & chocolat chaud. »
D’autres mères de famille ont bien voulu partager leur déception quant à cette nouvelle. Pour Yolaine Tremblay, ces activités ont fait toute la différence pour l’engouement de son fils envers l’écriture. « Nous sommes sous le choc. Nous ne voulons pas laisser nos enfants dans les milieux éducatifs qui sont actuellement en détresse. Mais nous nous retrouvons à vivre des détresses, car les municipalités nous laissent sans option. »
« Nous connaissons Isabelle depuis deux ans déjà. Un lien d’attachement solide s’est tissé au fil des ans. Cette année, les enfants ont été exposés à la pensée critique. Avec l’évolution des médias, il était important d’entendre des perspectives différentes », ajoute Sonia Nguyen.
« C’est une grande déception et dur à comprendre comme décision. C’était bien encadré et je ne pense pas qu’on perturbait qui que ce soit avec les activités qui permettent l’épanouissement de nos enfants », ajoute pour sa part Miryam Caron.
Promotion déficiente
Isabelle Giguère estime que la promotion de son activité par la Municipalité n’a pas été suffisante pour attirer d’autres résidents de Saint-Basile-le-Grand. « Je n’ai pas les mêmes ressources qu’une ville pour promouvoir des choses. J’y ai été avec mes moyens à moi. »
La promotion des activités a été effectuée à deux reprises dans le programme Info-Loisirs de la Ville, distribué à l’ensemble des résidences de la municipalité.
Mme Giguère ignore pour l’instant si elle entreprendra d’autres démarches pour trouver un nouveau local.