12 octobre 2022 - 07:00
L’absurdité à 7 piasses
Par: Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

En toute transparence, je dois vous dire que je connais Douce Labelle. Parce que tout le monde à Saint-Denis-sur-Richelieu connaît Douce et que j’y ai vécu près de dix ans. Mes enfants ont l’âge de certains des siens.

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Douce et son mari possèdent le dépanneur du village, qui sert aussi de crèmerie, de station d’essence et de magasin général, allant du matériel de chasse aux feux d’artifice.

Douce est probablement l’une des femmes les plus gentilles de Saint-Denis et aussi l’une des plus impliquées. Chambre de commerce locale, la Fête du Vieux-Marché, l’école, le restaurant en mode OBNL Chez Nelson et j’en oublie probablement.

Puis, Douce a été élue conseillère municipale aux dernières élections. J’étais vraiment heureux, en tant que Dionysien.

On me dit souvent que je devrais me lancer en politique et ça me fait rire. Les gens me disent ça juste parce que j’ai étudié en politique et que je suis, par la force des choses, très au courant de l’actualité. On pense donc que je suis un bon candidat. Ma réponse est souvent la même : je serais un très mauvais politicien. Et je donne en exemple des gens comme Douce pour m’expliquer. Je ne suis pas une personne dévouée à ma communauté; Douce, oui. Douce Labelle est pour moi un modèle parfait de politicien. Dévouée et dotée d’un esprit communautaire.

Mais comme nous le rapportons dans notre texte ici, Douce vient d’être suspendue de sa fonction pour 60 jours…

En devenant conseillère municipale, elle ne pouvait plus faire profiter son commerce des contrats de la Municipalité. Le dépanneur a donc rompu ses liens d’affaires avec Saint-Denis. Sauf pour l’essence. Comme le dépanneur est la seule station d’essence du village, les véhicules municipaux comme la camionnette des travaux publics et les camions de service-incendie continuaient de faire le plein au dépanneur.

Quelqu’un s’est plaint, et la Commission municipale du Québec a tranché le 30 septembre dernier que Mme Labelle n’avait pas respecté son code déontologique d’élue et qu’elle avait tiré des avantages de sa position pour s’enrichir.

La Municipalité n’a plus le choix : elle devra envoyer ses camions dans le village voisin, à 12,5 kilomètres. Oui, chaque fois qu’il faudra remplir la camionnette ou le camion d’incendie d’essence, il faudra rouler 25 km aller-retour. Sans compter le 30 minutes de temps de personnel. Juste d’un point de vue logistique, écologique et économique, c’est inconcevable. Le mot « absurde » n’est pas assez fort.

J’ai demandé à Douce ce que représentait ce montant, cet avantage économique qu’elle tirait de la vente d’essence à la Municipalité. Surtout que sa station d’essence appartient à la chaîne Sonic; ce n’est donc pas son mari qui fixe le prix. Douce estime que ça représente environ 7 $ par mois, net dans leurs poches.

Elle était déçue de la décision quand je lui ai parlé, mais elle préférait respecter la décision du tribunal afin d’éviter à la Municipalité de devoir dépenser de l’argent dans sa défense. Elle a donc accepté le blâme. « Avoir su tout ça, je ne sais pas si je me serais présentée », m’a-t-elle dit.

Le maire Jean-Marc Bousquet était tout aussi furieux de devoir maintenant trouver des options pour alimenter en essence sa flotte de véhicules.

Les deux sont pourtant restés très polis, et surtout, en mode solution.

J’en ai une solution, moi : se foutre de la décision et continuer de mettre l’essence au village. Que va faire le gouvernement? Envoyer la police? Ridicule.

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