Ma conversation avec Evelina Fahlesson, élue de la commune de Skellefteå – où se trouve une usine de Northvolt – m’a de plus convaincu de l’approche de l’entreprise. Les désagréments causés par la construction de l’usine seront supplantés à terme par tous les avantages, semble-t-il. Bien sûr, nous verrons bien.
Par contre, je suis de plus en plus mal à l’aise avec tout le jeu de coulisses entourant les autorisations que doit recevoir la compagnie pour commencer les travaux de construction. Le Devoir et Radio-Canada ont été les premiers à dévoiler l’existence de 74 milieux humides sur les sites visés par la venue de l’usine. Ils ont aussi dévoilé ce qui ressemble à des pressions pour que le processus de remblai se fasse plus rapidement une fois les travaux entrepris. Pas nécessairement des pressions des (nombreux) lobbyistes de la compagnie, mais du ministère de l’Environnement sur les fonctionnaires pour accélérer les processus. Qu’une entreprise fasse pression sur un gouvernement, ça ne me pose pas de problème. Mais je dois pouvoir avoir confiance en mon gouvernement pour protéger mes intérêts. C’est moyennement le cas ici.
Ce n’est pas pour rien que de plus en plus d’experts en biodiversité ou en environnement, ou de citoyens concernés demandent que le BAPE mette son nez dans le dossier. Bien sûr, une partie du projet sera soumis au BAPE – l’usine de recyclage –, mais seulement une fois construit. De plus en plus, le projet annoncé en grande pompe commence à se draper d’un voile opaque.
On a l’impression que l’avenir du terrain est entre les mains de gens pressés à produire des batteries sans trop vouloir s’imposer de reddition de comptes.
Ce n’est pas moi qui le dis. Dans une lettre que nous publions comme d’autres médias cette semaine, près de 130 scientifiques, spécialistes et experts s’inquiètent du « manque d’informations, de transparence et de rigueur scientifique qui entoure le projet Northvolt ».
On pourrait parler des retombées économiques ou encore des espèces menacées, mais on viendrait finalement parler de la même chose : la rapidité. Ce qui ressort de tout ce dossier, c’est que la Coalition avenir Québec veut ce projet le plus rapidement possible pour faire partie de la course à l’électrification des transports, et il ne faudrait pas que les règles environnementales brisent le momentum.
Plus les questions sur l’impact environnemental de l’usine s’additionnent, plus ma boîte courriel se remplit et plus les gens sur le terrain s’organisent. J’ai bien l’impression que ces derniers seront bien présents aux deux séances d’information du 27 et 28 novembre à McMasterville et Saint-Basile-le-Grand. J’espère que le gouvernement du Québec profitera de l’occasion pour faire preuve d’un peu plus de transparence et nous rassurer un peu.