Moderne, mais sans âme.
Un bloc de 16 logements entre deux bâtiments semblables, pour un total de 48 logements à l’orée de Saint-Hyacinthe, à environ 20 minutes de Belœil. Le bâtiment n’a rien d’un espace de vie; j’ai une case de stationnement déneigée, une bonne sonorisation et une belle église comme voisin en face; j’ai connu voisin plus bruyant.
Parlant de voisins, après deux ans, j’en connais peut-être deux. J’en ai salué quelques-uns. Nous n’avons pas de cour commune, pas de parc, pas d’infrastructure. Ah, c’est beau! Très beau. Un peu froid. Pour recevoir des amis pour un verre, c’est même très classe, à la limite. Pour les deux enfants, c’est ordinaire. C’est, je me répète, sans âme. Ça suit quand même bien à la perfection le petit livre des règlements municipaux.
Je ne peux pas me plaindre, bien sûr. On pourrait dire que j’ai mal choisi l’endroit, mais on connaît tous l’état du marché immobilier. J’aurai aimé deux ou trois tables de piques-nique. Un endroit où frapper un ballon, une place pour mettre une chaise et saluer les passants et les voisins. Pas juste un salut furtif, à la volée, en tenant la porte à un voisin les bras pleins d’emplettes.
Oui, je sais que le modèle actuel de banlieue n’est plus viable pour la planète. Une ville centre entourée de villes dortoirs avec de grosses maisons dotées de cours tellement grandes que son voisin pourrait aussi bien vivre dans un autre quartier. Mais l’entre-deux est sûrement possible.
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Vous comprendrez mon ouverture à la proposition d’un tout nouveau quartier à Belœil, imaginé par les architectes Pierre Thibault et Jérôme Lapierre. Un quartier où « l’expérience piétonne, la mobilité durable, la proximité des services et la présence d’espaces verts feraient partie intégrante du projet » pour rapporter les mots de mon collègue. Un quartier avec des rues partagées entre automobilistes et autres utilisateurs de la route, avec des stationnements souterrains et des « îlots » de copropriétés avec une cour commune au centre.
Quoi ne pas aimer? Probablement le coût prohibitif pour les moins nantis, malheureusement. Mais tant qu’à loger 8000 nouveaux résidents, aussi bien le faire avec une belle vision de développement et une volonté de proposer autre chose que des espaces stériles et sans âme, avec pour seul but d’accueillir un max de payeurs de taxes.
Bien sûr, le développement du quartier du futur à Belœil en est encore à un stade préliminaire. Mais la présentation montre qu’on est prêts à un peu plus. Et je suis content de voir cette semaine dans nos pages qu’un promoteur propriétaire d’une partie des terrains abonde dans le même sens que la Ville. Saluons donc l’initiative de la Ville, en espérant qu’elle garde le cap. C’est la dernière fois que Belœil aura l’occasion de proposer un quartier du genre.