7 Décembre 2022 - 07:00
Serge Marois 1948-2022
« L’âme et le cœur de L’Arrière Scène » n’est plus
Par: Olivier Dénommée
Serge Marois, le fondateur de L’Arrière Scène. Photothèque | L’Œil Régional ©

Serge Marois, le fondateur de L’Arrière Scène. Photothèque | L’Œil Régional ©

Serge Marois, cofondateur et directeur artistique de L’Arrière Scène pendant plus d’une quarantaine d’années, s’est éteint le 2 décembre, des suites d’un cancer. Il avait 74 ans.
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L’état de santé de Serge Marois était un secret de Polichinelle depuis plusieurs mois, alors qu’il était déjà aux soins palliatifs à domicile au moment de la première de sa dernière pièce Ma sœur, la conclusion de sa « Trilogie familiale ». « Il a vu la captation vidéo de la pièce et il était fier de voir que son œuvre était appréciée. Même malade, il a réussi à mener ce bateau à bon port », soutient Jean-François Guilbault, qui a pris le flambeau de la direction artistique de L’Arrière Scène ces dernières années.

M. Guilbault se souviendra de son prédécesseur comme étant un homme qui avait le théâtre jeunesse tatoué sur le cœur. « Il était rigoureux et savait être très critique, de façon bienveillante. Il n’avait pas un regard complaisant sur le théâtre et il a permis d’élever le niveau du théâtre jeune public. […] Et, en même temps, il était très insécure envers ses propres œuvres! C’était un perfectionniste. » Il croit que ses nombreuses créations de même que son écriture particulière, « poétique et empreinte de douceur », lui survivront longtemps.

Stéphane Leclerc, qui a cofondé L’Arrière Scène avec Serge Marois en 1976 en plus de partager sa vie intime pendant une dizaine d’années, se souvient quant à elle d’un homme extrêmement engagé et impliqué dans sa cause pendant toute sa vie. « Je l’ai connu à l’Externat classique de Longueuil. Déjà à l’époque, il s’intéressait au théâtre d’avant-garde. Et au début des années 70, il y a eu un mouvement fort de création pour la jeunesse. »

C’est dans ce contexte que L’Arrière Scène de même que le café-théâtre le Pont Tournant, situé pendant quelques années dans le Vieux-Belœil, ont vu le jour. « Et aujourd’hui, L’Arrière Scène est reconnue et on a entendu le ministre Simon Jolin-Barrette dire [lors de l’annonce de l’agrandissement du Centre culturel de Belœil] à quel point le théâtre peut faire une différence auprès des jeunes, les marquer positivement et ouvrir leurs horizons », se réjouit-elle, estimant que des grands artistes comme Serge Marois ont aidé à faire évoluer les perceptions face au théâtre et à l’art en général.

Mme Leclerc espère que l’on se souviendra longtemps de cet homme qui a été « au service de la création toute sa vie » et qui mériterait, selon elle, que son nom soit éventuellement associé à une salle dans le Centre culturel qu’il a occupé avec L’Arrière Scène pendant 40 ans.

L’actuel président du conseil d’administration de L’Arrière Scène, le comédien Pierre Curzi, avait aussi de bons mots à dire au sujet de Serge Marois, qu’il appréciait beaucoup. « C’était vraiment l’âme et le cœur de L’Arrière Scène, qui a consacré sa vie à cette troupe. C’est un homme important que l’on vient de perdre. » Il n’a toutefois aucune crainte pour l’avenir de L’Arrière Scène, qui « est là pour rester » et qui va continuer sa mission d’offrir du théâtre intelligent pour les jeunes publics.

Serge Marois laisse dans le deuil ses proches, dont son conjoint, son fils et son frère, mais aussi de nombreux amis et collaborateurs autant au Québec qu’en Europe rencontrés au fil des décennies. Une célébration en sa mémoire sera organisée au Centre culturel de Belœil le 19 décembre à 11 h.

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