Le directeur de l’organisme Frédérick Fortier note que beaucoup d’inconnues persistent encore dans le débat du cannabis. Outre l’âge légal de consommation à 18 ans, et le monopole d’État sur la vente légale de cannabis, il souligne qu’on ne connaît pas les mesures qui seront prises concernant la conduite sous l’effet du cannabis, où seront situés les points de vente ou encore si les municipalités règlementeront la consommation sur la place publique comme dans le cas de la cigarette ou de l’alcool.
D’ailleurs, à la Ville de Belœil, la porte-parole Caroline Nguyen Minh confirme qu’il est pour le moment difficile de dire quelles répercussions auront ce changement puisque la Ville ne connaît pas encore la teneur de la loi. Elle évoque toutefois la possibilité d’adapter la loi comme les villes l’ont fait dans le cas de la cigarette électronique.
Selon M. Fortier, les municipalités auraient toutefois avantage à faire appel aux organismes communautaires possédant une expertise sur le sujet. Il soutient que leur expertise pourrait aider les municipalités, notamment pour informer les citoyens. L’organisme a d’ailleurs été sollicité par Saint-Basile-le-Grand pour une conférence sur le sujet en collaboration avec la maison des jeunes La Butte et un travailleur social dans le cadre de la semaine de la prévention de la toxicomanie.
Même si elles n’adoptent pas des directives claires sur le sujet tout de suite, l’intervenante Yannick Vézina souligne que les municipalités peuvent tout de même s’informer et se sensibiliser aux enjeux. «À quelques mois de la légalisation, il faudrait que l’information descende plus. Je pense que tout le monde aurait intérêt à prévenir, mais prévoir la chose aussi», explique M. Fortier.
Au travail
L’Arc-en-ciel travaille aussi à développer une nouvelle offre de services pour les entreprises qui souhaiteraient adopter une politique en matière de drogue et d’alcool en milieu de travail. M. Fortier participera d’ailleurs à une formation sur le sujet la semaine prochaine. «On est un organisme communautaire. On travaille déjà avec les jeunes dans les écoles. On fait de la sensibilisation dans les écoles primaires et secondaires. Si on pouvait rester local et l’offrir pour le marché de travail, pour les jeunes qui s’en vont sur le marché du travail, qu’on rencontre déjà.»
Pas d’impact sur l’organisme
La légalisation du cannabis n’aura pas d’impact sur l’approche de l’Arc-en-ciel, axée sur la réduction des méfaits. M. Fortier reconnaît toutefois que la nouvelle loi peut susciter des questions chez les parents. Certains auront à revoir la manière dont ils abordent le sujet avec leur enfant, puisque l’argument de la légalité ne tiendra plus la route. Il croit toutefois qu’il faudra s’attaquer davantage à certains mythes pour mieux faire connaître les enjeux afin d’aider les parents à sortir du côté émotif et les outiller à accompagner leur enfant dans leurs expériences.
L’organisme espère d’ailleurs que l’argent provenant de la vente sera réinvesti en partie dans les organismes communautaires afin de leur donner les moyens de continuer leur travail de prévention.
Les élèves de Polybel en discuteront
Les élèves de quatrième secondaire de l’école Polybel feront cette année leur préparation à l’examen écrit en français du ministère de l’Éducation sur les enjeux de la légalisation du cannabis. Le directeur de l’Arc-en-ciel, Frédérick Fortier, explique que ce désir est né de démontrer que les jeunes peuvent aussi avoir des opinions sur des enjeux de société. «On leur laisse se forger leur propre opinion. Ils vont se donner la peine de fouiller et d’aller chercher. Souvent, c’est la meilleure prévention», ajoute Yannick Vézina, intervenante à l’organisme.
C’est la deuxième année que les élèves de quatrième secondaire auront à se positionner sur le sujet. L’Arc-en-ciel a approché toutes les écoles de son territoire, mais seuls les enseignants de la Polybel ont embarqué. Les élèves devront construire leur argumentaire à partir d’une conférence de l’organisme et d’articles fournis par l’Arc-en-ciel. La question reste encore à être déterminée, mais ne portera pas sur la légalisation, puisque la question est déjà réglée. «Le débat n’est plus d’être en accord ou non avec la légalisation du cannabis, mais comment fait-on pour s’ajuster à sa présence?» souligne Frédérick Fortier.