13 octobre 2025 - 05:00
Le bon candidat
Par : Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

Je suis toujours pris entre deux états d’esprit concernant l’accès au poste de la mairie : le bon administrateur ou le bon citoyen.

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On m’a dit plusieurs fois, même récemment, qu’on devrait réserver le siège de la mairie à un ancien conseiller municipal. Qu’avant de servir comme maire, il faudrait avoir d’abord siégé comme élu. Quand on me dit ça, je suis d’abord d’accord. Pour diriger une ville, il faut en connaître les rouages. Un bon administrateur, donc.

Mais, foncièrement, je finis par être contre. L’idée même de la démocratie, c’est d’avoir autour de la table des gens de tous horizons. Nous avons déjà un appareil administratif au sein de chaque municipalité. Ce qu’on veut, ce sont de bons citoyens pour donner la direction, partager leur vision.

En entrevue avec Marilyn Nadeau, la mairesse sortante de Saint-Jean-Baptiste, notre discussion sur sa candidature a bifurqué vers le nombre de personnes qui se présentent à l’élection de novembre. Elle se disait un peu plus nerveuse cette fois-ci. Même si son travail au sein de la Fédération québécoise des municipalités l’a amené à travailler sur des dossiers pour encourager davantage de candidatures au municipal, elle observe que plusieurs personnes se présentent cette année sans bien comprendre le rôle d’un élu.

« Je vois ça arriver et je pense qu’il y aura beaucoup de pédagogie à faire. Il ne faut pas se présenter pour régler son problème ou pour des intérêts personnels. Les candidats doivent comprendre qu’ils sont au service de la population », m’a-t-elle confié.

Peut-être, lui ai-je répondu. Mais pour me faire l’avocat du diable, j’ajoute que c’est un peu le lot de tous les candidats à une élection. On se fait une idée du rôle, mais c’est vraiment une fois en poste que la lune de miel fout le camp et qu’on découvre les responsabilités et, surtout, les (nombreuses) limites du poste.

Mais c’est ce qu’on veut, fondamentalement, en démocratie. On veut que ce soit le public qui donne la vision, pas les gestionnaires. Ce n’est pas parfait, c’est parfois brouillon et surtout pas très efficient. Mais c’est le coût de la démocratie.

Et on préfère encore ça à l’absence d’élection – comme c’est le cas dans plusieurs municipalités de la région. Pensons à Mont-Saint-Hilaire, où le maire Marc-André Guertin n’a eu aucune opposition. Il n’est pas le seul : plus de la moitié des municipalités du Québec n’auront pas de véritable course à la mairie lors des élections du 2 novembre. Plus de 560 maires ont déjà été élus par acclamation, selon Élections Québec.

Ce phénomène s’explique probablement par le grand nombre de petites municipalités et le manque de relève politique, comme le souligne l’experte du monde municipal Danielle Pilette. Elle ajoute toutefois que dans les villes où les citoyens sont satisfaits, la compétition tend à disparaître. Je pense à M. Guertin, qui bénéficie du fait que Mont-Saint-Hilaire est nommée parmi les villes où il fait le plus bon vivre au Québec. Ça ne donne pas forcément envie de changer la formule. Mais bon, on aurait aimé un peu plus de challenge.

Alors, félicitations à ces maires et mairesses de la région qui entament un nouveau mandat. Pour les autres candidats, encore quelques semaines de porte-à-porte. Et une lune de miel de courte durée.

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