6 septembre 2023 - 07:00
Le climat du débat
Par: Vincent Guilbault
En 2021, Richard Dawkins, un biologiste anglais réputé, un athée militant et aussi considéré comme un humaniste, a remis en question si simplement déclarer une identité de genre devait être accepté sans question. Il avait seulement invité les internautes à discuter de la question sur Twitter.
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Son tweet se traduirait comme ceci. « Certains hommes choisissent de s’identifier comme des femmes, et certaines femmes choisissent de s’identifier comme des hommes. Vous serez vilipendé si vous niez qu’ils sont littéralement ce qu’ils prétendent être. Discutez-en. »

Confronté sur ses propos, il avait précisé son discours.

« Je n’ai pas l’intention de dénigrer les personnes trans. Je constate que ma question académique “Discutez-en” a été mal interprétée comme telle et je le déplore. Ce n’était pas non plus mon intention de m’allier de quelque manière que ce soit avec les bigots républicains aux États-Unis exploitant actuellement cette question. »

Pour ces simples lignes, l’Association humaniste américaine avait retiré l’honneur « d’humaniste de l’année » qu’elle avait accordé au biologiste évolutionniste en 1996 pour ses « contributions significatives » dans la communication de concepts scientifiques au public. M. Dawkins disait ne pas trop s’en formaliser, mais je me souviens que ça m’avait dérangé beaucoup à l’époque.

Longue introduction pour discuter de la question du genre de Mx Martine. Notre climat de discussion est vraiment pourri au Québec et encore, je blâme en bonne partie les réseaux sociaux.

Ces questions donnent la fausse impression que la société est divisée en deux chaque fois qu’un débat social fait rage. C’est maintenant le tour de l’enseignante non-binaire de notre Centre de services scolaire des Patriotes. Si vous n’avez pas suivi le débat, je résume : un enseignant a demandé à être nommé Mx au lieu de M. ou Mme parce qu’il se dit non-binaire, c’est-à-dire qu’il ne s’identifie à aucun genre, malgré son sexe de naissance.

Naturellement, on a eu droit à une panoplie de commentaires disgracieux et même à la limite criminels, puisque notre police s’est penchée sur certains commentaires sur les réseaux sociaux. Pour certains, la notion même de demander aux enfants de dire le préfixe Mx à un prof est non seulement terrible, mais c’est le début de leur endoctrinement à des théories du genre tordues pour briser la famille moderne. On a peur que d’avoir un enseignant un peu différent de la majorité pervertisse nos enfants et leur donne le goût de procéder à des changements de sexe en série. On se calme. Ces propos sont violents et les personnes qui les tiennent souvent néfastes.

Mais il est vrai que le climat actuel ne favorise pas le débat. Prenons juste l’idée d’appeler une personne Mx. Sans m’y opposer, j’ai personnellement des interrogations sur le concept, notamment sur son impact sur les questions de langage et de préjugés sur les genres. Et plus j’écoute les personnes non-binaires en parler, plus leurs réponses me soulèvent d’autres questions. Mais je n’ai pas vraiment le goût d’en discuter. J’ai vu carrément un contact sur mon Facebook souligner qu’une personne qui s’oppose au terme Mx, c’est la même chose que de s’opposer aux droits des personnes LGBTQ. Et bien, je dis non. Nous avons le droit de questionner le terme, dans le respect qui s’impose. Plus je vieillis, moins mes idées sont tranchées. Les réponses aux questionnements éthiques, sociaux, légaux ou sur la psychologie humaine ne seront jamais autant précises que celles des sciences physiques. Permettons-nous ce lieu de discussions sans tomber dans la peur.

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