La série a pris naissance en 2020, tout juste avant le début de la crise sanitaire. François Perras s’intéresse depuis quelques années à l’omniprésence du virtuel dans nos vies à travers les téléphones intelligents et les réseaux sociaux. Il s’est ainsi attardé sur le symbole « j’adore » de Facebook, qui sert de fil conducteur dans les univers de près d’une cinquantaine d’œuvres exposées au Musée. « Depuis l’Antiquité, on associe le cœur au siège de nos émotions. J’ai voulu amener le cœur au-delà de son pictogramme. C’est comme un personnage dans mes toiles, servant à amener une réflexion », explique l’artiste.
Il s’est abondamment amusé avec des clins d’œil aux innombrables expressions incluant le mot « cœur », assumant un côté ludique et accessible, mais cache dans plusieurs de ses toiles un certain message social. « Dans mes toiles, je joue entre l’abstraction et le surréalisme. Je crois que les œuvres feront sourire les gens, mais dans chacune d’elles, j’essaie d’exprimer des choses pour amener une réflexion. » Certaines sont très subtiles, d’autres beaucoup moins. L’installation « L’oratoire des dévotions » met côte à côte une représentation du cœur du Frère André et le cœur de Facebook, montrant que les deux ont sensiblement le même rôle. « Avant, les gens cherchaient des réponses à leurs questions dans l’au-delà. Là, ils sont des milliards à les chercher sur Internet! », souligne François Perras.
Droit au cœur
François Perras croit avoir visé juste avec le thème de son exposition, qui « touche les gens » de différentes manières. « Je joue dans les émotions; qui ne réagit pas face à un cœur? Les réactions sont belles, l’exposition fait appel aux émotions des visiteurs tout en leur permettant d’aller au-delà de la simple image du cœur. Et je pense que même les enfants pourront avoir du fun avec cette expo! » Il souhaite aussi que les gens qui verront Pictocœurs ne portent plus le même regard lorsqu’ils s’apprêteront à cliquer « j’adore » sur Facebook. « J’offre à la fois quelque chose de ludique et qui porte à réflexion. Aux visiteurs de prendre ce qu’ils veulent », ajoute le Charlerivain.
Intermède pandémique
Une petite partie de l’exposition Pictocœurs est consacrée à la série Schéma viral, qui a vu le jour en réaction à la pandémie de COVID-19. Cette production avait interrompu l’élan de Pictocœurs et devait être présentée au Musée, mais François Perras a proposé de changer le thème de l’exposition pour ratisser plus large, ne gardant qu’un mur en souvenir de cet « intermède ». « Je pense qu’à ce stade-ci, les gens doivent être tannés d’en entendre parler! Et avec l’hiver, on a besoin d’amour et c’est une belle exposition ludique que je propose », commente l’artiste. Il note toutefois qu’il s’agit d’un « beau hasard » que cette exposition soit présentée durant le mois de la Saint-Valentin.
L’exposition Pictocœurs de François Perras est présentée du 14 janvier au 5 mars 2023, au MBAMSH. L’artiste participera à quelques activités en lien avec l’exposition, dont une ce dimanche 12 février dans le cadre d’une activité créative familiale. Info : mbamsh.com.