13 décembre 2023 - 07:00
Le coût de l’ambition
Par: Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

Commenter les budgets municipaux est toujours un exercice délicat. À quel moment une hausse de taxe municipale est-elle exagérée, justifiée, imposée? Dans le cas de Belœil et Mont-Saint-Hilaire, les résidents devront plonger un peu plus dans leurs poches pour aller chercher un montant plus élevé cette année. C’est, semble-t-il, le prix de l’ambition.

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La hausse est un peu plus spectaculaire du côté de Belœil, qui se dote de deux taxes spéciales pour ses travaux de voirie et pour ses infrastructures de loisirs, dont le plan ambitieux a été dévoilé un peu plus tôt cette année. Un plan qui propose de nouvelles infrastructures sportives, dont la possibilité d’un nouvel aréna et d’une piscine en eau vive.

En additionnant ces taxes, le propriétaire d’une maison de valeur moyenne peut s’attendre à une hausse de ses taxes d’environ 10 %, ce qui représente quelques centaines de dollars de plus par année.

Est-ce trop? Je n’ai pas la réponse. La mairesse de Belœil, Nadine Viau, a souvent employé le mot « audace » pour décrire ses décisions. On y ajoute cette année « ambition », avec un plan de 65 M$ pour faire croître la Ville. Il s’agit donc ici d’un choix politique endossé par tous les élus et c’est à eux de défendre leur proposition. Mais alors que les familles peinent à joindre les deux bouts, était-ce le temps idéal pour leur demander un effort fiscal supplémentaire? En même temps, si la Ville veut investir dans d’importants projets d’infrastructure, il n’y a jamais de meilleur moment que « maintenant ». Les dernières années nous ont montré que l’attente se traduit souvent par des hausses des coûts pharaoniques (le tramway de Québec, ça vous dit quelque chose?).

Deux disques rayés

Deux aspects des budgets municipaux me puent réellement au nez : rendre la hausse des quotes-parts responsable de tous les maux et les promesses de ne pas hausser les taxes pendant les élections.

D’abord, chaque année, les élus expliquent la hausse de comptes de taxes par la hausse des quotes-parts remis aux différents organismes intermunicipaux (la gestion de l’eau, les régies de service incendie et de police, etc.). Je comprends que les régies intermunicipales représentent une importante part des budgets. Pour Belœil, c’est le tiers de ses revenus (33 %). Mais même si ces régies n’existaient pas, les services qu’elles offrent devraient être offerts par les villes. Deuxièmement, ces régies ne sont pas des entités mystérieuses outre-mer puissantes qui envoient une facture avec des obligations de payer; ce sont des organismes municipaux dont les conseils d’administration sont composés des mêmes élus que dans nos villes. Les leviers de contrôle sont donc entre nos mains. Je suis content de voir que la Ville de Belœil demande que certaines régies optimisent leur « performance organisationnelle » pour alléger les hausses dans leur budget. Car ce que j’entends souvent d’anciens élus, c’est que les directions des régies proposent un montant et les élus les adoptent souvent sans trop poser de questions. Parce que c’est comme ça. Peut-être qu’un petit ménage s’impose.

Finalement, je sais que de proposer un gel de taxes peut sembler être une bonne idée en campagne électorale. Mais dans le réel, près de 75 % du budget d’une ville est immuable (salaires, administration, régies, dette, etc.), les élus n’ont pas tant de marge de manœuvre. Et si on est pour geler une année, mais annoncer une hausse de 10 % l’année suivante, à quoi bon? Être un bon gestionnaire ne devrait pas être une promesse électorale; ça devrait aller de soi.

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