16 octobre 2019 - 15:34
Le IGA Pepin procède à un licenciement de ses employés
Par: Denis Bélanger

Le centre commercial abritant présentement le IGA appartient à une société de portefeuille immobilier dont le premier actionnaire est Provigo Properties Limited. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

Le Marché Pepin IGA de Mont-Saint-Hilaire fermera ses portes pour une durée indéterminée le 8 janvier prochain. L’entreprise familiale s’est vu refuser la prolongation de son bail par le propriétaire de son local actuel, bail qui se termine le 30 janvier 2020. Le marché d’alimentation doit ainsi procéder au licenciement massif de 134 employés.

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L’épicerie de Mont-Saint-Hilaire se retrouvera sans toit alors que son futur local de la rue Saint-Georges ne sera pas prêt à temps. La durée de construction du bâtiment s’élève à plus d’un an et la construction est bloquée en raison d’une ordonnance de la cour émise cet été.

La cour supérieure doit déterminer bientôt si une injonction doit être accordée le temps que la poursuite judiciaire intentée au départ par les propriétaires du Metro de Mont-Saint-Hilaire soit entendue devant les tribunaux.

Propriétaires aussi des magasins à Belœil et McMasterville, les Marchés Pepin avaient entamé déjà la semaine dernière des procédures légales en émettant un avis de licenciement massif dans l’éventualité où une fermeture était nécessaire. Même si l’entreprise familiale entretenait toutefois un certain espoir, les propriétaires ont appris vendredi dernier que le bail ne serait pas prolongé.

La fermeture du IGA privera aussi les clients d’un comptoir de services de Poste Canada. Metro deviendra ainsi la seule épicerie sur le territoire de Mont-Saint-Hilaire et d’Otterburn Park.

Un risque d’affaires
Les Marchés Pepin ont indiqué en janvier dernier au propriétaire du centre commercial qu’il occupait depuis 1979 qu’ils ne se prévaudraient pas de leur option de renouvellement de cinq ans. Dans un communiqué, l’entreprise rappelle qu’au moment de prendre la décision, le projet de relocalisation allait bon train et l’entreprise estimait que son local serait prêt à temps.

Notons toutefois qu’en janvier, le mécanisme possible de contestation auprès de la Commission municipale du Québec pour le nouveau règlement de zonage de la Ville permettant le projet n’était pas complété. Un nombre suffisant de demandes citoyennes a été déposé et le règlement a été jugé non conforme. Ce premier frein au projet a obligé le promoteur Odacité, derrière le projet de construction, de modifier son développement pour accélérer la construction.

« C’est un risque d’affaires qui a été pris, commente le président d’Odacité et promoteur du projet, Steve Richard. On ne le savait qu’en janvier qu’il y aurait peut-être un mois ou deux de retard. La poursuite des Riendeau [propriétaires du Metro voisin] est tombée après, en avril. Dans le pire des cas, on était ouverts en avril 2020. Il n’y aurait pas eu de licenciement massif. Il fallait renouveler avec une opération continue. Une fois qu’on aurait ouvert sur Saint-Georges, on était obligés de continuer à opérer l’épicerie jusqu’à la fin du bail. »

IGA et Odacité sont tristes de la tournure des événements  
M. Richard assure qu’IGA demeure un locataire prévu pour son développement. « Ce sont là malheureusement les conséquences des manigances qui durent depuis des mois. Ça fait longtemps qu’on parle du risque que ces personnes perdent leur emploi pendant plusieurs mois, voire toute une année, condamne-t-il. C’est malheureux pour nous, mais surtout pour les salariés. »

Les deux entreprises croient toujours au bienfait du projet et ils ont bon espoir qu’il se concrétise.
« Rappelons que ce projet offrira des commerces de proximité, une offre résidentielle locative en plus de répondre aux exigences de densification urbaine et de développement durable en offrant à la ville le premier toit maraîcher dans la région, soit le deuxième au Québec », renchérit la famille Pepin par voie de communiqué.

On se dit aussi conscients que le recrutement de la main-d’œuvre pourrait être difficile à la reprise des activités en raison de la pénurie dans tous les secteurs d’économie.

Le milieu sympathise

L’avis de licenciement massif par le IGA de Mont-Saint-Hilaire laisse peu de gens insensibles à la situation, à commencer par la Ville de Mont-Saint-Hilaire. « Il est très triste d’apprendre qu’un commerce d’envergure, pourvoyeur d’emplois, moteur de la vie économique de la région, soit contraint de procéder au licenciement d’un si grand nombre d’employés, a répondu par courriel la porte-parole de la Municipalité, Julie Benjamin. La Ville souhaite bien sûr un dénouement positif de la situation actuelle. Nous espérons que les employés touchés se retrouveront rapidement du travail. »

La directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie Vallée-du-Richelieu, Julie La Rochelle, tient des propos similaires. « C’est une situation bien regrettable pour tous les employés. Nous sommes toujours navrés d’apprendre de telles informations, mais nous espérons que la situation économique actuelle permettra aux travailleurs touchés de se relocaliser rapidement, dans différentes organisations de la région. »

Pour sa part, François Tardif, copropriétaire de la boulangerie artisanale Le Pain dans les Voiles, qui s’est joint avec L’Eau Vive au recours judiciaire de Metro, compatit aussi avec les employés d’IGA. Il a réitéré qu’il n’a jamais été contre l’épicier et que la problématique se situait au niveau de la Ville et du conseil municipal qui n’avait pas fait les choses de la bonne manière.

Nelly Vidal, copropriétaire de l’Eau Vive, tient toutefois des propos plus tranchants envers IGA et Odacité. « Ils auraient dû dès le début regarder en face la réalité, c’est-à-dire la forte opposition citoyenne à ce projet, et changer leur fusil d’épaule afin de préserver les emplois. Ils choisissent apparemment de faire les victimes. Et on ne manquera pas de jouer du violon sur les licenciements que cela va occasionner. »

Réaction de Metro
À l’instar des autres intervenants, le directeur des opérations du Metro de Mont-Saint-Hilaire, Gabriel Riendeau, a aussi été invité par le journaliste à commenter la nouvelle. « J’ai beaucoup d’empathie pour les employés et de respect pour la famille Pepin. Ce sont nos compétiteurs et une très bonne famille établie ici depuis longtemps. Nous sommes contents d’avoir un compétiteur et ne voulons pas être les seuls à Mont-Saint-Hilaire. Je ne vois pas en quoi les démarches que j’ai entreprises tardivement en avril ont un lien avec ça. Le projet n’était pas encore sur les rails. Dans ma tête, c’était impossible que le projet soit prêt pour le 1er février 2020. Je ne comprends pas pourquoi ils n’ont pas renouvelé l’option de cinq ans pour assurer la pérennité. »

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