3 avril 2024 - 05:00
Vers une ouverture en mai?
Le journal visite le parc aquatique Oceania
Par: L'Oeil Régional
Une photo qui montre l’avancement des travaux quelques semaines avant notre passage. Photo gracieuseté

Une photo qui montre l’avancement des travaux quelques semaines avant notre passage. Photo gracieuseté

José Lobato au début des travaux. Photothèque | L’Œil Régional ©

José Lobato au début des travaux. Photothèque | L’Œil Régional ©

Le centre aquatique Oceania devait ouvrir ses portes en 2021. En août dernier, le promoteur José Lobato, propriétaire de l’entreprise Corel et du Groupe Lobato, promettait une ouverture pour décembre 2023. Pourtant, en janvier dernier, son entreprise a dû demander encore une fois à Belœil un renouvellement de permis pour continuer les travaux du parc situé à côté de l’autoroute 20. Un montant qui dépasse les 16 000 $.
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Questionné sur les retards, M. Lobato a rétorqué en invitant L’ŒIL à visiter les lieux pour voir l’avancement des travaux, lui qui espère cette fois accueillir ses premiers baigneurs en mai prochain.

Le 7 mars dernier, M. Lobato et moi avons donc fait le tour du complexe, dans chacune des pièces et chacune des salles.

Sur place, le stationnement fourmille un peu plus qu’à l’habitude. Casque sur la tête, je me promène entre les employés qui s’activent à terminer l’intérieur du complexe aquatique. M. Lobato, enjoué, me fait faire le tour des 100 000 pieds carrés du bâtiment : ici le lobby pour l’accueil, les locaux pour les huit restaurants au premier étage, le local réservé aux arcades, les vestiaires, les pièces pour les fêtes d’enfant et la salle de réception au second étage avec cuisine. Les planchers sont faits, les murs aussi. Reste ici et là à fermer les murs.

Pour le nom des restaurants, il est trop tôt pour se prononcer, dit-il, puisque si certains ont fait des dépôts, d’autres attendent pour s’y installer depuis deux ans et pourraient se désister. Il souhaite tout de même en avoir deux prêts à servir de la nourriture lors de l’ouverture des portes. Puis la salle d’arcades sera entre les mains de l’entreprise Player One, une firme montréalaise qui gère déjà les jeux dans les cinémas Cineplex.

Au second étage, on trouve une salle pour l’événementiel, elle aussi presque terminée. « Nous avons 250 places assises et une cuisine. C’est déjà loué! Les meubles ne sont pas arrivés, mais tout est commandé et dans des conteneurs », affirme le propriétaire.

Puis un système de projection 3D sera installé non loin; des projections seront d’ailleurs visibles de l’extérieur du centre.

Les glissades

La pièce de résistance est bien sûr le complexe aquatique en soi, avec piscine pour du surf, un coin pour les jeunes avec des jeux d’eau, un spa et une rivière qui fait le tour du centre avant de se terminer en piscine à vagues. Difficile de ne pas être impressionné par l’immensité du projet et l’ambition du promoteur.

Et, bien sûr, les fameuses glissades, finalement installées à l’intérieur. Elles auront traîné sur le côté du bâtiment pendant plusieurs mois, alors que les travaux étaient aux arrêts.

« Le gars voulait se faire payer. C’est pour ça qu’il les a livrées! En plus, on s’est fait voler de la ferraille et des pièces pour le surf. Ça a coûté 200 000 $ ou plus aux assurances. Et tu dois les refaire. Mon surf aurait été fini il y a un an », justifie M Lobato, concernant les arrêts. Et des arrêts, il y en a eu plusieurs, admet-il.

Mais aujourd’hui, le centre est complété « entre 80 et 90 % » et il reste surtout de la finition, dit-il. Lors de mon passage, on pouvait apercevoir encore beaucoup de roche dans la salle principale, mais « tout est bétonné en dessous et tout ira vite », disait mon hôte, confiant. « Les tapis attendent à l’extérieur, le mobilier est dans des conteneurs. Me reste à couler du béton, mais le reste, tout est beau. Le pire est fait; mes contrats sont tous signés, je n’aurais plus d’augmentation de coûts. Là, je peux juste avoir des retards de cash flow », dit-il, en référence aux montants retenus par les banques jusqu’à la fin du projet. C’est ce qui explique en bonne partie selon lui que certaines entreprises ont déposé une hypothèque légale contre son entreprise « pour mettre de la pression ». Mais tout le monde sera payé, promet-il.

Délais

Selon José Lobato, plusieurs raisons expliquent les retards dans ce projet qu’il estime avoir nécessité un investissement de 41 M$, soit presque 7 millions de plus que les 34,5 M$ projetés. Il précise que ce n’est pas simplement une question d’infrastructure, mais de baux, de décorations, du choix de fourniture.

En novembre dernier, il soulignait aussi avoir pris un an de retard notamment en mettant fin à un contrat avec l’entreprise Navada, qui devait gérer une grande partie de la construction, comme la plomberie et l’électricité. Mais la relation entre les deux entreprises s’est envenimée. Navada a notamment déposé un avis d’hypothèque légale l’année dernière contre deux entreprises de M. Lobato, Constructions Corel et Gestion Parc aquatique Belœil, et réclame aux deux entreprises un montant d’environ 450 000 $ pour des travaux réalisés. Questionné sur le sujet, M. Lobato préfère être prudent et ne pas commenter en attendant la suite des choses.

La coordination des sous-traitants a généré aussi son lot de retards et de complications, même si la qualité était au rendez-vous. « Ç’a été l’enfer, dit-il, en donnant de multiples exemples. « Comme la ventilation; le gars ne venait pas. J’ai donc dû appeler 27 compagnies de ventilation avant d’avoir un gars. Il était dispo à cause de la faillite du Réseau Sélection. Mais j’ai dû payer plus cher! Je pourrais t’en compter plein d’autres comme ça! » Sans compter d’autres délais imprévisibles, comme un ajout de trois mois de travail pour refaire une partie des fondations, car les glissades sont plus lourdes que promises. Pendant notre visite d’une heure, José Lobato enchaîne les anecdotes et les explications concernant les délais inévitables.

Toutefois, M. Lobato affirme qu’environ de 30 à 40 % des contrats étaient signés avant la pandémie et que les fournisseurs ont honoré leurs prix. Il se veut d’ailleurs rassurant et persiste à dire qu’il va rentrer dans son argent lorsque le parc sera en fonction. Il estime accueillir environ 370 000 visiteurs annuellement, un nombre qu’il décrit comme « très » conservateur. « C’est pour ça que je ne [voulais] pas ouvrir pendant la relâche scolaire. Je veux commencer tranquillement, en mode smooth operator. »

C’est la firme Vivaction qui a obtenu le mandat de gérer les opérations du parc, une compagnie spécialisée en gestion d’installations récréatives municipales qui œuvre dans les secteurs du loisir, de la culture et du tourisme. M. Lobato restera propriétaire et siégera à un comité de gestion pour superviser le centre. Une soixantaine d’emplois devraient être créés et une quinzaine de sauveteurs devront être présents en tout temps dans le parc pour assurer la sécurité.

Rappelons que les travaux du centre ont débuté en 2018 pour une ouverture visée en 2021. En 2020, le projet Oceania a bénéficié d’un prêt de 3 M$ et d’une subvention de 2 M$, versés dans le cadre du Programme d’appui au développement des attraits touristiques du ministère du Tourisme. S’ajoute à cette contribution un prêt de 4 M$ d’Investissement Québec.

Et même si le parc n’est pas fonctionnel, l’homme d’affaires doit aussi payer des taxes à Belœil depuis trois ans, même sans revenus. Pour son compte de taxe 2024 seulement, dont L’ŒIL a obtenu copie, le parc rapportera à la Ville plus de 200 000 $ en taxes foncières.

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