Lors de sa réélection en 2021, M. Lessard avait dit que ce serait son dernier mandat. Il a éventuellement remis en question ce plan avec la mise à l’agenda du projet de Northvolt ainsi que d’autres grands projets. Mais il a finalement décidé de laisser la chance à un autre. « Ma décision était prise depuis un certain temps. Mais quand les gens annoncent trop d’avance qu’ils ne se présentent pas, la campagne électorale commence dès ce moment-là. J’ai attendu au mois d’août, ce qui laisse du temps aux gens de s’organiser. »
Yves Lessard reste vague à savoir s’il donnera sa bénédiction publique pour un aspirant maire. « Je vais continuer de faire mon devoir de citoyen, qui me permet de voter pour quelqu’un. » Chose certaine par contre, si un candidat propose un programme complètement à l’encontre des décisions prises pour les années à venir, M. Lessard prendra la parole.
M. Lessard quitte la mairie la tête haute, fier d’avoir pu mettre de l’avant plusieurs contributions. « Pendant des années, le compte de taxes avait été gelé. Moi, j’ai augmenté les taxes, car on avait du rattrapage à faire. Heureusement qu’on l’a fait. On a réussi à augmenter l’attractivité pour des projets résidentiels. On va éliminer des îlots de chaleur. Il y aussi le terrain de stationnement d’exo qui pourra faire de la place à des logements. Saint-Basile s’est amélioré au palmarès du bonheur aussi; évidemment, tout n’est pas parfait. »
L’un des faits saillants ces dernières années a été le projet d’usine de batteries de Northvolt. Le sable s’est pris dans l’engrenage avec la faillite de la maison mère, mais Yves Lessard n’est pas inquiet pour la suite. « Le terrain a pris de la valeur, il est évalué dans les deux municipalités à 240 millions. Les infrastructures déjà mises en place pour le projet serviront aussi à d’autres entreprises. »
De syndicaliste à politicien
Né en Abitibi en 1943, Yves Lessard a commencé à travailler dans le milieu hospitalier à Val-d’Or. Il a aidé à l’implantation de syndicats dans plusieurs hôpitaux de la région. À la fin des années 1960, il est recruté par la CSN et travaille comme conseiller syndical jusqu’en 1998. « Ça fait plus de 25 ans que je suis à la retraite », dit-il avec le sourire.
Il s’est installé à Saint-Basile-le-Grand dans les années 1970. « A l’époque, j’avais une résidence à Sherbrooke. Mes fonctions à la CSN m’amenaient à aller à Montréal. J’ai consulté un ami pour savoir dans quel endroit rester et lui venait de s’établir à Belœil. Je suis allé le voir et c’est ainsi que je me suis établi à Saint-Basile-le-Grand. »
Yves Lessard a fait son entrée au conseil municipal de Saint-Basile-le-Grand en 2001. Il a quitté ses fonctions en plein mandat pour représenter le Bloc québécois dans le comté qui s’appelait à l’époque Chambly-Borduas. Son appui pour la souveraineté n’était pas inconnu du public. Il avait été responsable du comité du Oui dans son patelin, avec Michel Chartrand, lors de la campagne référendaire de 1995.
Yves Lessard est élu pour la première fois à la Chambre des communes le 28 juin 2004. Il est réélu deux autres fois, soit le 23 janvier 2006 et le 14 octobre 2008. Il est défait en 2011 par Matthew Dubé du Nouveau Parti démocratique (NPD), lors de la « vague orange ». M. Lessard, tout comme son chef Gilles Duceppe, a tenté un retour en 2015, dans Belœil-Chambly, mais Matthew Dubé a été réélu.
L’élu admet que la défaite de 2011 a fait plus mal que celle de 2015. « Les Québécois voulaient se débarrasser à tout prix de Stephen Harper du Parti conservateur. Mais on a misé sur un cheval qui était condamné. Quelque temps avant cette élection, j’avais vu Jack Layton – chef du NPD – et j’avais constaté qu’il était grandement malade et que sa fin de vie approchait. Le NDP avait une responsabilité, mais a préféré privilégier le parti avant le pays et ainsi garder certaines choses pour lui. »
En 2017, Yves Lessard souhaitait retourner au conseil municipal pour se garder animé. « Depuis ma défaite à Ottawa, je travaillais sur ma ferme. J’étais intéressé pour un poste de conseiller pour me garder l’esprit vif. »
Le maire sortant de Saint-Basile, Bernard Gagnon, a toutefois annoncé à l’automne qu’il ne se représenterait pas. « Il y a des gens qui m’ont dit “pourquoi que je ne me présenterais pas”. Mon épouse m’a dit, “comme je te connais, tu travaillerais autant si tu n’étais que conseiller, tu devrais y aller à la mairie”. » Yves Lessard est élu le 5 novembre 2017 avec plus de 53 % des voix, puis réélu le 7 novembre 2021, encore avec un peu plus de la moitié du vote. « Le municipal est beaucoup plus gratifiant, car les résultats sont locaux et tangibles. Au fédéral, on travaille fort aussi, mais le résultat n’est pas toujours aussi perceptible. »
Yves Lessard ne ferme pas la porte nécessairement à la politique. Il n’a jamais été en politique provinciale et des élections sont prévues pour 2026. Mais les projets immédiats de M. Lessard l’ amèneraient plutôt sur les bancs d’école. « Je veux m’inscrire à l’université pour pouvoir étudier les sciences de l’univers. Vous savez, tout ce qui nous entoure provient d’une source d’énergie quelconque. »