9 février 2022 - 13:17
Vitesse sur la rivière Richelieu
Le milieu nautique demande une table de concertation
Par: Vincent Guilbault
L'industrie nautique demande une table de concertation dont personne ne veut.
Photo Pixabay

L'industrie nautique demande une table de concertation dont personne ne veut. Photo Pixabay

L’Alliance de l’industrie nautique du Québec (AINQ) demande à la MRC de La Vallée-du-Richelieu de mettre sur pied une table de concertation régionale pour la question de la vitesse sur la rivière Richelieu. La MRC entend de son côté participer au débat si elle est invitée par les députés fédéraux à le faire, mais l’organisme n’entend pas prendre l’initiative de créer une table de concertation, a confirmé la préfète Marilyn Nadeau.

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L’adoption d’une réglementation concernant une limite de vitesse sur un tronçon de 20 km est actuellement entre les mains de Transports Canada et de quatre municipalités membres de la MRC, soit Saint-Denis, Saint-Antoine, Saint-Charles et Saint-Marc-sur-Richelieu. Les quatre villages n’en sont pas arrivés à un consensus. Notons toutefois qu’au moment de mettre sous presse, les élus de Saint-Marc-sur-Richelieu s’apprêtaient à tenir un vote sur la question.

Dans une lettre adressée à la MRC, le président de l’AINQ, Marc-André Loyer, propose la mise sur pied d’une « table de concertation neutre et inclusive, coordonnée par un médiateur expert en acceptabilité sociale et incluant une implication citoyenne active ».

Cette table pourrait être un lieu idéal, selon l’alliance, pour la recherche « de solutions efficientes et consensuelles » afin d’instaurer une réglementation sur la rivière Richelieu. « À notre avis, la consultation n’a pas été effective et gagnerait à être améliorée », indique M. Loyer.

Soulignons que l’AINQ est composé de 250 entreprises membres réparties dans les différents secteurs de l’industrie nautique et affirme représenter plus de 20 000 membres.
En entrevue avec L’ŒIL, la préfète de la MRC, Marilyn Nadeau, pense qu’une telle table de concertation, si elle devait voir le jour, devrait être initiée par les députés de Montarville (Stéphane Bergeron), de Belœil–Chambly (Yves-François Blanchet) et de Pierre-Boucher–Les Patriotes–Verchères (Xavier Barsalou-Duval), puisque la rivière est une compétence fédérale. « L’Alliance nautique ne s’adresse pas aux bonnes personnes », souligne Mme Nadeau. La MRC a toutefois la volonté de travailler avec les autres acteurs impliqués dans le dossier, ajoute-t-elle.

Rappelons que la MRC, en novembre dernier, avait appuyé la première version du règlement sur la vitesse, avant sa modification en décembre dernier. La MRC pourrait appuyer la deuxième version si un des maires en faisait la demande. Le maire de Saint-Marc-sur-Richelieu, François Berthiaume, avait soulevé l’idée dans nos pages, le 19 janvier dernier.

Pas pour le moment
En entrevue avec L’Œil Régional, le député fédéral Xavier Barsalou-Duval a souligné qu’une table de consultation pour le secteur situé entre les quatre villages n’était pas dans les plans pour le moment. Il n’est « pas exclu éventuellement de tenir une démarche pour l’ensemble de la rivière », nuance-t-il.

Il se dit très conscient des demandes des marinas, notamment sur la question de l’interdiction de la pratique de wakeboard (à quelques exceptions près). Selon lui, beaucoup de compromis ont déjà été faits avec la deuxième mouture du règlement et il reste maintenant aux quatre villages de décider s’ils vont l’appuyer.

Mauvaise idée
Pour André Bélanger, directeur de la Fondation Rivières, la mise sur pied d’une telle table de concertation est une mauvaise idée. « La concertation suppose une négociation entre les acteurs pour en arriver à un compromis. Ce type de négociation fait en sorte que chacun arrive avec sa liste de demandes et part de ses propres intérêts et on en finit par oublier l’essentiel : qu’est-ce qui est le mieux pour la protection de la rivière et pour la cohabitation entre ses utilisateurs? C’est une mauvaise prémisse et un mauvais mécanisme selon moi. »

La Fondation Rivières offre plutôt son soutien aux quatre municipalités et appuie le règlement proposé, qui faisait en bonne partie l’affaire de certaines marinas de la région. Dans une lettre envoyée aux quatre municipalités, M. Bélanger dit croire que le projet initial de réduction de la vitesse à 10 km/h « est la meilleure solution pour la protection de la rivière Richelieu ». Il affirme aussi que le milieu nautique, contrairement à sa prétention contraire, a bel et bien été écouté, et que les anciens élus des quatre villages ont bien consulté la population dans les années précédant la proposition d’un règlement, comme le demandait Transports Canada.

Selon lui, la dernière version du règlement assure une protection des habitats importants pour les espèces menacées avec l’interdiction de sports nautiques motorisés dans les zones de reproduction, contribue à réduire l’érosion des berges en limitant la navigation à 50 mètres des berges et tient compte des enjeux de cohabitation entre les différents utilisateurs de la rivière.

« Évidemment, nous aurions souhaité que la pratique du wakeboard soit tout simplement interdite à moins de 300 mètres des berges, puisque la pratique de ce sport exige la production de vagues délétères pour les berges, les espèces aquatiques et la qualité de l’eau », spécifie toutefois le président dans sa lettre.

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