La pétition pour demander que le projet d’usine de batteries soit soumis au Bureau des audiences publiques en environnement a atteint environ 5200 voix. Ce n’est pas beaucoup. On peut le constater si on consulte les pétitions sur le site de l’Assemblée nationale. Par exemple, nous avons 33 000 signataires pour exiger une annulation de la hausse des frais de scolarité pour les étudiants étrangers; 26 000 pour un meilleur encadrement des personnes violentes; 21 000 pour une réforme électorale et la mise en place d’un scrutin proportionnel.
D’ailleurs, concernant la mise en place d’un scrutin proportionnel, je vous rappelle que la CAQ était totalement en accord avec cette idée, mais que, depuis que le parti a été élu avec le système actuel, il a décidé de renier sa parole et de maintenir le statu quo. Alors, les 5000 signatures contre Northvolt, ça ne doit pas les stresser plus qu’il faut. Surtout que ce projet est piloté par le super-ministre Fitzgibbon qui, à moins d’un revirement, ne devrait pas se représenter en politique aux prochaines élections. Alors, même les chansons de Richard Desjardins ou les articles des journaux ne pourront freiner la machine Northvolt. De plus, le peu de signataires à la pétition semble pointer vers une forme d’acceptabilité sociale.
Certes, les opposants sont très vocaux, et je salue leur dévouement pour la cause, eux qui étaient présents lundi soir à Saint-Basile-le-Grand pour manifester. Mais à la fin de la journée, ils ne sont peut-être tout simplement pas assez nombreux. Pourtant, cela ne veut pas dire qu’ils ont tort. Franchement, les entourloupettes du gouvernement Legault pour permettre à l’entreprise suédoise d’éviter le BAPE en modifiant les règles du jeu font très république de bananes. L’expression est souvent galvaudée, mais je crois qu’elle n’est pas exagérée ici. Et lorsque des journalistes font des demandes d’accès à des documents, le gouvernement biffe le plus pertinent avant de les envoyer, comme le démontrait Le Devoir la semaine dernière.
Parlant du journal Le Devoir, je me dois de condamner l’entreprise Northvolt de ne pas avoir invité en bonne et due forme les journalistes spécialisés en environnement Alexandre Shields (Le Devoir) et Thomas Gerbais (Radio-Canada) à leur point de presse et visite surprise – à la dernière minute j’ajouterais – de mardi dernier. Je dirais que c’est petit… Oui, à L’ŒIL, nous tentons de tout couvrir concernant Northvolt; mais ce projet est si gros que l’apport des journaux nationaux est essentiel. Tenter de leur nuire fait encore une fois république de bananes.
Peut-être que le projet est une bonne chose et que les impacts environnementaux seront largement compensés par les retombées positives. Mais quand même, pour une démocratie, ça fait un picpic tout ça.