13 août 2020 - 13:15
Plan d’action municipal de réduction des GES
Le nombre de voitures explose à Belœil
Par: Sarah-Eve Charland

L’utilisation des automobiles représente la plus importante source d’émission de gaz à effet de serre à Belœil. Photo Robert Gosselin | L’Œil Régional ©

Alors que le plan vert du gouvernement du Québec ne convainc pas, le plan d’action visant la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la Ville de Belœil arrive à son terme en 2020. La Ville n’a pas fait de suivi sur les objectifs fixés et son territoire a connu une augmentation de plus de 3600 voitures, qui figurent parmi les plus gros émetteurs de GES.

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Les détails du Plan pour une économie verte ont été dévoilés dans La Presse et à Radio-Canada, mais n’ont pas été présentés par le gouvernement du Québec. L’objectif est de réduire de 37,5 % les émissions de gaz à effet de serre (GES) au Québec d’ici 2030 par rapport au niveau de 1990.

En 2013, Belœil publiait son plan d’action qui se composait d’un inventaire global des émissions de GES. Le transport routier était le principal émetteur de GES puisqu’il est responsable de 93,29 % (63 189,50 tonnes de CO2) des émissions totales sur le territoire. Le plan d’action se basait sur des statistiques de 2009.

En 2009, le nombre de véhicules immatriculés à Belœil s’élevait à 14 583. En 2019, le nombre a atteint 18 251 véhicules, ce qui représente une hausse de 3668 véhicules. Ce nombre comprend la hausse de 2895 camions légers pour les particuliers. Ces données ont été répertoriées par la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ).

Notons que la population en 2009 se situait à 20 148 personnes. Au dernier décret du gouvernement du Québec en janvier 2020, la population atteignait 24 066 citoyens. Belœil a donc connu une hausse du nombre de véhicules presque équivalente à sa hausse du nombre de citoyens (+3918).

Le chargé de projets – urbanisme, environnement et développement durable au Centre régional de l’environnement de la Montérégie (CREM), Benoît Péran, a participé à l’écriture du plan d’action à l’époque.

« Je ne suis pas trop étonné. C’est une tendance que l’on observe partout au Québec. Les véhicules sont de plus en plus nombreux et de plus en plus gros. En Montérégie, et probablement ailleurs, la croissance du parc automobile est plus rapide que celle de la population, ce qui signifie que le taux de motorisation est en augmentation. […] Il est évident en voyant les chiffres de la SAAQ que les émissions de GES liées aux transports des personnes ont très certainement augmenté à Beloeil depuis 2009 », croit-il.

Selon l’étude de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie HEC Montréal, État de l’énergie au Québec 2020, le parc automobile au Québec a augmenté trois fois plus vite que la croissance démographique. La catégorie de véhicules qui a connu la plus forte progression est celle des camions légers. Tous les types de transport utilisent presque exclusivement des combustibles fossiles, y souligne-t-on. L’électricité demeure encore marginale parmi les énergies utilisées en transport routier. La SAAQ définit les camions légers comme un véhicule routier de 4000 kg ou moins de types fourgonnette, camionnette ou véhicule tout usage.

« Les camions légers consomment plus de carburant que les voitures et émettent plus de GES. Certains diront qu’un pick-up de 2020 émet moins qu’une voiture de 1990, ce qui mériterait d’être vérifié, mais c’est une mauvaise comparaison pour se donner bonne conscience. Quand on se compare au pire, on est toujours meilleur », poursuit M. Péran.

Appelée à commenter les données de la SAAQ, la Ville de Belœil a tenu à rappeler ses actions pour réduire les GES. « Les actions de la Ville pour réduire les GES se concentrent surtout sur la flotte de véhicules de la Ville que l’on convertit peu à peu lorsque c’est possible en autos électriques, notamment. Nous aidons également en bonifiant nos parcours de pistes cyclables pour favoriser les déplacements actifs et par l’amélioration notable cette année des parcours d’autobus qui entreront en vigueur en septembre prochain », précise la Ville de Belœil.

Viser une diminution de 2,9 % des GES

La Ville de Belœil s’était donné comme objectif de diminuer de 2,9 % les émissions de GES en 2020. Dans cet objectif, la Municipalité souhaitait réduire de 621,5 tonnes de CO2 provenant du transport routier.

Bien que la Ville s’était engagée à tenir un inventaire de GES tous les trois ans dans son plan d’action, il n’existe aucun document de suivi de résultats. La Ville ne possède pas cette expertise à l’interne et aucun mandat de suivi n’a été octroyé par la suite, fait remarquer la Municipalité.

Le comité consultatif en développement durable dressera au cours de la prochaine année le bilan des actions réalisées dans le cadre de ce plan d’action. Le rapport devrait être déposé en séance du conseil. Parmi les actions réalisées, on retrouve l’installation de bornes municipales sur le territoire, l’installation d’équipement de réduction de gaz à effet de serre sur des véhicules municipaux et la campagne de sensibilisation « Coupez les moteurs! ». Selon les bilans annuels du comité consultatif en développement durable depuis 2013, les actions de la Ville de Belœil ont priorisé le verdissement du territoire, la gestion de l’écocentre et la sensibilisation auprès des citoyens.

La Ville effectue la plantation de plus de 1000 arbres par an. Belœil encourage de plus les déplacements actifs et le transport en commun par le biais de sa planification stratégique Ville Verte. La Municipalité mentionne aussi le réaménagement de la rue Duvernay et la bonification du réseau de transport en commun qui seront réalisés en 2020, après le terme du plan d’action.

Selon M. Péran, toutes ces mesures ont du bon. Toutefois, le plan d’action ne prenait pas en compte la plantation d’arbres. Dans le cadre du programme Climat Municipalité, la plantation d’arbres n’est pas considérée comme une méthode de réduction des GES, mais comme une action de compensation. L’achat de véhicules électriques peut permettre une diminution des GES si le nombre de voitures de la Municipalité n’a pas augmenté.

« Ces actions ne compenseront pas l’augmentation des GES liée à la croissance du parc automobile », conclut M. Péran.

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