La décision a été rendue publique le 22 août par la mairesse et cheffe d’Oser Belœil, Nadine Viau, pendant la dernière séance du conseil municipal. « Le constat que l’on fait est que le parc répond à un besoin des citoyens. […] L’emplacement du parc n’est pas remis en cause et son déménagement n’est pas une option », a-t-elle expliqué, s’appuyant sur les résultats du recensement effectué pour le compte de la Ville du 18 juillet au 24 juillet.
Ces données révélaient que 660 chiens ont franchi les portes du parc pendant ces sept jours – ce qui inclut ceux qui sont revenus à plusieurs reprises – et que les deux tiers des utilisateurs (66 %) demeuraient à Belœil, principalement des districts 4 et 5, soit les districts voisins au parc, suivis des districts 6, 7 et 8. Les autres visiteurs venaient principalement des villes voisines de McMasterville et de Mont-Saint-Hilaire (22 %) et la portion restante (12 %), d’autres municipalités.
« On tergiversait depuis longtemps dans ce dossier. D’un côté, on était empathiques avec ce que vivent les voisins, mais, de l’autre, on comprenait les besoins des utilisateurs. Il n’y avait pas de bonne réponse à ce débat, mais on s’est fiés sur les faits pour prendre notre décision », commente Nadine Viau en entrevue à L’ŒIL. Celle-ci croit tout de même que les mesures d’atténuation mises en place dans les dernières semaines aideront la cohabitation entre les utilisateurs et les riverains, comme un projet pilote d’heures d’ouverture réduites la fin de semaine et l’ajout d’un système de portes aimantées qui doivent réduire le bruit de rebond et qui peut contrôler les heures auxquelles les gens peuvent entrer. « On continue la recherche de solutions pour diminuer les irritants. Le nouveau système de portes n’est pas parfait et il devra encore être modifié, mais pour les heures de fin de semaine [9 h à 17 h plutôt que 7 h à 22 h], je constate que les gens ont assez bien embarqué jusqu’à présent », relate la mairesse. Cette dernière observation n’est toutefois pas partagée par un voisin du parc, qui a contacté le journaliste pour indiquer que des utilisateurs se trouvaient toujours à l’intérieur du parc plus d’une vingtaine de minutes après sa fermeture samedi dernier.
Malgré des demandes du voisinage, la mairesse ne semble pas intéressée de limiter l’accès au parc canin aux non-résidents de Belœil, même si c’est une avenue que certaines autres villes, comme Saint-Hyacinthe, ont adoptée pour le leur.
« Je préfère parler aux autres municipalités pour les aider à ouvrir leur propre parc canin que de contrôler l’entrée au nôtre, assure-t-elle. Nous en sommes encore à évaluer les mesures actuellement en place et leur efficacité. »
Pas de détails sur le futur parc
Afin de réduire la grogne des voisins du parc actuel, Beloeil veut ouvrir un second parc canin dès qu’elle aura trouvé un emplacement adéquat. « Un deuxième parc permettrait de réduire la pression sur le parc actuel. On sent déjà une différence depuis que Mont-Saint-Hilaire a ouvert son parc », note Mme Viau. Il est encore trop tôt dans le processus pour dire si un éventuel deuxième parc serait aussi situé en plein cœur d’un quartier résidentiel ou à l’écart. « C’est certain qu’on ne veut pas faire un copier-coller de ce qui a été fait avec ce parc-là », commente-t-elle toutefois.
La décision de conserver le parc canin à son endroit actuel n’a pas fait l’objet d’un débat public entre les élus de Belœil, mais il a été confirmé qu’elle ne s’est pas prise à l’unanimité alors que certains s’inquiétaient davantage du bien-être des voisins que de celui des utilisateurs. Vincent Chabot, conseiller du parti Belœil, c’est nous! et du district 4 collé sur le parc canin, se dit très empathique face à ce que vivent au quotidien les voisins et mise beaucoup sur le deuxième parc pour désengorger celui-ci et rendre le niveau de bruit acceptable dans le secteur. « Si le deuxième parc est bien situé, bien agrémenté et qu’il n’est pas nuisible, ça pourrait faire la différence », espère-t-il.
Des tensions vives
Le dossier du parc canin a mené à de nombreuses tensions entre les utilisateurs et les voisins ces dernières années, qui se sont accusés mutuellement de provoquer ou de harceler l’autre au cours de l’été. La mairesse espère que la prise de position du conseil aura pour effet de calmer le jeu. « Il y a un an et demi, je portais le chapeau d’utilisatrice, mais je porte maintenant celui de mairesse.J’ai constaté l’impact que le parc pouvait avoir sur les voisins et j’ai mis de côté mon biais pour la recherche du bien commun des citoyens. Il y a eu beaucoup d’inquiétude dans ce dossier et la tension a monté au point d’être une guerre de celui qui crierait le plus fort. J’espère que le fait que le conseil a tranché va aider à diminuer les émotions pour la suite des choses. »
L’ŒIL a contacté Jean Caumartin, un des riverains opposés à la présence du parc à cet endroit, à la suite de la dernière annonce de la Ville, mais il n’a pas souhaité commenter davantage que de confirmer que la demande d’injonction permanente et la poursuite en dommages-intérêts contre la Ville qu’il a entamées suivent leur cours. Notons que, peu après l’annonce de la décision de maintenir le parc à chiens à cet endroit, sa maison a été mise en vente.