26 octobre 2022 - 07:00
Lancement de l’album Le parcours d’un passeur
Le parcours de toute une vie pour Gilles Garand
Par: Olivier Dénommée
Le Belœillois Gilles Garand a transformé sa maison en véritable studio pour la durée de l’enregistrement de son album @ITALIC_START@Le parcours d’un passeur@ITALIC_END@, qu’il lance ce samedi à Pointe-Valaine. Photo Robert Gosselin | L’Œil Régional ©

Le Belœillois Gilles Garand a transformé sa maison en véritable studio pour la durée de l’enregistrement de son album @ITALIC_START@Le parcours d’un passeur@ITALIC_END@, qu’il lance ce samedi à Pointe-Valaine. Photo Robert Gosselin | L’Œil Régional ©

Le résident de Belœil Gilles Garand a consacré l’essentiel de sa vie à valoriser le patrimoine vivant à travers la musique traditionnelle et à militer pour l’amélioration des conditions des artistes. Aujourd’hui, c’est plutôt son chapeau de « porteur » qu’il enfile, lui qui lance le 29 octobre l’album Le parcours d’un passeur, synthétisant 75 ans de vie et 50 ans d’amour pour le trad légué par toutes les personnes inspirantes qu’il a croisées.
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Si Gilles Garand a participé à plusieurs enregistrements dans sa vie, remontant jusqu’aux années 70 avec son groupe de l’époque, les Ruine-babines, ce n’est que maintenant qu’il lance un premier vrai album à son nom. « L’année dernière, j’ai reçu un courriel me disant qu’il était possible de déposer des projets au CALQ [Conseil des arts et des lettres du Québec] pour la région de la Vallée-du-Richelieu. Ça faisait longtemps que l’idée d’un album me trottait dans la tête et je l’ai proposée. […] L’objectif du projet était de rendre hommage aux porteurs que j’ai rencontrés et qui m’ont légué leur répertoire », raconte le musicien, qui a reçu une réponse positive en début d’année.

Il a ensuite pris contact avec d’autres musiciens avec qui il avait envie de travailler, tous des gens proches de lui ou qu’il avait déjà côtoyés dans son parcours. Ainsi, Gilles Garand (harmonica, accordéon, voix) est entouré de son fils Alexandre de Grosbois-Garand (flûte, voix, enregistrement, réalisation), de sa brue Mélisande Gélinas-Fauteux (guimbarde, voix), de Nicolas Babineau (guitare, podorythmie, violon, mixage, matriçage), de Véronique Plasse (violon, voix), de Daniel Lessard (contrebasse) et de Laura Risk (violon). « Ce sont tous des gens avec qui j’ai déjà joué dans différents projets », note M. Garand, qui a bénéficié d’une résidence artistique à la maison de la culture Villebon pour les répétitions. « C’était magique! Le répertoire que j’ai choisi est composé de classiques traditionnels qui ne sont plus souvent joués, mais qui ont fait école dans ma vie, du matériel dont j’ai hérité à travers les rencontres et dont je souhaite faire hériter les prochaines générations. »

L’enregistrement de l’album s’est ensuite passé chez Gilles Garand, qui a transformé sa maison sur la rue Richelieu en véritable studio pour l’occasion. « On a monté le studio en une journée et, le lendemain 9 h, on commençait : trois prises par pièce, 11 pistes en cinq jours d’enregistrement! » À l’écoute de Le parcours d’un passeur, difficile de deviner que tout a été enregistré dans une maison alors que chaque musicien se trouvait dans une pièce différente. Le résultat de l’album est chaleureux et très près de l’énergie d’un enregistrement live.

50 ans en 45 minutes

C’est en 1972 que Gilles Garand a eu le coup de foudre pour le trad, un style qui l’a ensuite suivi toute sa vie. L’album, dont plusieurs pistes sont arrangées en suites, vient rendre hommage aux rencontres qui ont marqué le musicien et aux pièces qui l’accompagnent depuis des décennies. Toutes ont une valeur sentimentale pour l’artiste. Par exemple, « Le reel du pendu » est le premier morceau qu’il a appris à jouer au violon après avoir vu le film du même nom en 1972. « La maladie c’est les compagnies », un air plus revendicateur, a été enregistré dans les années 70, mais aurait très bien pu être écrit cet été quand on pense à l’enjeu de la Fonderie Horne à Rouyn-Noranda. Le dernier mot revient à « Tous les gens de plaisir/Le reel de l’amitié », symbole du désir de M. Garand de partager sa passion dans le plaisir. Dans le livret de l’album, chaque piste a son histoire et sa raison d’être expliquées par l’artiste.

Seulement trois pistes sur l’opus contiennent des paroles, le reste étant instrumental. Et l’album remplit très bien sa mission de mettre de l’avant des airs souvent méconnus avec des arrangements énergiques. « J’ai été passeur pendant des années, là je deviens porteur. Cet album, c’est le chemin de ma vie qui m’a permis d’hériter de plein de musiques que je retransmets maintenant. C’est un héritage extraordinaire que j’avais besoin de transmettre », confirme-t-il.

Lancement à Pointe-Valaine

Après avoir procédé à un lancement virtuel dans le cadre de la vitrine WOMEX [Worldwide Music Expo], tenue cette année à Lisbonne, au Portugal, Gilles Garand s’apprête à lancer physiquement son album ce samedi 29 octobre au Centre culturel et communautaire de la Pointe-Valaine, à Otterburn Park. « C’était important de lancer l’album dans ma région, mais cet endroit est spécial parce que c’est là que j’ai présenté mon premier concert à vie en 1973, à l’époque où c’était un hôtel! » Le programme de la soirée inclut un spectacle de l’album intégral, suivi d’une d’une veillée de danse traditionnelle. « C’est Érick Tarte qui sera au call. Pointe-Valaine est un bien bel endroit pour les veillées de danse, alors je veux que ça devienne une tradition là-bas », soutient M. Garand. Les billets pour cette soirée festive sont en vente au coût de 20 $.

Deuxième vie

À 75 ans, Gilles Garand estime que sa « vraie vie de musicien » peut enfin commencer. « [Le violoneux] Pitou Boudreault a été mis en scène à 75 ans et a joué ici et en Europe. Moi aussi, à 75 ans, tout à coup, un nouveau chemin se crée, comme si j’avais la capacité d’enfin transmettre aux nouvelles générations un répertoire, un plaisir, une recherche, un travail de valorisation et une musique qui mérite d’être réécoutée parce qu’elle est porteuse d’un savoir et d’un héritage planétaire. » Il ne cache pas son désir de présenter sa musique en festival dans la prochaine année. « Je laisse la vie suivre son cours… mais je provoque un peu les choses! » Après le lancement, un premier spectacle est au programme à la maison Villebon le 10 novembre.

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