« C’est excitant de lancer ce premier disque, qui est très personnel. J’ai hâte que les gens l’entendent, lance d’entrée de jeu Élisabeth Pion, en entrevue avec L’ŒIL. Cet album est un peu mon bébé et on m’a donné carte blanche pour le faire. J’ai majoritairement choisi des pièces qui n’avaient pas encore été beaucoup enregistrées. » Cet opus d’un peu plus d’une heure répartie entre 22 pièces met notamment de l’avant des œuvres de Mel Bonis (le titre Femmes de légende vient d’ailleurs de sa série de pièces interprétées en ouverture d’album), Henri Dutilleux, Lili Boulanger et Claude Debussy – tous des compositeurs français qu’elle affectionne. Il y a deux exceptions notables sur l’album : une pièce du compositeur britannique d’origine syrienne Thomas Adès et une composition originale de l’Otterburnoise elle-même.
« J’ai écrit “Balcony on a Wednesday night”en travaillant sur du Chopin. C’est un premier petit pas pour moi [dans l’univers de la composition] et j’avais envie de partager ce processus, même si je n’ai pas encore le guts d’amener ma propre musique sur scène! Je ne m’imagine pas jouer ça à côté d’une œuvre de Beethoven par exemple », lance-t-elle. Elle trouvait tout de même que l’ajout de ce court morceau d’à peine 1 minute 35 était un « petit bonus intéressant » à son premier album. Malgré le côté un peu jazz de sa composition, elle ne jure pas avec le reste de l’album, qui montre à la fois la virtuosité, le sens de la nuance et la sensibilité de l’artiste seule devant son piano. Parmi les morceaux plus mémorables de l’album, notons « Femmes de légende: Viviane » et « Au gré des ondes: III. Improvisation », de même que la version « reprise ornementée » de « Au gré des ondes: I. Prélude en berceuse ».
L’album, enregistré sur trois jours au Domaine Forget de Charlevoix en février dernier, a été une véritable « expérience d’apprentissage » pour la pianiste plus habituée aux concerts qu’aux studios d’enregistrement. « Ça ne fait que quelques mois que j’ai enregistré les pièces, mais j’ai tellement évolué depuis et mes versions seraient complètement différentes si je les refaisais aujourd’hui », remarque-t-elle. Elle est tout de même loin de renier son premier album et confirme qu’il y en aura d’autres qui suivront dans un avenir rapproché. « J’ai signé un contrat pour trois albums avec Atma et c’est sûr que je vais explorer d’autres facettes de ma personnalité dans les prochains », laisse-t-elle entendre.
« Lancement » le 3 juin
Ceux qui désirent entendre Élisabeth Pion jouer les pièces tirées de Femmes de légende peuvent le faire alors qu’elle propose un récital le samedi 3 juin dans le cadre du festival Classica, à Saint-Lambert. « C’est en quelque sorte mon lancement, mais je ne jouerai pas que des pièces de mon album », précise-t-elle. Elle montera à nouveau sur scène le lendemain, toujours au même festival, cette fois en formule trio avec Guillaume Villeneuve (violon) et la McMastervilloise Agnès Langlois (violoncelle). Les prochains mois risquent d’être aussi assez occupés sur scène pour la pianiste, elle qui est notamment invitée à jouer avec l’Orchectre métropolitain le concerto de la compositrice lettone Lūcija Garūta en janvier 2024.
