21 septembre 2022 - 07:00
Accusé d’homicide involontaire d’un nonagénaire
Le procès d’Abraham Leblanc entamé devant le tribunal
Par: Denis Bélanger
Abraham Leblanc. Photo gracieuseté

Abraham Leblanc. Photo gracieuseté

Abraham Leblanc devra attendre encore plusieurs mois avant de savoir si le tribunal le reconnaîtra coupable d’avoir causé involontairement la mort d’un nonagénaire à Belœil. L’incident a eu lieu en 2019 à la suite d’une querelle à propos de la présence du chien de la victime sur le terrain de l’accusé. Son procès a commencé le 12 septembre dernier au palais de justice de Saint-Hyacinthe et ne reprendra que le 27 mars.

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Les avocats de la Couronne et de la défense ont argumenté devant le juge Benoît Gariépy pendant trois jours. Les représentations ont porté entre autres sur l’admissibilité d’éléments de preuve, dont la déclaration spontanée de l’accusé faite à un policier ainsi que l’interrogatoire vidéo d’un témoin d’âge mineur pour éviter que ce dernier ait à témoigner ce printemps devant la cour. L’accusé a choisi de subir son procès devant juge seul, sans jury.

Les trois jours n’ont toutefois pas été suffisants pour compléter les représentations liées à la requête en arrêt des procédures déposée par l’avocat d’Abraham Leblanc, Me Martin Latour. Ce dernier met en doute la légitimité du processus qui a mené à l’arrestation de son client et à un interrogatoire qui a suivi. Cette requête a été suspendue et ne sera débattue qu’au printemps après la décision du juge, si c’est toujours nécessaire. « Si j’obtiens le verdict voulu, nous n’aurons pas besoin d’en débattre », a déclaré Me Latour devant le juge.

Me Martin Latour voit des similitudes dans cette affaire avec le dossier de l’ancien joueur de hockey Guy Lafleur. Ce dernier avait été accusé d’entrave à la justice et son avocat avait demandé l’arrêt des procédures en raison du comportement jugé abusif d’une policière, d’un juge de paix et d’une procureure de la Couronne à l’origine de l’émission du mandat d’arrestation. La requête avait toutefois été rejetée par le tribunal.

Bientôt trois ans

L’événement remonte au 26 octobre 2019. Cette journée-là, âgé de 92 ans, Lionel Martineau promenait son chien dans la rue Jeanne-Mance à Belœil. Son chien aurait été sur le terrain d’Abraham Leblanc qui s’affairait à monter son abri Tempo. Abraham Leblanc aurait demandé plusieurs fois à M. Martineau de quitter son terrain avec son chien. Il n’appréciait pas la présence de l’animal, car il y avait un enfant à proximité.

Abraham Leblanc aurait dit à M. Martineau d’arrêter, et aurait éventuellement poussé l’homme âgé qui s’est barré les pieds et est tombé par la suite sur le trottoir. C’est du moins ce qu’il aurait dit spontanément à un des agents de la Régie intermunicipale de police Richelieu–Saint-Laurent présents sur place. Selon un autre témoin, l’accusé aurait « à peine touché » la victime.

Notons que c’est Abraham Leblanc qui a composé le 911 pour obtenir les services d’urgence. Sur l’enregistrement de l’appel 911, on entend clairement l’accusé aviser Lionel Martineau de ne pas bouger pour éviter d’aggraver sa blessure.  L’accusé avait également sous-estimé l’âge de M. Martineau, le croyant plutôt âgé dans la soixante-dizaine.

Arrêté deux fois

Lionel Martineau avait été immédiatement conduit dans un centre hospitalier pour des blessures graves et, au cours de cette même journée, Abraham Leblanc a été arrêté pour voies de fait graves. Il a par la suite été interrogé par des enquêteurs pour finalement être libéré par le biais d’une promesse à comparaître. Deux jours plus tard, soit le 28 octobre, la victime est décédée et c’est à ce moment que l’enquête fut confiée aux enquêteurs des crimes contre la personne de la Sûreté du Québec, toujours en collaboration avec les enquêteurs de la Régie intermunicipale de police Richelieu–Saint-Laurent.

Abraham Leblanc a été finalement arrêté le 29 janvier 2020. En plus d’homicide involontaire, des accusations de voie de fait causant des lésions corporelles se sont ajoutées. M. Leblanc a obtenu par la suite sa remise en liberté avec conditions à respecter et un engagement de 2000 $ sans dépôt. Avant ce malheureux événement, il n’avait aucun antécédent judiciaire.

Rappelons que la peine maximale pour un homicide involontaire est la prison à vie, mais il n’y a pas de peine minimale. Il revient souvent au juge de première instance de déterminer la peine. La Couronne et la défense peuvent faire des suggestions communes.

Appel probable, pense la juge

Le dossier pourrait s’étendre au-delà du verdict attendu ce printemps. Le magistrat a d’ailleurs indiqué qu’il s’attendait à ce que le dossier aboutisse à la Cour d’appel, peu importe la tournure des événements. Me Martin Latour et la procureure de la Couronne, Me Marie-Claude Morin, n’étaient pas sur la même longueur d’onde sur plusieurs points. À plusieurs reprises, les témoins ont dû quitter la salle de cour, pour que les avocats fassent part de leurs objections et de leurs préoccupations auprès du juge concernant les questions de leur collègue.

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