Yan Claprood, urbaniste sénior chez Stantec, a présenté les grandes lignes de ce à quoi pourrait ressembler le projet particulier d’urbanisme (PPU) pour le « dernier secteur vierge d’envergure » à Belœil. À ce stade, l’énoncé de vision du projet, « Le Nouveau Belœil : Un biotope urbain aux mille visages », laisse entendre que le projet cherche un équilibre entre l’urbanité et la ruralité, avec notamment un quartier à échelle humaine (le concept de ville 15 minutes), de la mixité sociale et beaucoup de verdure, basé sur le concept élaboré par l’Atelier Pierre Thibault.

Les images partagées lors de la présentation permettent de constater que la rue Serge-Pepin doit être la principale artère structurante du Nouveau Belœil, accueillant à la fois la plupart des commerces, une place publique et la future école primaire. Différents types de rues sont à prévoir dans le nouveau quartier, incluant le concept de « rues partagées », qui priorisent les formes de transport actif, particulièrement les piétons. Un fort réseau cyclable semble d’ailleurs dans les cartons. Le projet garde le cap sur le concept d’îlots avec des cours intérieures semi-privées, avec une attention particulière à la canopée. Le plan prévoit actuellement de planter un arbre pour chaque unité construite. Notons qu’il est actuellement estimé à 3300 le nombre de portes qui devraient pousser dans ce quartier, pour une hausse de 8000 nouveaux résidents, dont un certain pourcentage qui devrait être réservé à du logement abordable – la Ville vise actuellement 15 %, mais ce pourcentage n’est pas définitif.

Plusieurs questions

Si les personnes présentes à la soirée ont applaudi la présentation faite par Yan Claprood, plusieurs questions demeurent, incluant l’impact d’un tel quartier sur la circulation, notamment en direction d’une bretelle d’accès pour l’autoroute 20, la question de la sécurité dans les cours intérieures ou encore la capacité des infrastructures pour fournir un quartier de cette importance. Les employés municipaux présents se sont montrés rassurants face aux inquiétudes des citoyens, rappelant au passage que le projet sera étalé en plusieurs phases sur les 10 à 15 prochaines années.

Par la suite, les participants à la soirée ont été invités à participer à trois ateliers, portant sur l’architecture, les espaces publics et les grandes affectations des différentes zones du quartier. Même ceux qui n’ont pas pu assister à la soirée de consultation peuvent partager leur opinion sur ces différents points sur la plateforme de participation citoyenne jeparticipe.beloeil.ca, d’ici le 2 juillet.

Absences de taille

Trois promoteurs possédant plusieurs terrains dans le secteur du nouveau quartier, Les Industries Bonneville, le Groupe Michaudville et le Groupe Immobilier Potvin, ont fait parvenir, à la Ville de Belœil, mais aussi à L’Œil Régional, une lettre expliquant leur décision de ne pas participer à la rencontre citoyenne du 18 juin et de dénoncer l’orientation que la Ville a prise après les dernières élections.

« […] La nouvelle administration a imposé une orientation radicalement différente, écartant de facto tout le travail réalisé de concert [depuis 2017]. Cette vision nous apparaît déconnectée des réalités du marché, des besoins concrets des citoyens et des principes fondamentaux d’une planification urbaine saine et équilibrée », indique la lettre de trois pages.

Les promoteurs soutiennent que « la proposition de la Ville est non viable, irréaliste et en profond décalage avec les besoins réels de la population ». Ils observent par exemple que 25 % du terrain serait consacré aux rues et ruelles, alors que celles-ci ne comptent que pour 11 % de leur proposition. Selon eux, le plan actuel contribuerait aux îlots de chaleur et limiterait l’espace disponible pour la végétation, en plus d’engendrer des coûts supplémentaires. Ils dénoncent aussi les stationnements situés « à une distance significative des immeubles d’habitation », un enjeu pour certaines personnes, particulièrement l’hiver, ou encore les bâtiments de type « traversant », plus dispendieux à construire.

Toujours selon la lettre, les exigences que Belœil souhaite mettre en place compromettraient l’abordabilité du secteur, avec des prix qui devraient exploser de 45 % pour être rentables. Les promoteurs donnent l’exemple d’un condo vendu 500 000 $ normalement, qui passerait à 725 000 $ dans le Nouveau Belœil, et un logement loué 2500 $ par mois devrait plutôt coûter 3625 $ mensuellement.

Les entreprises assurent qu’elles ne veulent pas recréer les premières phases des Bourgs de la Capitale, mais qu’elles proposent « une réponse actuelle, structurée et cohérente aux nouvelles réalités du marché, aux attentes des citoyens et aux visions urbanistiques contemporaines ».

Au moment de mettre sous presse, les promoteurs n’avaient pas souhaité accorder d’entrevue au journal puisqu’une rencontre avec la Ville était prévue sous peu.