24 novembre 2021 - 05:09
Portrait d’artiste
Le regard unique de Johanne Senay sur l’art
Par: Olivier Dénommée
La McMastervilloise Johanne Senay pose dans son atelier avec une de ses dernières
créations, Respect de soi, qui intègre notamment de l’oxyde de fer. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

La McMastervilloise Johanne Senay pose dans son atelier avec une de ses dernières créations, Respect de soi, qui intègre notamment de l’oxyde de fer. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

Artiste peintre et sculptrice autodidacte résidant à McMasterville, Johanne Senay n’est plus capable d’arrêter de créer depuis 25 ans, se spécialisant dans les visages et les émotions qu’ils transmettent. L’Œil Régional est allé à la rencontre de cette membre de l’Institut des arts figuratifs et officier au Mondial Art Academia.

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Originaire de Belœil, Johanne Senay se souvient que pendant ses années à Polybel, elle passait son temps à dessiner le portrait de ses amies. Elle a ensuite suivi des cours d’initiation à l’art, l’amenant à toucher un peu à l’acrylique et à l’encre, mais a tout arrêté lorsqu’elle s’est mariée. Ce n’est que vers 1995 ou 1996, après des années à jouer à Wonder Woman, qu’elle a décidé de se remettre à la peinture. « J’avais envie de faire quelque chose pour moi, pour me faire du bien! J’ai donc décidé d’essayer la peinture à l’huile et, comme Obélix, je suis tombée dedans et je n’ai jamais arrêté depuis! »

L’artiste a d’abord commencé en reproduisant des photos, mais a plus tard « fait le saut » d’imaginer ses œuvres de toutes pièces. « À cette époque, je faisais des paysages, c’est assez facile d’imaginer à quoi ressemble un arbre! Mais à partir de ce moment-là, mes créations ont commencé à ressembler à moi », remarque-t-elle.

L’expression au cœur de l’œuvre
Tranquillement, son désir de revenir à sa passion initiale, le portrait, s’est fait sentir et Johanne Senay s’est laissée tenter par le modèle vivant. Aujourd’hui, ce sont ses visages qui font sa marque de commerce; souvent des visages féminins – et parfois de vieux hommes – aux yeux pâles, mais qui ne ressemblent à personne qu’elle connaît. « On m’a fait réaliser que l’important dans mes œuvres, ma quête, c’était l’expression du personnage. Le matin, j’écris souvent dans une espèce de journal. Lorsque j’ai fini d’écrire, je commence à peindre et l’inspiration vient toute seule. Je remarque que ce sont à peu près les mêmes visages qui reviennent, mais les toiles que je crée et leur titre ont presque toujours un lien avec ce que moi-même je vis », soutient l’artiste.

Elle donne en exemple un moment de grand stress qu’elle a vécu, où elle se surmenait, ce qui a mené à la création de la toile Une pause bien méritée. « Une famille frappée par la maladie a été touchée par ce tableau et m’a demandé quel était le titre de l’œuvre. Quand je leur ai dit ce que c’était, ils ont dit qu’il était pour eux! Je crois qu’ils ont senti l’émotion que j’avais mise sur ma toile. »

Johanne Senay avoue aussi que le choix de faire des yeux clairs à ses personnages n’est pas qu’un choix esthétique. « J’ai essayé avec des yeux foncés, mais on dirait que c’est comme une barrière pour moi! Je ne suis pas capable d’interagir avec mon personnage s’il y a cette barrière. […] Je cherche toujours à savoir ce que mon personnage essaie de me dire et je mets des couleurs sur les émotions. » Elle « dialogue » aussi avec les taches qui apparaissent sur sa toile et qui guident son processus créatif. « Les taches me parlent et elles ont une raison. Elles m’inspirent et je travaille autour d’elles jusqu’à la fin. »

Toujours en évolution
En plus de la peinture, Johanne Senay s’amuse aussi avec la sculpture, aussi de corps et de visages humains. « La sculpture est apparue plus récemment dans mon processus, mais, pour moi, ces deux formes d’art se complètent et s’alimentent entre elles. » Elle ne cache pas son désir d’un jour faire des œuvres en bronze, mais expérimente pour le moment avec de la poussière de rouille (oxyde de fer) sur ses peintures. « Il y a quelque chose que je trouve intéressant dans cette rouille, et je ne sais pas jusqu’où elle va me mener! »

Savoir donner
Johanne Senay n’est pas qu’une artiste accomplie, elle est aussi une passionnée qui a donné beaucoup de son temps pour faire rayonner les autres, notamment en donnant des cours de peinture. « Former les gens m’apporte autant que ce que je leur donne. J’essaie d’enseigner les techniques de base, mais je ne dis pas à mes élèves comment créer. Mon plus grand défi est d’aller chercher les réticents, leur parler et leur apprendre à comprendre leurs résistances », commente-t-elle.

Mais c’est surtout auprès de la Route des Arts du Richelieu que la McMastervilloise a donné de son temps ces dernières années, notamment comme trésorière au sein du CA. « Depuis deux ans, on a testé notre capacité de se revirer sur un 10 cents! Ce circuit est important et il faut qu’il continue, mais ça nous demande beaucoup de temps et d’énergie alors que les villes ne nous aident presque pas malgré tout ce qu’on fait pour le tourisme dans la région », insiste Johanne Senay, formulant le souhait de voir des artistes originaux de la région continuer à déposer leur candidature pour se joindre à ce beau circuit dans le futur.

En exposition
Une partie des œuvres de Johanne Senay est actuellement exposée au Domaine Trinity, dans le secteur Iberville à Saint-Jean-sur-Richelieu, dans le cadre de l’exposition solo Les reflets de l’âme, les dimanches jusqu’au 31 décembre. L’artiste sera d’ailleurs présente ce dimanche à 14 h, lors d’une causerie avec les visiteurs présents.

Le reste du temps, il est possible d’admirer ses œuvres à la Galerie d’art internationale de Québec, la seule galerie où elle est représentée, ou encore de visiter son atelier, notamment lors des portes ouvertes dans le cadre de la Route des Arts du Richelieu. Il est aussi possible d’en savoir plus sur Johanne Senay et ses œuvres sur son site www.johannesenay.com.

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