Depuis son ouverture, La Tanière a fait face à plusieurs défis, incluant la crise du verglas et la pandémie de COVID-19, mais aussi les travaux de réfection de la rue qui a rendu le commerce difficilement accessible il y a une quinzaine d’années, sans parler des problèmes de santé qu’a connus Paul-André Dupuis, incluant une hernie discale qui lui a paralysé les jambes en 1999 et un cancer combattu en 2014. Mais rien n’a empêché les restaurateurs de revenir, bien qu’ils aient quelque peu ralenti le rythme depuis la pandémie, n’ouvrant dorénavant que 5 jours sur 7. « On touche du bois, mais la clientèle est encore là. Notre force, ce sont les déjeuners, qui sont toujours très populaires », souligne M. Dupuis. La fin de semaine, il n’est d’ailleurs pas rare que les gens fassent la file pour avoir une place, préférant attendre plutôt que d’aller ailleurs.
Le cuisinier se souvient qu’à l’époque, il n’y avait que quelques restaurants à déjeuner dans la région, mais que l’offre s’est depuis diversifiée, forçant La Tanière à aussi bonifier son menu, pour le grand plaisir de la clientèle. « Maintenant, il n’y a pas loin de 300 façons de déjeuner! Nous sommes surtout reconnus pour notre pain doré et nos gaufres », poursuit-il.
« Les gens reviennent et reviennent, ils nous aiment et font preuve d’une grande fidélité, renchérit Johanne Blouin. Des clients sont là depuis le tout début et on voit les générations suivre, c’est touchant de les voir grandir et avoir eux-mêmes des enfants. » La réputation de La Tanière la suit jusqu’à l’étranger alors que les propriétaires ont été reconnus par des clients en vacances au Mexique, qui leur ont rappelé à quel point ils adoraient leur pain doré!
Pour l’amour des clients
Paul-André Dupuis a la restauration dans le sang alors que son père était lui-même un restaurateur en Outaouais. Après avoir travaillé plusieurs années au sein de l’entreprise familiale, il a travaillé en construction pendant quelques années avant de revenir à « ses anciens amours » en achetant avec sa conjointe un vieux restaurant qui avait besoin de beaucoup d’amour. Trente ans plus tard, la famille continue d’entretenir La Tanière avec le même soin. « Plutôt que de partir en vacances, on travaillait sur le restaurant. Quand on y pense, c’était terrible pour nos trois jeunes enfants! » Les enfants du couple ont d’ailleurs grandi à La Tanière et il n’était pas rare de les voir jouer dehors autour du restaurant, souvent avec les enfants de clients qui attendaient leur assiette.
Un important souci du détail est aussi accordé à la clientèle du restaurant alors que Mme Blouin connaît les dates de fête de tous ses clients réguliers, de même que leur commande habituelle. « Monsieur Gauthier, quand il vient déjeuner le dimanche matin, il sait qu’il n’a pas besoin de réserver : sa table est prête pour lui », donne-t-elle en exemple. « Quand je vois la voiture de nos réguliers arriver, je commence tout de suite à préparer leur commande et elle est souvent déjà prête quand ils s’assoient », ajoute son conjoint.
Paul-André Dupuis rappelle qu’il ne fait pas dans la haute gastronomie, mais que la nourriture maison de La Tanière a toujours été très appréciée par la clientèle. Certains snowbirds de la région se font d’ailleurs un rituel d’aller une dernière fois là-bas avant de partir en Floride pour l’hiver et d’y revenir dès qu’ils remettent les pieds au Québec.
« Je pense qu’on est plus connus à l’extérieur de la ville qu’ici, mais ça ne nous dérange pas trop parce que les gens qui nous connaissent sont fidèles et aiment revenir », note Paul-André Dupuis. Il espère tout de même que davantage de résidents de la région seront curieux d’essayer La Tanière, un restaurant familial qui a passé l’épreuve du temps, dans les prochains mois.
Pas encore la retraite
Le sujet de la retraite n’est pas encore à l’ordre du jour, assure le couple, qui ne se sent pas encore prêt à arrêter. « Pendant la pandémie, on s’ennuyait et on a réalisé qu’on n’était pas prêts du tout pour ça! Oui, on sent les années avancer, mais on n’est pas rendus là encore », estime Mme Blouin. M. Dupuis croit encore être en mesure de travailler cinq années de plus, soit jusqu’à ses 70 ans, tant que la santé le lui permet toujours.
Malheureusement, le futur du café- terrasse La Tanière est incertain alors que les enfants du couple travaillent dans d’autres branches et que peu d’employés du restaurant ne restent assez longtemps pour vouloir prendre la relève. « Ici, c’est une école où les jeunes font leurs armes avant d’aller à l’ITHQ ou vers d’autres restaurants plus haut de gamme », mentionne Johanne Blouin. Mais le couple préfère se concentrer sur le présent et sur sa clientèle qu’il aime tant chouchouter.
« Au fond, c’est à cause d’eux qu’on est encore là aujourd’hui, et on les en remercie », conclut-elle.
Le café-terrasse La Tanière, ouvert du mercredi au dimanche, est situé au 427, chemin Ozias-Leduc, à Otterburn Park.
Guy Lafleur à l’honneur
Peu après le décès de la légende du hockey Guy Lafleur, le décor a quelque peu changé dans la salle à manger de La Tanière : plusieurs œuvres dépeignant le « Démon blond » sont accrochées sur les murs, une collection dont Paul-André Dupuis est très fier. « Le hockey est une passion que j’ai, et Guy Lafleur vient du même coin de pays que moi. Quand j’ai pu mettre la main sur ces peintures, je n’ai pas hésité et, après l’annonce de son décès, on a décidé de les exposer dans la salle à manger. C’est certain que ça fait jaser! », commente-t-il, tout sourire. Cette passion affichée pour Guy Lafleur a même amené dans les derniers mois un client à offrir en cadeau une pièce de joaillerie unique prenant la forme du joueur portant le numéro 10.