Bien sûr, en entrevue avec le journaliste, tout le monde reste poli et insiste pour garder un contact positif avec la Ville de Belœil. Surtout si on espère se relocaliser dans la ville, je suppose. Mais chez les choristes, on sent une grande amertume.
J’ai lu le compte rendu de mon collègue avec une certaine mélancolie. Ce sentiment de voir le temps passer et de ne pas avoir d’emprise sur lui. Le local actuel n’était pas parfait, semble-t-il. Mais c’était « leur » local, et je ne sens pas que la fermeture de ce chapitre va nécessairement s’ouvrir sur un meilleur. Mais bon, je ne ferai pas l’oiseau de malheur, attendons la suite.
J’ai eu ce même sentiment mélancolique en apprenant cette semaine que la Ville voulait aussi se départir du Soleil-Royal, une maquette d’un vaisseau du 17e siècle exposée depuis 2018 à la bibliothèque. L’immense maquette avait été donnée à la Ville par son concepteur, Fernand L’Heureux, un natif de Belœil, après que ce dernier ait convaincu la mairesse de l’époque, Diane Lavoie, de l’exposer dans sa ville natale. Je me souviens de sa passion lorsque je l’avais rencontré en 2018, alors que son navire trônait en plein milieu de son salon dans son appartement tout près du Mail Montenach, attendant les derniers correctifs avant le départ. M. L’Heureux aura consacré 3000 heures à la conception du navire, mais au moins, il « serait vu par tous », disait-il, puisqu’il serait exposé à la bibliothèque, là où était sa place.
Un peu comme le Chœur de la montagne, le Soleil-Royal va aussi perdre sa place, parce qu’il prend un peu trop de place…
J’ai aussi ressenti cette même mélancolie avec l’annonce de la mise en vente de l’église Saint-Matthieu, au cœur du Vieux-Belœil. Pas que j’y sois attaché personnellement, mais elle faisait partie de mon quotidien. Je me souviens de ma première semaine de travail à L’Œil Régional, en 2007. Je ne connaissais rien de Belœil. J’ai donc décidé de m’imprégner un peu de la place. J’ai pris un café à la (défunte!) Chocolaterie du Vieux-Belœil, puis j’ai exploré mon entourage. Et l’église m’avait bien sûr marqué. Je crois qu’elle est encore plus marquante lorsqu’on la regarde à partir de la rive de Mont-Saint-Hilaire.
Je suis sûrement un peu trop dramatique. Le bâtiment n’est pas en voie d’être démoli, même si l’usure du temps l’endommage inéluctablement. Mais bon, si elle est vendue au privé, je ne sais pas si on pourra encore dire qu’elle nous appartient un peu.
C’est tout. Rien de bien grave. Ça doit être la noirceur de décembre qui me bouleverse. Une petite mélancolie; voir le temps qui passe.