14 septembre 2024 - 05:00
Le train de banlieue restera
Par: Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

L’ancien président de l’Assemblée nationale et ancien député de Borduas, Jean-Pierre Charbonneau, ne m’appelle pas si souvent. Une fois de temps en temps pour suggérer un sujet au journal ou pour commenter une nouvelle. Lorsqu’il t’appelle pour te rappeler qu’il était là pour l’ouverture du train de banlieue en 2002 et que la décision de l’ARTM n’a aucun sens, tu sais que la nouvelle va faire réagir. Et que la fermeture ne viendra pas.

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Je pense pouvoir affirmer tout de suite que l’étude sur la fermeture de la ligne de trains de banlieue à Mont-Saint-Hilaire ne restera justement qu’une étude. Le maire de Mont-Saint-Hilaire, le maire de McMasterville (et probablement tous les élus de la région) s’y opposent. Le député Simon Jolin-Barrette, dont le parti est au pouvoir, ne s’est pas trop montré chaud à l’idée. Je ne parle même pas de la pétition qui commence à peine.

Le rédacteur en chef du Courrier de Saint-Hyacinthe, journal frère de L’ŒIL, m’a tout de suite dit « qu’aucun politicien ne voudra annoncer la fin du train de banlieue ». Vrai!

On comprend l’argument économique : une économie de 20 millions (quoique des spécialistes vous diront que l’argent économisé devra être investi ailleurs). On comprend que l’affluence n’est plus ce qu’elle était. Les chiffres n’ont jamais repris les seuils d’avant la pandémie. En juin dernier, mon collègue Denis Bélanger écrivait ceci : « En 2023, 780 760 passagers ont emprunté la ligne 3, soit 200 000 de plus que l’année précédente. Il s’agit du plus haut nombre des quatre dernières années. En 2019, avant l’apparition de la COVID-19, plus de 2 millions de personnes avaient pris le train de banlieue. La ligne 3 affiche maintenant un recul de 1 479 986 usagers par rapport à 2019. »

On comprend donc l’esprit de l’ARTM, qui gère le train de banlieue, de procéder à des études et des scénarios. D’ailleurs, il faut rappeler qu’aucune décision n’a été prise ou annoncée; toute cette discussion repose sur une note interne.

Je ne remâcherai pas ici tous les arguments des élus et des acteurs économiques de la région qui rappellent aux décideurs l’importance du transport collectif, de la dépendance de certains quartiers envers le train et des retombées économiques locales. Il va de soi que cette décision n’a pas de sens; il faut investir dans le transport collectif, pas l’inverse. Ceci dit, il faut reconnaître que le service actuel a besoin d’amour et doit redéfinir son offre.

Après avoir raccroché avec M. Charbonneau, je suis retourné dans les archives pour ressortir la photo que nous avions de lui dans un wagon lors de l’inauguration du service. Au printemps 2000, le gouvernement de Lucien Bouchard avait donné le feu vert aux travaux permettant de faire passer le service du train de banlieue jusqu’à Mont-Saint-Hilaire. Le service complet a été offert à compter de septembre 2002. Mais ça faisait déjà 10 ans que l’idée faisait son chemin, deux pas en avant, un pas en arrière.

Et beaucoup d’énergie. La même énergie qui va se déployer si jamais l’ARTM décide d’aller de l’avant avec le retrait de la ligne.

Nah… ça n’arrivera pas.

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