En fait, pas vraiment. Nous allons continuer de suivre le développement du dossier et nous avons encore quelques incohérences à tenter de comprendre. Nous allons continuer de discuter avec les opposants ou les critiques du projet ainsi que les gens de Northvolt ou les acteurs municipaux et autres qui applaudissent la venue de Northvolt Six à Saint-Basile-le-Grand.
Mais je pense que nous sommes entrés dans une nouvelle ère de la contestation contre la venue de l’usine Northvolt Six. Ça m’a un peu frappé cette semaine en discutant avec des gens du Comité action citoyenne, un regroupement citoyen (bénévole, rappelons-le) qui fait un travail exceptionnel de documentation et de surveillance du projet, en quelque sorte. Des membres m’ont fait parvenir un document, très (très) bien fait, qui résume tout le projet depuis le début, mais qui était trop long pour publication. Le rôle de journal peut être celui de l’éducation, certes, mais il est surtout celui d’informer. Et tout ce qui se trouvait dans le texte (ou presque) avait déjà fait l’objet d’un texte ou de plusieurs. Nous avons maintes fois rappelé, par exemple, que le projet n’est pas soumis à une audience du BAPE. On me dit qu’il faut le rappeler, presque le marteler. Mais à un moment donné, je crois que les gens se sont fait une tête. Marteler de semaine en semaine les mêmes arguments ne changera pas l’avenir du projet.
Pour eux, Northvolt et le gouvernement n’en feront jamais assez. Même la création d’un comité de liaison avec la communauté, mis sur pied par l’entreprise suédoise, n’y changera rien. En entrevue, une des membres du comité acceptait presque du bout des lèvres d’avouer que les élus qui siègent à ce comité représentent la population. Mais, selon elle, le citoyen moyen est mieux représenté par un groupe comme le Comité action citoyenne, même si aucun de ses membres n’a été choisi par le public. Certes, leur dévouement et leurs recherches très poussées leur donnent selon moi une forte crédibilité, mais pour ce qui est de la légitimité de la représentation, la question est plus complexe.
J’espère que les gens du comité comprendront que je salue leur travail et que je ne désavoue pas leur prise de parole publique. Mais je crois que nous avons dépassé le stade du « mauvais projet au mauvais endroit ». L’usine viendra s’installer et même si le projet en trois phases n’obtient pas tous les permis nécessaires, le complexe industriel pourra se bâtir suffisamment pour être viable.
Je termine sur une note positive. Sans eux, l’entreprise n’aurait peut-être pas senti le besoin de créer un comité de liaison. Sans eux, on ne parlerait peut-être pas autant de l’importance de préservation des milieux humides, un angle mort de la protection de l’environnement au Québec. Donc, même s’ils ne peuvent plus arrêter le train en marche, ils font nécessairement œuvre utile.