25 novembre 2024 - 05:00
Le troisième chalet
Par: Vincent Guilbault
Vincent Guilbault

Vincent Guilbault

En entrevue, la mairesse de Belœil, Nadine Viau, exprime un souhait pour l’avenir de l’église Saint-Matthieu : qu’elle ne subisse pas le même sort que la maison du Bedeau. Que ce majestueux bâtiment, situé en plein cœur du Vieux-Belœil, ne s’effrite pas au fil des années ou ne soit pas constamment entouré de clôtures de protection.

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L’histoire de la maison du Bedeau, située juste en face de l’église, est tristement éloquente. Avec le temps, elle s’est détériorée. L’ancienne propriétaire n’avait pas les moyens financiers pour la rénover et l’entretenir. Dans nos pages, nous avons présenté les arguments des nouveaux propriétaires, qui souhaitent la transformer en restaurant. Ils ont affirmé, documents à l’appui, que le bâtiment n’était pas entièrement récupérable. Par ailleurs, les opposants à cette reconfiguration ont soutenu, rapports en main également, que la maison pouvait être restaurée. Sans rouvrir le débat, les propriétaires ont obtenu gain de cause et pourront le détruire pour en reconstruire une bonne partie à l’identique.

L’église, bien qu’elle ne soit pas dans une situation exactement similaire, fait face à des défis semblables. La Fabrique, propriétaire du bâtiment, n’a pas les 1,4 million de dollars nécessaires à sa réfection. Certains évoquent des campagnes de financement ou des subventions encore accessibles, mais même si la paroisse réunissait cette somme, ce ne serait qu’un report du problème. Chaque année, 90 000 $ doivent être consacrés à l’entretien, selon le curé Jacques Lamoureux, profondément attristé à l’idée de devoir envisager la vente de l’église.

En entrevue, le curé donne l’exemple d’un propriétaire de trois chalets. « Si j’ai trois chalets et que je ne peux pas les entretenir, je peux demander de l’aide à mes amis. Ils voudront probablement m’aider, mais ils me suggéreront peut-être aussi de me départir d’un ou deux chalets… » Même logique pour l’église, explique-t-il. La mission pastorale n’a pas réellement besoin de tous ces bâtiments. La Fabrique Trinité-sur-Richelieu n’est pas un gestionnaire immobilier; son rôle est de transmettre un message et un enseignement. C’est ainsi que perdure la foi catholique.

La question se pose alors : est-ce que la Ville de Belœil devrait acquérir l’église de la rue Richelieu? La mairesse n’écarte pas complètement l’idée, à condition que des subventions soient disponibles et que les élus en conviennent. Cependant, ce n’est pas une option envisagée à court terme. Et peut-on blâmer la Ville? Quel usage aurait-elle de cet espace, sinon pour le préserver ou l’offrir à grands frais à des organismes communautaires? Il faut également rappeler que le zonage interdit de convertir l’église en résidences ou en commerces.

C’est bien triste à dire, mais la préservation de l’église semble hors de notre portée. Comme le souligne le curé Lamoureux, en mettant le bâtiment en vente, des idées émergeront peut-être du secteur privé. Il faudra probablement s’en remettre aux initiatives privées. Un acte de foi, en quelque sorte. Et cela, après tout, reste une spécialité de l’Église.

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