L’exposition Abstractions organiques contient différentes séries d’œuvres créées entre 2013 et 2022, montrant une petite parcelle de sa créativité. Ceux qui la suivent depuis quelques années reconnaîtront la série éponyme de l’exposition, qu’elle a présentée à différents endroits ces huit dernières années, montrant des images de la nature prises dans un contexte abstrait, où chacun peut voir ce qu’il veut selon ses émotions.
Mais il s’y trouve aussi plusieurs photos de la série « Marée basse », créée pendant la pandémie avec des escargots qui font – très lentement – leur chemin dans le sable! « J’étais à Kamouraska entre deux confinements et je suis tombée par hasard sur des escargots qui laissaient des traces sur la plage pendant la marée basse. Comme j’aime faire de l’art contemplatif, je suis restée là une heure à suivre les escargots et j’ai fait ça pendant deux étés de temps! » À travers des images en noir et blanc, elle raconte une histoire selon le trajet des escargots et lance au passage un message à la société. « Eux, c’est leur vie, passer leur journée à essayer d’avancer. Quand la marée remonte, tout est à recommencer. Dans une société qui va trop vite et où on se fâche trop facilement pour rien, j’essaie de rappeler aux gens que ce n’est pas grave d’aller un peu plus lentement », soutient l’Hilairemontaise. Une personne qui a acheté une de ses photos lui a d’ailleurs dit qu’il la regardait quotidiennement pour se rappeler de se calmer et de ralentir le rythme. Cette série est aussi particulière parce que les photos sont imprimées à l’aide d’un procédé appelé piézographie, qui va chercher encore plus de nuances de gris pour ajouter de la texture et de la profondeur aux œuvres en noir et blanc.
Poésie en image
Julie Cormier ne cache pas son amour pour la nature, qu’elle trouve particulièrement inspirante. « La nature, c’est tellement beau et ça crée de petits moments magiques. On me dit souvent que les gens ne regardent plus la nature de la même manière après avoir vu mes expositions. » Même dans les sujets en apparence les plus banals, elle réussit à glisser des réflexions sur la vie et un brin de poésie dans plusieurs de ses œuvres. C’est notamment le cas pour une image très floue d’une moustiquaire éventrée par son chat qu’elle a transformée en métaphore de l’incompréhension face aux défis de la vie. « Mais même quand ça va mal, ça reste lumineux et avec une dose d’espoir dans mes œuvres », rassure toutefois l’artiste.
Elle invite d’ailleurs les curieux à apprendre à prendre le temps d’admirer les beautés de la nature à l’occasion d’un atelier gratuit qu’elle propose à la Maison Paul-Émile- Borduas le samedi 8 juin, de 14 h à 15 h 30. « Les gens n’ont qu’à apporter leur appareil photo. Je vais leur demander d’aller s’asseoir quelque part pendant 15 minutes et de simplement observer ce qu’il y a autour d’eux, sans prendre de photos. Ensuite, ils auront le droit de prendre jusqu’à 15 photos seulement et devront expliquer pourquoi, avant d’en choisir juste une. C’est un atelier qui sert à apprendre à s’écouter. Les gens sont tellement dans la course tout le temps que de prendre le temps, ça peut vraiment faire du bien », soutient Julie Cormier.
L’exposition Abstractions organiques de Julie Cormier, contenant une trentaine de photos, est présentée en deux volets : la portion intérieure, au rez-de-jardin de la Maison Paul-Émile-Borduas, ne restera en place que jusqu’au 23 juin, alors que les œuvres à l’extérieur resteront sur place jusqu’au 2 septembre. L’artiste est aussi régulièrement sur place les dimanches après-midi pour rencontrer le public et expliquer sa démarche.