Le fils de Julie La Rochelle souffrait depuis son enfance d’allergies au lait, aux œufs, aux arachides, à certaines sortes de noix et à la moutarde. Pour faire face aux allergies, Julie LaRochelle, aujourd’hui directrice de la Chambre de commerce et d’industrie de la Vallée-du-Richelieu, avait même décidé de mettre sur pause sur son rêve de comédienne pour fonder sa propre entreprise, les aliments Ange-Gardien, par amour pour son fils. Elle avait aussi signé un livre de recettes, Peut contenir des traces de bonheur, en collaboration avec son conjoint, Jean-Sébastien Lord.
Le voyage au monde des allergènes s’est toutefois officiellement terminé pour la famille au cours des dernières semaines, alors qu’une dernière épreuve de provocation orale alimentaire est venu confirmer que Charles-Antoine avait perdu son allergie à la moutarde, la dernière encore en lice.
Comment son fils a-t-il pu perdre ses allergies? Julie La Rochelle ne peut pas dire s’il faut pointer du doigt les changements hormonaux de l’adolescence, la prise de probiotiques ou encore le travail acharné de l’allergologue Marie-Josée Francœur, avec qui la famille faisait équipe. Mme La Rochelle opte plutôt pour une combinaison de ces facteurs, en insistant sur l’importance clé du travail d’équipe avec la médecin. «On ne le sait pas exactement, mais en le suivant de près, comme [Dre Francœur] l’a toujours fait, et en mettant en place un plan qui lui était propre, on en est venus à bout.»
Long processus
Près de 300 000 Québécois vivent avec une allergie, selon les statistiques d’Allergie Québec. Les allergies touchent environ 6 % des bébés, 3 % des enfants et de 1 à 2 % des adultes, une différence qui s’explique par le fait que certains peuvent perdre leur allergie en grandissant.
Selon les statistiques, les trois quarts des allergies au lait sont résolus avant cinq ans, et avant sept ans dans le cas allergies aux œufs. Certains peuvent aussi perdre leur allergie par désensibilisation alimentaire.
Charles-Antoine a pour sa part commencé des challenges alimentaires il y a deux ans, après que des tests sanguins se soient d’abord montrés encourageants. Petit à petit, Julie et son fils ont testé chaque noix une à une, une bouchée à la fois. Puis les œufs cuits. Et les œufs crus. Enfin le lait, d’abord sous forme cuite, suivi du fromage, du yogourt et enfin, du lait cru.
Nouvelles découvertes
Depuis qu’il en a fini avec ses allergies, la maman observe que son fils goûte à toutes sortes de choses avec intérêt. «Ce qui est beau, c’est qu’il pourrait ne pas aimer ça ou avoir peur. Il pourrait ne pas vivre ça d’une façon positive, mais au contraire. Ça l’a déjà transfiguré, métamorphosé. Il était déjà très positif mon gars, mais là, il flotte. Il a une soif de vivre. C’est fou ce que ça fait.»
Pour la famille, c’est aussi tout un changement. En partant pour la Gaspésie la semaine dernière, c’était la première fois que la famille partait sans amener une épicerie spécialement sans allergènes. «Nous aussi, on se pince. Je ne le réalise pas encore. Quand il était tout petit et qu’on a compris tout ça, j’étais dans les allées de supermarchés et je pleurais. Je ne comprenais rien. Je n’étais pas nutritionniste. Il a tout fallu apprendre. Je m’imaginais ça comme la fin du monde, comme s’il y avait toujours une épée de Damoclès à tous les repas. Là, je me pince. C’est comme un rêve.»
De l’espoir
Si les allergies sont vaincues, la vigilance avec laquelle Charles-Antoine et sa mère avaient appris à composer avant chaque repas, elle, demeure encore. Il faudra apprendre à se déprogrammer.
La mère n’a que des mots remplis d’espoir à l’égard d’autres familles vivant avec des allergies. «Il y a tellement d’avancées. Il y en a des cliniques de désensibilisation. Il y a de belles choses, c’est prometteur. Ayez espoir, ça s’en vient. Dans quelques années, ce ne sera plus qu’un mauvais souvenir, je pense.» n