3 mai 2023 - 07:00
Taxe à l’immatriculation de 59 $
Les conducteurs seront taxés dans le Grand Montréal
Par: Denis Bélanger
La nouvelle taxe à l’immatriculation permettra d’aller chercher des revenus annuels additionnels de 120 M$, selon la CMM.
Photothèque L'Oeil Régional.

La nouvelle taxe à l’immatriculation permettra d’aller chercher des revenus annuels additionnels de 120 M$, selon la CMM. Photothèque L'Oeil Régional.

Tous les résidents du territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) devront payer dès 2024 une nouvelle taxe à l’immatriculation de 59 $ par véhicule de promenade immatriculée. Ayant pour but de financer le transport en commun, cette nouvelle mesure est toutefois accueillie tièdement par quelques élus et bien des citoyens (voir page 8).

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Le montant sera identique pour toutes les municipalités membres, peu importe le niveau de service de transport en commun. Neuf des 13 municipalités de la MRC de La Vallée-du-Richelieu sont visées par le champ d’application de la taxe. Les seules exceptions sont Saint-Marc, Saint-Charles, Saint-Antoine et Saint-Denis-sur-Richelieu. La seule ville membre de la CMM touchée par la mesure pour le moment est Saint-Jérôme. Des automobilistes de l’île de Montréal payaient déjà une telle taxe qui s’élevait jusqu’à maintenant à 45 $.

La nouvelle a été confirmée la semaine dernière par la CMM qui a adopté un règlement modifié à cet effet. L’organisme suprarégional pourra conclure une entente avec la Société d’assurance automobile du Québec pour la perception de cette taxe. Deux élus ont néanmoins voté contre le règlement sur la taxe d’immatriculation en assemblée, soit Jean Martel, maire de Boucherville, et Ludovic Grisé Farand, maire de Saint-Bruno-de-Montarville.

La nouvelle taxe à l’immatriculation permettra d’aller chercher des revenus annuels additionnels de 120 M$, selon la CMM. « Il est à noter que le cadre financier du transport collectif métropolitain devra également intégrer d’ici quelques mois les coûts d’exploitation et d’immobilisation de plusieurs nouveaux projets, dont le REM, le prolongement de la ligne bleue du métro et la mise en service de voies réservées. Ces projets contribueront à améliorer l’offre de transport en commun dans la région, mais entraîneront une importante hausse du cadre financier, qui passera de 3,2 G$ en 2019 à 5,7 G$ en 2028 », a indiqué la CMM par voie de communiqué.

Ça fait longtemps qu’une telle taxe pour l’ensemble du Grand Montréal fait partie des discussions. La commission du transport avait recommandé cette mesure dans un rapport de février 2019. Rappelons aussi qu’une firme a été mandatée dernièrement par la CMM pour évaluer la possibilité de la tarification numérique. Les gens seraient taxés en fonction du nombre de kilomètres parcourus pour pallier la baisse de revenus issus de la taxe sur l’essence et aussi financer le transport collectif.

De son côté, exo a salué l’initiative de la CMM. « Rappelons que près de 56 % de la croissance démographique de la région métropolitaine a été enregistrée dans les couronnes nord et sud de Montréal au cours des 20 dernières années », fait d’ailleurs remarquer le porte-parole Jean-Maxime St-Hilaire.

Réactions tièdes

La mairesse de Saint-Jean-Baptiste, Marilyn Nadeau, s’est dite carrément déçue de devoir payer pour un service qui ne se rend pas à sa municipalité. De son côté, la mairesse de Belœil, Nadine Viau, s’est dite surprise et a même soulevé quelques interrogations. « Nous sommes en faveur du transport en commun. Nous avons fait des pas énormes avec notamment la gratuité du transport local. Mais la prévisibilité du service devient un enjeu alors que le service ne passe pas tout le temps. De plus, certains milieux sont plus avantageux. Les gens de Montréal paient le même montant que nous avec une offre de service différente. Saint-Jean-sur-Richelieu ne fait pas partie de la CMM, mais pourra bénéficier du transport en commun. »

La mairesse d’Otterburn Park, Mélanie Villeneuve, qualifie la solution de raisonnable, mais estime que l’offre de service doit être bonifiée pour rendre le transport en commun plus attractif. Le maire de McMasterville, Martin Dulac, maintient pour sa part que les sommes perçues sur le territoire de la Vallée-du-Richelieu doivent être investies pour améliorer le service sur le territoire de la MRC en priorité.

De son côté, le maire de Mont-Saint-Hilaire, Marc-André Guertin, indique que la diversification des sources de financement pour le transport collectif est essentielle pour maintenir une « offre adéquate à un coût raisonnable pour les utilisateurs ».

Habitudes à court terme

Il ne faut toutefois pas s’attendre à voir à court terme les ménages se départir d’un véhicule ni une réduction du nombre de véhicules sur les routes en banlieue, selon le chroniqueur automobile de L’Œil Régional, Marc Bouchard. « L’offre de transport en commun n’est pas suffisante en banlieue pour compenser l’absence d’une voiture. Il y a très peu d’alternatives et c’est très compliqué de se rendre à plusieurs endroits. Cette taxe a vraiment pour but de compenser les pertes de revenus. »

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