Le film Aux âmes patriotes, réalisé par Mathieu Trottier-Kavanagh, a été présenté une première fois le 27 juin dernier, devant 322 spectateurs. Un accueil chaleureux pour ce projet que le cinéaste prépare depuis 13 ans. Le réalisateur est actuellement en négociation pour présenter le film dans plusieurs lieux, notamment au Parlement.
Tourné dans des lieux authentiques, le film a notamment été réalisé à l’église de Saint-Eustache, à Sainte-Agathe, à Mirabel, à Montréal et à Saint-Denis-sur-Richelieu, dans une ancienne école de rang ainsi qu’à la Maison nationale des Patriotes. « On voulait être pointilleux sur les décors, c’est pour ça qu’on a tourné dans des lieux historiques, afin d’éviter les anachronismes. Je pense à la Maison Saint-Gabriel, à Montréal, qui date de 1650! » souligne le réalisateur en entrevue avec L’Œil Régional.
Pour Mathieu Trottier-Kavanagh, ce film est profondément personnel. L’histoire des Patriotes lui tient à cœur depuis son adolescence. Au secondaire, après avoir été témoin d’un accident de scooter devant l’église de Saint-Eustache, il a attendu les secours en lisant les panneaux explicatifs installés devant l’église, découvrant ainsi pour la première fois l’existence des Patriotes et leur bataille. « J’ai tourné ce film pour nous remémorer leur sacrifice. Ils se sont battus pour le droit de parler français, de choisir leur religion et d’avoir leur propre nation », résume-t-il.
Avant de se lancer dans ce long métrage, le cinéaste avait réalisé un premier court métrage, Rébellion, mettant en vedette Réal Bossé. Cette première expérience lui a permis de démontrer son savoir-faire et de préparer le terrain pour Aux âmes patriotes.
Deux frères, deux sensibilités
Bien que campé dans des événements et des lieux historiques réels, le film demeure une fiction. Ce long métrage de deux heures met en scène deux frères fictifs, Charles (Raphaël Roberge) et Guillaume Beauchamps (Arthur Bussières Gallant), plongés dans les bouleversements de la fin du conflit de 1838-1839, notamment lors de la bataille de Sainte-Martine, le 3 novembre 1838, et du « massacre » d’Odelltown, six jours plus tard.
La création des frères Beauchamps offrait au réalisateur une liberté narrative, lui permettant d’illustrer plusieurs événements marquants de la rébellion, ce qui aurait été difficile à faire avec un personnage historique comme Louis-Joseph Papineau, par exemple, qui n’a pas été présent dans les deux conflits. Les deux frères offrent aussi des visions différentes du conflit : l’un souhaite prendre les armes, l’autre privilégie une solution moins violente pour permettre aux Canadiens français de s’affranchir. « Ça montre le déchirement au sein d’une même famille. Ça montre aussi que, même aujourd’hui, près de 200 ans plus tard, ce débat est toujours d’actualité », souligne le réalisateur.
Le film met également en vedette le comédien Stéphane E. Roy, de Belœil, dans le rôle de Chevalier de Lorimier. La scène de sa pendaison est l’un des moments forts du film, selon le cinéaste, et elle a particulièrement marqué le public lors de la première. « Stéphane a été très impliqué dans le film. Il m’a aussi aidé à trouver des acteurs pour plusieurs rôles. Il a mis tout son talent théâtral dans la scène de la pendaison. C’est un excellent comédien. »
Notons également les performances de Stéphane Crête (Dr James Perrigo) et du vétéran Yves Corbeil, qui incarne un Louis-Joseph Papineau livrant un discours poignant, souligne le réalisateur. « J’étais très stressé de tourner avec lui. Sa présence était palpable sur le plateau, mais il a offert une superbe performance et il a adoré travailler sur le film », raconte Mathieu Trottier-Kavanagh.
Enfin, mentionnons la participation de Mike Paterson, humoriste aperçu dans Prey, qui interprète avec « brio » le Lieutenant Richard Vannatyne, le vilain » de l’histoire, ajoute le cinéaste.
Réalisé grâce au sociofinancement
Aux âmes patriotes a vu le jour grâce au sociofinancement, permettant d’amasser environ 91 000 $ pour tourner le film, qui a déjà remporté une dizaine de prix dans différents festivals.
Mathieu Trottier-Kavanagh souligne que son film n’avait pas reçu de subventions de Téléfilm Canada ni de la SODEC. Il estime que le choix du thème, centré sur les Patriotes, pourrait expliquer en partie ce refus. Il évoque en exemple 15 février 1839 de Pierre Falardeau, mettant en vedette Luc Picard, qui n’avait lui non plus pas été subventionné à l’époque.
Le prochain projet du réalisateur, Prolongation, un film sur le hockey sur luge, semble toutefois en meilleure position pour obtenir du financement, dit-il, et des rencontres sont prévues avec des intervenants du milieu.