1 février 2023 - 07:00
Mont-Saint-Hilaire
Les élus dénoncent les comparaisons douteuses avec les dictatures
Par: Denis Bélanger
Les sept membres du conseil municipal de Mont-Saint-Hilaire ont cosigné une lettre pour faire appel à la sérénité dans les débats publics. Ils dénoncent du même coup les comparaisons faites sur les médias sociaux entre Mont-Saint-Hilaire et plusieurs régimes autoritaires.
Les élus ont été habitués depuis leur entrée en poste à voir ce genre de commentaires et se sont fait une certaine carapace. « Habituellement, nous faisons peu de cas de telles critiques. Peut-être parce qu’elles sont devenues monnaie courante et que nous avons tendance à tort à les banaliser. Souvent, les commentaires sur les réseaux sociaux ne rendent pas compte de tous les faits et contraintes légales associées aux décisions que nous devons prendre », peut-on lire dans la lettre envoyée directement à L’Œil Régional.
L’intervention écrite d’une citoyenne d’origine afghane lors de la séance ordinaire du 9 janvier a toutefois saisi les élus. La femme a dénoncé le fait que certains membres de l’Association des citoyens de Mont-Saint-Hilaire (ACMSH) « établissaient des comparaisons douteuses entre des décisions récentes du conseil relatives à la protection de l’environnement et le sort réservé aux femmes victimes d’atrocités et de cruauté par le régime taliban ». Le président de l’ACMSH, Pierre Nault, avait par la suite assuré que ses membres n’avaient rien fait de tel et qu’il s’agissait d’une interprétation faite par la citoyenne.
Les élus hilairemontais ont néanmoins tenu à réagir. Notons qu’ils ne pointent personne ni d’organisation dans leur lettre. « Nous dénonçons publiquement ces propos inacceptables pour que chacun d’entre nous contribue à y mettre un frein, par respect pour toutes ces personnes forcées de fuir de véritables régimes dictatoriaux et tyranniques. […] Nous croyons à des échanges civilisés et respectueux dans nos débats. Chacun peut exercer son esprit critique, tout en sachant reconnaître que nous vivons dans un environnement hautement privilégié en comparaison avec bien d’autres endroits dans le monde. »
Un deuxième cri du cœur
Ce n’est pas la première fois que le maire Marc-André Guertin signe une lettre d’opinion pour lancer un appel à la dignité et au respect dans le débat public. Sa première missive était survenue quelques semaines après que l’ancienne candidate aux élections municipales Martine Renaud avait demandé au nom de plusieurs citoyens la démission du directeur général Daniel-Éric St-Onge. Elle reprochait notamment au DG d’avoir fait preuve de mépris et d’avoir manqué de transparence dans le dossier du développement résidentiel situé derrière les Résidences Soleil.
À la suite de cette séance, l’ancien maire Yves Corriveau avait contacté L’Œil Régional et avait aussi critiqué M. St-Onge, l’accusant entre autres d’abus de pouvoir dans les deux dernières années de son mandat. M. Guertin avait jugé bon d’écrire dans une lettre que M. Corriveau « jouait un jeu politique dangereux et même potentiellement diffamatoire ». Il avait aussi déploré que la frustration des citoyens dans certains dossiers dépasse les bornes et « se transforme ainsi en attaques personnelles et en vendetta à l’endroit d’employés de la Ville ».
La lettre intégrale :
– Lettre ouverte signée par le conseil municipal de Mont-Saint-Hilaire –
APPEL À PLUS DE SÉRÉNITÉ DANS NOS DÉBATS PUBLICS
Choisir de se lancer en politique, c’est accepter que nos faits et gestes soient épiés et critiqués. Cela fait partie du fonctionnement de nos démocraties. La liberté d’expression est un droit fondamental que nous sommes les premiers à défendre.
Depuis notre élection en novembre 2021, il ne se passe pas une semaine sans que notre administration soit critiquée par des citoyens. Souvent, les commentaires et attaques exprimés sur les réseaux sociaux sont virulents, allant même jusqu’à frôler l’intimidation. Pareil comportement s’observe aussi lors des séances du conseil municipal.
Récemment, une citoyenne de Mont-Saint-Hilaire, d’origine afghane, nous a interpellés pour dénoncer certains propos tenus sur les réseaux sociaux. Des personnes établissaient des comparaisons douteuses entre des décisions récentes du Conseil, notamment relatives à la protection de l’environnement et le sort réservé aux femmes victimes d’atrocités et de cruauté par le régime taliban.
La résidente afghane, arrivée au Canada il y a quelques années avec son conjoint et leurs enfants dans le cadre d’un programme humanitaire, s’est dite outrée par la comparaison que certains citoyens établissaient entre ces enjeux et les atteintes aux droits fondamentaux des femmes de son pays d’origine.
Habituellement, nous faisons peu de cas de telles critiques. Peut-être parce qu’elles sont devenues monnaie courante et que nous avons tendance (à tort) à les banaliser. Souvent, les commentaires sur les réseaux sociaux ne rendent pas compte de tous les faits et contraintes légales associées aux décisions que nous devons prendre. L’intervention de cette citoyenne nous interpelle certes en tant que membres du conseil municipal, élus démocratiquement en 2021 par les électeurs de Mont-Saint-Hilaire, mais aussi en tant que personnes.
Nous croyons à des échanges civilisés et respectueux dans nos débats. Chacun peut exercer son esprit critique, tout en sachant reconnaître que nous vivons dans un environnement hautement privilégié en comparaison avec bien d’autres endroits dans le monde.
Nous dénonçons publiquement ces propos inacceptables pour que chacun d’entre nous contribue à y mettre un frein, par respect pour toutes ces personnes forcées de fuir de véritables régimes dictatoriaux et tyranniques.
Au-delà de cette dénonciation, nous tenons surtout à lancer un appel à plus de sérénité et de respect dans l’expression de nos divergences d’opinions, aussi légitimes soient-elles.