Selon le député de Pierre-Boucher–Les Patriotes–Verchères, Xavier Barsalou-Duval, Transports Canada a accepté que les élus apportent certaines modifications de dernière minute au règlement initial si ces dernières ne « dénaturaient pas la demande initiale » déposée auprès du Bureau nautique du Canada (BSN). Le député et les élus des quatre municipalités riveraines (Saint-Marc, Saint-Antoine, Saint-Denis et Saint-Charles-sur-Richelieu), qui avaient demandé en 2019 une nouvelle réglementation sur la rivière Richelieu, ne seront donc pas obligés de recommencer à zéro tout le processus réglementaire auprès du BSN.
Dans ce nouveau règlement présenté lundi, il est prévu que les plaisanciers puissent circuler à 50 km/h sur le tronçon ciblé, mais ils devront limiter leur vitesse à 10 km/h à moins de 50 mètres d’une berge. Ils devront aussi circuler à 10 km/h près des îles Jeannottes et aux Cerfs (l’habitat naturel du chevalier cuivré, à Saint-Charles-sur-Richelieu) et près des noyaux villageois. Le wakeboard sera permis seulement dans les zones de 50 km/h, mais sera toutefois interdit de 11 h à 17 h la fin de semaine pour une question de sécurité et de cohabitation avec les amateurs de sports nautiques non motorisés. M. Barsalou-Duval souligne que la vitesse de 50 km/h a été choisie car, à cette vitesse, les bateaux font moins de vagues qu’à 30 ou 40 km/h, puisqu’ils sont plus en surface.
Malgré ce compromis, M. Barsalou-Duval pense que le nouveau règlement respecte l’esprit du règlement initial en sa qualité de mieux protéger les berges, de protéger l’habitat naturel du chevalier cuivré, de permettre une meilleure cohabitation sur la rivière et aussi d’améliorer la qualité de l’eau.
Les élus municipaux doivent donc adopter cette nouvelle ébauche de règlement d’ici Noël. Si les quatre municipalités vont de l’avant, le règlement pourrait entrer en vigueur, mais pas avant 2023, estime le député. Plusieurs autres étapes techniques sont à prévoir, notamment le dépôt d’un rapport auprès de Transports Canada concernant les derniers développements.
Rappelons qu’en 2019, Xavier Barsalou-Duval, en compagnie des quatre maires des municipalités concernées, avait déposé au BSN un rapport de 140 pages qui découlait d’une série de consultations publiques tenues en 2017 et d’une pétition de 500 noms qui demandait une série d’actions sur la rivière. Un comité, mis sur pied en cours de processus pour répondre aux questions du BSN, avait émis la recommandation de limiter à 10 km/h la vitesse sur la rivière sur le tronçon de 20 km qui borde les quatre municipalités. Cette limite de vitesse avait provoqué la grogne des propriétaires de marinas et de certains plaisanciers. En novembre dernier, devant le tollé, Transport Canada avait donc décidé de suspendre l’entrée en vigueur du règlement pour 2022 et de demander aux maires nouvellement élus des quatre municipalités de réitérer leur appui au règlement, dans sa forme initiale. C’est seulement le 25 novembre dernier que Transports Canada a permis aux élus de proposer une nouvelle ébauche de règlement.
Compromis
Le député Xavier Barsalou-Duval pense que le nouveau règlement ne fera pas l’unanimité ni auprès des opposants ni auprès des personnes en faveur d’une réglementation plus sévère. « Les deux groupes ne seront pas totalement satisfaits, mais je pense qu’il y a un gros bout de chemin de fait avec ce règlement. Je pense qu’il s’agit d’un progrès pour la rivière et ça me réjouit. On réussit à envoyer le message que c’est important de faire attention de ne pas naviguer trop près des berges, de faire attention aux zones écologiques et de permettre aux embarcations non motorisées d’avoir une place sur la rivière. »
Du côté des opposants, le propriétaire de la Marina St-Mathias, Patrick Picard, reconnaît la nécessité d’un règlement. Il souligne que le compromis est acceptable en bonne partie, mais il espère que les élus reculeront sur certains points, notamment à propos des heures pour le wakeboard la fin de semaine. Les amateurs aimeraient que la restriction s’applique seulement entre 13 h et 17 h.
Les marinas se disent toujours prêtes à mettre sur pied une « charte de la navigation responsable », signée par les plaisanciers, et qui devra être respectée sous peine d’une expulsion des marinas. Les propriétaires suggèrent aussi la création d’un fonds de protection du Richelieu et de mieux sensibiliser les plaisanciers par des brochures explicatives ou de la publicité.
Du côté des gens en faveur d’une réglementation plus draconienne pour protéger la rivière, le directeur de la Fondation Rivières, André Bélanger, était mitigé devant ce nouveau réglement. « Je dois applaudir le premier pas; un règlement, c’est mieux que pas de règlement. Et c’est une avancée, puisque c’est une première et la discussion porte enfin sur les rives et les espèces menacées. »
Et s’il applaudit la limite de 10 km/h appliquée à certains secteurs, le directeur rappelle que de pratiquer du wakeboard à moins de 300 m d’une berge a des effets néfastes. « [Les élus] ont voulu un accord, mais le wakeboard, c’est un compromis qui n’est pas acceptable. C’est de la capitulation ».
Il souhaite aussi que les mesures du règlement soient appliquées rapidement, dès le printemps prochain, avant l’entrée en vigueur du règlement.
Les grandes lignes du règlement
Limite de 10 km/h
-À moins de 50 mètres des berges;
-À partir du Camping Bellevue jusqu’à Thomas Marine;
-À partir de 500 m en amont de l’usine de traitement des eaux à Saint-Denis jusqu’à 300 m en aval de la traverse de Saint-Denis (comprend la prise d’eau potable de l’usine, les noyaux villageois de Saint-Antoine et de Saint-Denis ainsi que leurs quais et descentes de bateaux respectifs).
Limite de 50 km/h
-À partir de Thomas Marine jusqu’à l’Auberge Handfield;
-Aussi dans les zones non spécifiées.
Autres
-Interdiction des embarcations motorisées entre les îles Jeannotte et aux Cerfs;
-Sports nautiques non permis dans les zones à 10 km/h;
-Sports nautiques non permis les samedis et dimanches de 11 h à 17 h.