Sous contrat avec l’Ultimate Fighting Championship (UFC) depuis mai 2019, Jourdain a 12 combats derrière la cravate avec la plus importante organisation d’arts martiaux mixtes au monde et est classé 19e dans les 145 lb. Il est à plusieurs années d’un combat de championnat. « La moyenne d’âge des champions dans l’UFC est de 33 ans environ. Moi j’aurai cet âge que dans six ans et je ne serai probablement plus là. »

Charles Jourdain accepte déjà la possibilité de se retirer sans jamais avoir gagné un titre à l’UFC. Il veut éviter de prendre le combat de trop, et assure que tout l’or au monde ne pourrait lui faire changer d’idée.

« Outre des opportunités financières, un titre ne t’apporte rien. Ma philosophie est de faire de mon mieux. Si tu fais ça, tu peux être satisfait de toi-même. Les gens n’en ont rien à cirer que t’aies perdu un combat de championnat. Ils oublient vite l’exploit le lundi en allant travailler et faire l’épicerie. »

Ce discours est bien différent de l’époque où Jourdain combattait sur la scène locale pour l’organisation TKO. Il a déjà raconté être extrêmement nerveux avant son combat contre le vétéran Will Romero en juin 2017. C’est un autre combattant qui avait dû l’aider à se calmer. Il avait éventuellement triomphé ce soir-là.

Souvenons-nous aussi que quelques mois après ce combat, il subissait sa première défaite en carrière, et ce, au Centre Bell. En finale de ce gala, il avait été dominé par T.J. Laramie dans un combat pour la ceinture vacante des 145 lb de TKO. Au terme du duel, il avait le moral démoli.

« J’ai grandi depuis. Je suis devenu stoïque en faisant plusieurs lectures. J’ai lu des mangas japonais qui reflètent une culture axée sur les choses traditionnelles. Je lis aussi présentement Machiavel, qui est quelque chose à digérer sur le plan de la lecture. Je m’inquiète peu sur ce que je ne contrôle pas, car ça ne me donne absolument rien. »

Un combat déterminant

La perspective de Charles Jourdain a changé à la suite de sa défaite par décision unanime subie le 3 septembre 2022 à Paris, en France, aux mains de l’Anglais Nathaniel Wood. Il s’agissait de la première fois de sa carrière où il encaissait deux défaites consécutives. Le Belœillois reconnaît avoir été dominé dans ce combat. « J’étais complètement dégommé. J’avais fait plusieurs coupes de poids dans les mois qui ont précédé le duel. J’aurais peut-être dû refuser, mais c’était historique. Il s’agissait du premier gala de l’UFC en France. Je n’étais pas bien, je vomissais entre autres. On ne m’a pas vu sur la place publique par la suite pendant plusieurs mois, j’avais besoin d’une pause. Le petit gars est mort à Paris, l’homme est ensuite né. »

Charles Jourdain applique sa nouvelle philosophie dans toutes les facettes de sa vie. Il était d’ailleurs très content pour son amie et combattante de Saint-Mathieu-de-Belœil Corinne Laframboise, qui a appris à quelques heures d’un combat qu’elle était enceinte. Elle devait se battre à la télévision dans un duel où un contrat avec l’UFC était en jeu. Charles Jourdain devait même l’accompagner dans son coin. « Elle craignait un peu notre réaction. Nous étions super contents pour elle. Je lui ai dit qu’on comprenait qu’une carrière n’était pas la seule chose qui compte dans une vie. »

Il entend rester aussi stoïque après sa carrière dans l’octogone. Il aimerait bien à sa retraite pouvoir partager sa vision et sa philosophie auprès des jeunes et du public en général.

« Je ne veux pas avoir de gym pour entraîner des combattants professionnels. Je veux aider les gens à avoir confiance en soi grâce aux arts martiaux mixtes. Quand tu as confiance en toi, tu dégages quelque chose qui fait en sorte que les gens ne viennent pas t’écœurer. On entend encore trop souvent des histoires d’intimidation à l’école. L’intimidation est causée par un manque de confiance en soi. Les bullies qui intimident sont des faibles qui ont besoin de se faire donner des coups de pied au cul. »

Son plus haut fait d’armes

Fier de son parcours jusqu’à maintenant, Charles Jourdain chérit plus particulièrement la victoire obtenue aux dépens de Kron Gracie le 13 juin dernier. « C’est quelque chose que je vais être fier de montrer et de raconter à mes futurs enfants. Kron fait partie d’une famille royale de sports de combat. Son oncle Royce est une légende de l’UFC et son père Rickson l’est encore plus au niveau du jiu-jitsu. C’est une fierté d’avoir vaincu un combattant avec un tel bagage familial. »

Prochain combat

Charles Jourdain s’est battu le 23 septembre à Las Vegas, où il a vaincu Ricardo Ramos grâce à une guillotine. Il ne s’attend pas à se battre d’ici la fin de l’année. Mais on pourrait le voir en action dès janvier à Toronto. À suivre.

Un avenir dans la lutte professionnelle?
La question mérite d’être posée à Charles Jourdain alors que l’Ultimate Fighting Championship (UFC) a complété il y a quelques semaines sa fusion avec le géant de la lutte professionnelle, la World Wrestling Entertainment (WWE).

Plusieurs combattants d’arts martiaux mixtes se sont tournés vers la lutte professionnelle, dont l’ancienne tête d’affiche de l’octogone Ronda Rousey. Des lutteurs ont aussi pris le chemin inverse. Certains amateurs de lutte doivent déjà rêver en lisant ces lignes de voir Jourdain interagir avec les deux vedettes québécoises de la WWE Samy Zayn et Kevin Owens.

L’athlète de 27 ans ne donne pas de non catégorique, mais se permet une touche de plaisanterie. « Pourquoi pas? Ça pourrait être drôle. Les gens aiment aller au cirque. Moi aussi j’aime le cirque. Les gens ne sont pas dupes, ils savent que c’est du théâtre. Si vous me voyez là, ça ne sera pas le samouraï. Mais j’aurais un beau costume. C’est une forme de spectacle avec des cascades, pas de vrais combats. »

Rappelons que les propriétaires de l’UFC, Endeavour, ont fait l’acquisition de 51 % de la WWE. Les deux propriétés sportives sont regroupées sous l’entité corporative TKO, mais continueront d’être gérées séparément au quotidien.

De son côté, Charles Jourdain affirme ne pas avoir vu de changement dans l’organisation depuis que la transaction a été finalisée. « Je ne sens pas que ça fait une différence. De plus, je ne suis pas inquiet d’être victime d’une restructuration financière. Les gens de l’UFC savent ce que je peux donner. Il y a d’autres combattants qui ont toutefois à être plus inquiets. »