28 juin 2023 - 07:01
Vallée-du-Richelieu
Les habitations à loyer modique ont besoin d’amour
Par: Denis Bélanger
Les deux bâtiments de HLM de la rue Pineault attendent d’être rénovés depuis dix ans.
Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

Les deux bâtiments de HLM de la rue Pineault attendent d’être rénovés depuis dix ans. Photo François Larivière | L’Œil Régional ©

Selon la Société d’habitation du Québec (SHQ), 73% des habitations à loyer modique (HLM) de l’Office régional d’habitation de la Vallée-du-Richelieu (ORHVR) étaient dans un mauvais état en début d’année. Les gestionnaires de l’Office assurent que l’insalubrité n’est pas en cause.

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Sur les 435 logements de l’ORHVR, 318 étaient considérés comme étant en mauvais état au 1er janvier dernier. Notons que les HLM de l’Office sont répartis dans 17 immeubles situés à Belœil, Mont-Saint-Hilaire, McMasterville, Otterburn Park, Saint-Basile-le-Grand et Saint-Jean-Baptiste. Le montant estimé des travaux au printemps pour remettre en ordre tous les logements s’élevait à 5,8 M$. « Ça va probablement coûter plus cher que ça », indique le président de l’ORHVR et maire de Mont-Saint-Hilaire, Marc-André Guertin.
Ce dernier explique que les différents logements ont une mauvaise cote, car ils ne sont simplement pas aux normes. « Il n’est pas question de toit qui coule. On parle entre autres de plomberie et de filage électrique. Il y a présentement des travaux en cours sur les balcons, car ils ont une pente inversée et ça entraîne ainsi une dégradation accélérée de l’enveloppe extérieure du bâtiment en question. Notons que la plupart de nos bâtiments ont maintenant des îlots de fraîcheur. Nous avons de plus ordonné récemment des travaux pour quatre immeubles. »

Les logements de la rue Pineault
Dans le lot des logements en mauvais état sur le territoire de la Vallée-du-Richelieu, on retrouve ceux des 375 et 385, rue Pineault, qui ne sont pas entièrement occupés. Le 375 compte 18 unités vacantes sur 23, tandis que le 385 en possède 15 de vides sur 22.
« Nous parlons ici de travaux majeurs, notamment au niveau de la plomberie et de l’électricité. Il faut pratiquement stripper l’intérieur pour repartir à neuf », ajoute Marc-André Guertin.

L’élu ne peut donner d’échéancier précis. « Tous les partenaires connaissent notre obsession pour rénover ces bâtiments, d’autant plus que c’est pour des familles. Nous sommes en processus d’actualiser les demandes d’estimation de coût. Nous sommes très confiants alors que nous avons une belle collaboration avec les autres instances.»

La rénovation de ces deux bâtiments, ainsi que celle du 365, rue Pineault, avait pourtant été annoncée en 2013 et les travaux devaient s’échelonner jusqu’en 2017. Seulement la rénovation du 365 a été complétée pour pouvoir accueillir 22 familles. Le dossier avait été ardu alors que le chantier avait été arrêté en 2015 dans l’attente d’obtenir des fonds supplémentaires.

Devant le peu de progrès pour les deux autres bâtiments, la Ville de Mont-Saint-Hilaire avait décidé en 2019 de mettre sur pause l’idée d’une fusion des offices d’habitation en raison du manque d’information sur l’avenir des bâtisses. La Municipalité a par la suite accepté de renouer avec le projet de regroupement qui s’est concrétisé en 2021.

« Les rouages sont lourds pour de tels projets. Ajoutez l’explosion des coûts et la pénurie de main-d’œuvre; les prix sont plus élevés que l’estimation et on se retrouve ainsi à la case départ », explique Marc-André Guertin.

Une situation pas unique à la région
L’ORHVR n’est pas le seul organisme à avoir plus de logements en mauvais état. Selon le plus récent bilan de santé des habitations réalisé de la SHQ diffusé le printemps dernier, 41 % des HLM des 13 offices d’habitation de la Montérégie étaient en mauvais état. Seuls les offices de la MRC du Roussillon (76 %) et de la municipalité de Saint-Urbain (100 %) ont un pourcentage plus élevé. Notons que ce sont les offices de Beauharnois (14 %) et des Maskoutains et d’Acton (16 %) qui ont un pourcentage plus bas. Ce sont les offices du Roussillon (9,08 M$) et de l’agglomération de Longueuil (8,08 M$) qui ont le plus d’investissements à faire pour tout remettre à point. Notons que Longueuil a seulement 28 % de logements en mauvais état, mais sur une offre de 2103 logements.

Dans le territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), c’est 70 % des HLM qui sont en mauvais état. Selon Robert Pilon, coordonnateur de la Fédération des locataires d’HLM du Québec, « cette situation inacceptable n’est pas due à la négligence des offices, mais plutôt au sous-financement des travaux de rénovation dans plusieurs régions du Québec. La SHQ a réduit ses investissements dans la rénovation des HLM. Ceux-ci sont passés d’une moyenne annuelle de 352 M$ de 2015 à 2019 à 281 M$ de 2019 à 2022 ».

À quand des nouveaux HLM ?
On ignore quand le parc immobilier de l’ORHVR sera agrandi, alors que le maire Marc-André Guertin ne fait que confirmer le sujet à l’agenda. Il ajoute que plusieurs élus se sont regroupés pour échanger sérieusement sur les façons de faire du logement social. « Nous étudions plusieurs scénarios, certains impliquent la SHQ, d’autres non. »
M. Guertin a aussi écarté la possibilité d’avoir des logements sociaux au Manoir Rouville-Campbell, maintenant la propriété de Mont-Saint-Hilaire. « D’autres endroits à Mont-Saint-Hilaire sont néanmoins envisagés pour du logement social. »

Un besoin criant
Le nombre de personnes inscrites sur la liste d’attente pour un logement auprès de l’ORVHR est de 205. « Il faut toutefois faire attention au chiffre, car on y compte des gens qui sont déjà en installation dans d’autres ensembles immobiliers de l’ORHVR qui souhaitent changer de logement », tient à préciser la directrice générale de la MRC de La Vallée-du-Richelieu, Evelyne D’Avignon.
Le besoin de logement communautaire est criant partout sur le territoire de la CMM. La part des nouveaux logements sociaux et communautaires dans l’ensemble des nouveaux logements construits n’a jamais été aussi basse qu’au cours des quatre dernières années (2,7 %). L’offre de logements sociaux et communautaires ne représente d’ailleurs que 4,1 % du parc de logements. Rappelons que la CMM estime nécessaire de construire au moins 3000 logements sociaux et communautaires par année pendant 10 ans pour répondre aux besoins des ménages plus défavorisés et des personnes ayant des besoins particuliers.

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