16 novembre 2020 - 08:20
Les listes d’attente pour les troubles mentaux diminuent de 25 %
Par: Sarah-Eve Charland

Les personnes qui en ont besoin peuvent contacter l’Accueil psychosocial du CLSC des Patriotes au 450 536-2572. Photo Pixabay

D’un côté, les listes d’attente dans les services pour les troubles mentaux ont diminué de 25 % l’année dernière. De l’autre, le gouvernement du Québec a annoncé un investissement de près de 125 M$ pour les services aux troubles mentaux, un investissement dont la mise en place est redoutée par le syndicat.

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Dans le cadre du Programme québécois sur les troubles mentaux : des autosoins à la psychothérapie (PQPTM), le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Est a reçu des sommes d’argent permettant d’embaucher des ressources pour augmenter l’accès aux services, de rehausser des équipes en santé mentale et de mettre en place une équipe de proximité qui œuvre dans la rue auprès d’une clientèle aux prises avec des problématiques de santé mentale. Ces actions ont permis de réduire de 25 % la liste d’attente au 31 mars 2020 pour l’ensemble du territoire du CISSS. La présidente-directrice générale du CISSS, Louise Potvin, a annoncé cette baisse au moment de dévoiler le rapport annuel.

Selon le représentant de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), Joël Bélanger, le nombre de visites en CLSC n’a pas augmenté cet automne comparativement à l’année précédente. « Si on regarde novembre cette année à novembre l’année dernière, le nombre de visites est sensiblement pareil. Mais quand les gens se présentent à l’accueil psychosocial, ils sont plus poqués. Ils ont attendu trop longtemps avant de demander de l’aide. »

Des investissements à coup de millions

Le 28 octobre, le gouvernement du Québec a annoncé 25 M$ pour aider les jeunes en santé mentale. Cet investissement vise à améliorer la santé émotionnelle des jeunes par la diminution de la détresse psychologique ou encore de symptômes associés à un trouble mental.

« On est très contents puisqu’on s’aperçoit que la pandémie a des effets négatifs difficiles tant chez les personnes qui sont résidents dans nos ressources d’hébergement que pour les proches aidants et également pour les personnes dans la communauté. […] C’est tout à fait pertinent. Il y a lieu de se réjouir », poursuit la PDG du CISSS, Louise Potvin, qui n’est pas en mesure de dévoiler les montants qui reviendront au CISSS.

Une semaine plus tard, le gouvernement du Québec a annoncé avoir ajouté 100 M$ en santé mentale au lendemain du drame où un homme a agressé sept personnes, dont deux sont décédées de leurs blessures.

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a affirmé vouloir miser sur le PQPTM. Le programme vise l’ensemble des jeunes et des adultes aux prises avec des difficultés de santé mentale, dès l’apparition des premiers signes d’anxiété et de dépression. Des interventions en étape sont offertes, comme des autosoins ou des interventions plus spécifiques, selon le degré de sévérité des difficultés que vit la personne. L’autosoin fait référence à ce qu’une personne peut faire elle-même pour se sortir de sa détresse tout en étant accompagnée par un intervenant.

La représentante politique de l’APTS, Émilie Charbonneau, souligne que les employés appréhendent la mise en place du programme. « Selon nous, ce n’est pas une mesure attrayante pour les membres qui veulent exercer en toute autonomie. C’est une approche très dirigée, qui est à court terme afin de s’assurer d’avoir un maximum de gens qui sont vus dans une approche ciblée. […] Ça peut être une approche qui fonctionne pour certains. Ce qu’on aime moins, c’est de miser là-dessus pour que ça prenne moins de temps aux intervenants. »

Mme Charbonneau croit que le CISSS doit revoir l’ensemble de son organisation afin d’assurer une rétention de personnel. La création de postes au CISSS ne fait qu’entraîner un déplacement de personnel d’un secteur à un autre. « Monsieur et madame Tout-le-monde, chez eux, n’ont pas plus de services. On déplace le problème », a souligné son collègue, Joël Bélanger.

La santé mentale au cœur de l’actualité

Mme Charbonneau a commenté le drame qui s’est déroulé le soir de l’Halloween à Québec. « Des drames comme ça, comme travailleuse sociale, j’en ai arrêté plus d’un. Là, c’est très médiatisé, mais la majorité de nos intervenants voient des grands drames toutes les semaines. Ça fait longtemps qu’on dit que la santé mentale est sous-financée. Le drame humain, c’est le pain quotidien de nos intervenants. On sauve des vies au quotidien et ce n’est pas reconnu. L’événement de Québec, ça vient mettre en lumière certaines lacunes d’un filet social. »

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