11 juin 2024 - 05:00
Les maires de la région dénoncent une hausse inéquitable de la taxe sur l’immatriculation
Par: Denis Bélanger
Chaque propriétaire de voiture de la CMM devra payer 150 $ pour l’immatriculation dès 2025. Photothèque | L’Œil Régional

Chaque propriétaire de voiture de la CMM devra payer 150 $ pour l’immatriculation dès 2025. Photothèque | L’Œil Régional

Les maires des municipalités de la MRC de La Vallée-du-Richelieu sont contre l’augmentation fulgurante de la taxe à l’immatriculation sur le territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), votée le 30 mai dernier par l’organisme suprarégional.
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Instaurée en 2024 pour tout le Grand Montréal au montant de 59 $ par véhicule pour financer le transport collectif, cette taxe passera à 150 $ dès le premier janvier 2025. La CMM justifie cette hausse en évoquant notamment un manque à gagner de plus de 200 M$ et une réduction de la contribution du gouvernement du Québec. Les quatre représentants de la Rive-Sud à la CMM, dont le maire de Carignan et représentant de la MRC de La Vallée-du-Richelieu, ont voté contre la mesure. Rappelons que le conseil de la CMM compte 28 représentants. Notons que la taxe ne s’appliquera pas à quatre municipalités de la MRC, soit Saint-Antoine, Saint-Charles, Saint-Denis et Saint-Marc-sur-Richelieu puisqu’elles ne sont pas membres de la CMM.

Le maire de Saint-Basile-le-Grand, Yves Lessard, tient les propos les plus sévères qualifiant le système d’antidémocratique, car les élus ont peu de pouvoir de décision décisionnel en matière de transport. « Je reprendrais l’analogie que la ministre Guilbault a employée avec les fougères. Elle dit que chacun gère sa fougère à sa façon, mais on s’est fait imposer une fougère qu’est le REM. Il faut dépenser beaucoup de ressources pour l’arroser. En plus, le REM a complètement déstructuré nos circuits d’autobus pour nourrir la bête et ça prend plus de temps aux gens maintenant pour se rendre au centre-ville. »

La mairesse de Belœil Nadine Viau enchaîne en déplorant le fait que les villes n’auront même pas accès aux fonds découlant de cette nouvelle taxe. « Celle-ci servira uniquement à éponger les déficits, sans aucune amélioration du service en retour. Au final, on demande aux citoyens de payer plus, sans obtenir d’avantages en contrepartie. C’est un illogisme. »

Le maire de McMasterville, Martin Dulac, ne s’explique pas l’empressement d’adopter cette hausse de taxe alors que les audits des sociétés de transport ne sont pas déposés. « D’autres alternatives plus équitables sont possibles pour combler le déficit financier », ajoute de son côté la mairesse d’Otterburn Park, Mélanie Villeneuve.

Les maires de la région ne remettent toutefois pas en cause la pertinence de leur ville de faire partie de la CMM. « La question du transport en commun souligne plutôt la nécessité d’une coordination métropolitaine. En effet, nos décisions en matière d’aménagement du territoire ont été influencées par notre attachement à la nature et par des considérations relatives au transport en commun », fait remarquer le maire de Mont-Saint-Hilaire, Marc-André Guertin.

L’Œil Régional a également essayé d’obtenir des commentaires de la part du maire de Saint-Mathieu-de-Belœil, Normand Teasdale, ainsi que de la préfète de la MRC et mairesse de Saint-Jean-Baptiste, Marilyn Nadeau, mais ils n’avaient pas donné suite à la demande du journaliste au moment de mettre sous presse.

Réactions diverses

Plusieurs citoyens ont fait part de leurs inquiétudes lors des dernières séances de conseil municipal de plusieurs villes, dont l’ancienne conseillère municipale de Mont-Saint-Hilaire Brigitte Minier. « Cela va pénaliser les citoyens, surtout les familles monoparentales, les gens aux revenus moyens, les personnes retraitées et les jeunes, qui bien souvent ne prennent pas les transports pour cause, car il y en a très peu et les heures ne sont pas évidentes ni simples. »

Pour sa part, la Chambre de commerce et d’industrie Vallée-du-Richelieu (CCIVR) va prendre d’abord le pouls auprès de ses membres afin de constater l’impact qu’il pourrait y avoir. « En tant que chambre de commerce, nous avons pour mission d’accompagner les entrepreneurs dans les différents enjeux et c’est ce que nous ferons », déclare la présidente-directrice générale, Julie La Rochelle.

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