Elite Technologies a vu le jour pour corriger les imperfections laissées par l’aiguisage traditionnel de patins fait à la main. L’entreprise a développé un profileur pour établir la géométrie appropriée de la lame d’un joueur de hockey ainsi qu’un aiguiseur automatisé qui permet de préserver le profil de la lame.
« Un seul aiguisage manuel déforme de façon dramatique le profil de la lame. Le joueur de hockey ne peut pas s’habituer à ses lames; il doit constamment s’adapter. Notre aiguiseur permet de faire la lecture du profil de la lame et d’enlever la bonne quantité de matière », explique le directeur d’ingénierie Louis-Philippe Ménard.
Pour son fils d’abord
L’entreprise est née dans un atelier du chemin Bernard-Pilon en 2008 sous le nom d’Aiguisage Elite. Son fondateur est Denis Proulx, un spécialiste de la conception de systèmes d’automatisation, et aussi père d’un hockeyeur talentueux. Frustré que son fils Gabriel ne puisse pas obtenir deux aiguisages décents d’affilée, il décide d’entamer la conception d’un prototype.
M. Proulx a eu l’aide et les commentaires du Canadien de Montréal pour ajuster et concevoir son équipement. À cette même époque, en 2013, il a été mis en contact avec Brian Baxter, aujourd’hui président d’Élite Technologies. M. Baxter était un homme d’affaires à la recherche d’un nouveau projet et un passionné de hockey. Il est d’ailleurs actionnaire minoritaire du Tricolore et cousin de Geoff Molson, le propriétaire de l’équipe.
« Je venais de vendre une de mes compagnies et un avocat en brevets m’avait demandé si j’étais encore impliqué dans le hockey. Je suis alors descendu à Saint-Mathieu-de-Belœil, près des champs. Au début, je pensais m’être perdu », se rappelle M. Baxter, qui a décidé d’investir dans la vision de Denis Proulx.
Le Canadien a acheté les équipements d’Élite Technologies vers 2016. D’autres formations de la LNH ont emboîté le pas, dont l’Avalanche du Colorado, les Sharks de San Jose et les Maple Leafs de Toronto, pour n’en nommer que quelques-unes. L’entreprise compte aussi des clients dans la Ligue américaine de hockey, dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec et dans le réseau universitaire américain NCAA. Des joueurs professionnels envoient même leurs lames à l’atelier de Saint-Mathieu-de-Belœil. « Anthony Mantha (Washington), alors qu’il était avec les Red Wings de Detroit, nous avait demandé de vérifier une lame en particulier. Il avait eu un aiguisage à la main et il avait senti immédiatement que quelque chose n’allait pas », confie M. Baxter.
À son siège social, l’entreprise a aussi une boutique accessible au public qui souhaite faire aiguiser ses patins. Plusieurs organisations scolaires et de hockey mineur confient leurs patins au soin de l’aiguiseur automatisé. « Notre pro shop est même un laboratoire pour nous », mentionne Louis-Philippe Ménard.
L’entreprise aimerait percer le marché international, notamment en Europe où l’on trouve plusieurs autres circuits de hockey professionnel. « C’est la prochaine étape. Nous avons commencé localement. Puis, nous nous sommes ouverts sur l’Amérique du Nord. Ça s’en vient », lance M. Ménard.
Une expertise avant tout
Élite Technologies a aussi déployé ses machines dans les magasins Sports Rousseau de la région métropolitaine. Un partenariat a également été conclu avec un autre détaillant d’articles de sport pour le nouvel amphithéâtre des Olympiques de Gatineau. Si les équipements d’Élite Technologies se multiplient, il est hors de question pour l’entreprise de les implanter dans tous les arénas de la province.
« Ce n’est pas une machine où on met de la monnaie pour la faire fonctionner. Il y a une expertise qui vient avec les équipements pour s’assurer du bon résultat. Le technicien doit être capable de trouver le bon profil de la lame. C’est plus difficile à appliquer dans un contexte d’aréna », fait remarquer Louis-Philippe Ménard.
D’autres avenues
Les technologies de l’entreprise sont également appropriées pour le patinage artistique.
Élite Technologies a toutefois encore du travail à faire pour percer ce marché. « C’est encore relativement peu connu. Notre machine à aiguiser détecte automatiquement les dents et le talon pour ainsi préserver le profil de la lame », explique Louis-Philippe Ménard. « L’été dernier, nous avons reçu la visite de l’ancien champion du monde Elvis Stojko. Pendant toute sa carrière, il cherchait la forme parfaite pour ses patins. Quand il la trouvait, il la perdait après deux aiguisages à la main. Il s’était montré excité par nos technologies », renchérit Brian Baxter.
Elite Technologies laisse toutefois de côté le profilage et l’aiguisage des lames utilisées pour le patinage de vitesse sur courte et longue piste. « C’est complètement différent. Les lames sont plus minces et longues. Elles sont aussi moins manœuvrables, car le patineur ne fait que chevaucher un pied devant l’autre. Au hockey et au patinage artistique, il faut faire plusieurs mouvements et aller dans plusieurs directions », enchaîne M. Ménard.